Troisième voyage
Éphèse
Actes 19.1/12
Paul en ville d’Éphèse, rencontra quelques frères,
De leur commune foi ensemble discutèrent :
« Avez-vous, leur dit-il, reçu le Saint-Esprit
Lorsque vous avez cru ? – Nous voilà bien surpris
De t’entendre annoncer une parole telle
Car à n’en point douter, par notre foi réelle,
Jamais aucun pasteur ne nous a fait savoir
Qu’il nous aurait fallu cet Esprit recevoir,
Que si nous ne voulons tomber en anathème,
Nous aurions dû plonger en un autre baptême,
Car c’est de Jean lui-même que nous l’avons reçu
Et s’il ne sauve pas, nous voilà bien déçus.
– Le baptême de Jean signe la repentance,
Il est le premier pas de votre renaissance.
Il annonce celui qui donne le salut,
Soyez donc baptisés dans le nom de Jésus. »
Paul imposa les mains aux hommes en prière,
L’Esprit tomba sur eux, des langues étrangères
Jaillirent de leur bouche, chacun prophétisait,
Glorifiant le Ciel pour ses merveilleux faits.
Paul, deux années durant, demeura dans la ville,
Il annonçait partout le divin Évangile.
Le noble Tyrannus y prêtait son concours
Et Paul à son école enseignait chaque jour.
Judéens et Goïm écoutaient les oracles,
Prophéties inspirées, ils voyaient les miracles
Accomplis par ses mains, signes prodigieux,
Et ce peuple croyant et superstitieux
Lui faisait caresser écharpes et tuniques,
Afin de libérer du pouvoir satanique
Les sourds et les aveugles ainsi que les boiteux,
Et les malins esprits s’ensauvaient au loin d’eux.
Les fils de Scéva
Actes 19.13/22
Les sept fils de Scéva, tous éminents artistes
Exerçaient en ces temps leur talent d’exorcistes
Mais l’époque était dure et rare le succès.
Ils avaient fatigué tous leurs dieux à l’excès
Et les esprits mauvais en prenaient à leur aise.
Leur méthode pourtant n’était des plus mauvaises
Et c’est toujours ainsi qu’on chassait les démons,
Usant de son savoir et par vaux et par monts.
Comme ils observaient Paul exerçant sur la place,
Jugèrent ses moyens un peu plus efficaces.
Cet homme invoquait donc une divinité
Avérée bien utile à leur activité.
« Allons-y ! Nous avons vu comment Paul sait s’y prendre
Et nous avons l’honneur d’un métier à défendre
Mettons-nous à l’ouvrage et sans perdre un instant,
Nous avons nos outils, le démon nous attend. »
Comme de bons soldats, bien armés, nos sept frères
Affrontent l’ennemi, hardis et téméraires.
Les voici dans la lice, entrent dans la maison,
À cet esprit impur demandent des raisons.
« Au nom de Jésus-Christ, le fils de Dieu lui-même
Celui que prêche Paul, démon, être anathème,
Esprit, sors de cet homme sans te faire prier
Car au nom de Jésus nous allons te lier. »
Le bougre riposta par un éclat de rire.
« Croyez-vous, pauvres sots, détruire mon empire ?
Je sais bien qui est Paul et qui est le Seigneur.
Le nom du Fils de Dieu me glace de terreur,
Mais vous, qu’êtes-vous donc, vermisseaux misérables ?
Votre audace, messieurs, est vraiment admirable
Vous entrez en vainqueurs et voulez me chasser,
Je veux votre bravoure aussi récompenser. »
Et se jetant sur eux leur mit une raclée,
Une rossée puissante, une trempe musclée.
Les sept fils de Scéva blessés, meurtris et nus,
Et plus prompts à partir qu’ils s’en étaient venus
Fuirent cette maison sans honneur et sans gloire,
La défaite cruelle ancrée dans leur mémoire.
Partout on relatait le terrible incident,
On parlait chaque jour des frères imprudents
La rumeur s’étendait dans les rues de la ville
Et tous les Éphésiens, du maître au plus servile,
Demeuraient dans la crainte et l’admiration,
À Paul ils apportaient mille confessions,
De la sorcellerie avouant la pratique,
Ils mirent au bûcher tous leurs livres magiques.
Démétrius
Actes 19.23/40
Éphèse possédait un temple somptueux
Sanctuaire prisé des dieux impétueux
Sur son autel d’airain, Diane était adorée,
Perçant même les cieux de ses flèches dorées.
La ferveur des pieux permet à bien des gens
De faire de la foi mille sources d’argent.
Pour vendre aux voyageurs des bibelots futiles,
Démétrius a su se montrer fort habile.
Chaque jour au marché il récolte le fruit
Des temples argentés en modèle réduit.
À la déesse il voue une ferveur extrême
Plus encore à ses gains l’adoration suprême.
« Et si les Éphésiens jamais se détournaient,
Si la déesse alors tous les abandonnait,
Et si vers d’autres dieux le peuple se disperse,
Qu’adviendrait-il, hélas ! de mon petit commerce ? »
L’homme et ses ouvriers sortirent aussitôt
Dans les rues de la ville avec des écriteaux.
Argentiers et orfèvres aussi manifestèrent,
Joignant les voix du peuple à l’injuste colère ;
Les prélats de la ville et les hommes de rien
Criaient : « grande est la Diane, reine des Éphésiens ! »
Entraînant dans leurs flots Gaïus et Aristarque
Et quelques magistrats, même des asiarques.
D’émeutes et de fièvre immonde vision,
Tout n’était que désordre et que confusion.
Une commission d’urgence fut réglée ;
Certains Grecs réunis au sein de l’assemblée
Ne savaient pas pourquoi même ils étaient venus :
Discuter des statues de Diane ou de Vénus ?
Dans la foule Alexandre avançait à grand-peine,
Leva la main, voulut s’adresser aux Hellènes,
Un instant ils se turent à la voix de l’ancien
Mais sitôt qu’on apprit qu’il était judéen
Le tumulte gagna le peuple qui sans cesse
Vociféraient plus fort : « grande est notre déesse ! »
Le scribe, cependant, par d’imposants discours
Calma les insurgés avant la fin du jour.
Paul de nul sacrilège n’est déclaré coupable
Et n’a commis aucun blasphème abominable
Et si Démétrius, l’ombrageux joaillier,
Trouve lieu de se plaindre avec ses ouvriers,
Qu’auprès des proconsuls au jour de l’audience
Il aille déposer toutes ses doléances.
S’il n’amende aujourd’hui cette rébellion
Il encourt un procès pour insurrection.
Paul traversa de nouveau la mer Égée, après avoir encouragé les chrétiens d’Éphèse. Il fortifie par ses exhortations les églises qu’il a fondées en Grèce, où il reste trois mois. Sous la pression des juifs, il décide de faire demi-tour. Ses amis et collaborateurs Sopater, Aristarque, Second, Gaïus, Timothée, Tichique et Trophime l’attendent à Troas.
Eutychus
Actes 20.1/16
Les frères réunis invitent Paul de Tarse,
À célébrer le culte avecque ses comparses.
Point d’église en ce temps, de temple ou de clocher.
C’était dans les maisons qu’il nous fallait chercher.
On ne s’encombrait pas de sainte liturgie,
D’encens ni de ciboire, ni d’aube ni d’hostie
Dans une chambre haute ou bien dans un grenier
Le repas de la cène on tirait du panier
Plus saint ou plus instruit nul ne voulait paraître,
Ni pasteur ni clergé ne se croyaient le maître.
Des psaumes et des chœurs, on chante à pleine voix,
L’Esprit saint nous conduit dans l’amour et la foi.
C’est dans l’humilité que Christ enseigne à vivre.
Paul saisit un rouleau, déploya le saint livre
Parole du Seigneur, souffle de vie, d’espoir :
« Du prophète Esaïe nous parlerons ce soir. »
Chacun prêtre à l’apôtre une captive oreille,
Le soleil s’est enfui, Paul instruit, chacun veille
On passerait la nuit à l’écouter ainsi.
Au bord de la fenêtre Eutychus est assis
C’est un garçon tranquille et baigné d’indolence
Il cultive l’ennui de son adolescence
En équilibre, au sol il a posé le pied
L’autre jambe, au-dehors, tient lieu de balancier.
« Comme il est long, ce Paul ! soupirait le jeune homme.
Que ne puis-je, chez moi, me restaurer d’un somme ! »
Il observe la rue de son poste élevé.
Il s’endort, il bascule et choit sur le pavé.
Le bruit du corps brisé redresse l’auditoire,
Le front baigné de sang, il git dans la rue noire
Sur les marches abruptes on entend dévaler
À grand bruit sur le bois les frères affolés.
Sortant de leurs maisons, les citadins torpides
S’attroupent tout autour du cadavre rigide
Paul écoutant les cris de douleur, les sanglots
Descend jusqu’à la rue, écarte les badauds,
Mais le cœur inspiré d’espérance divine,
Il fléchit le genou et sa face il incline
Il saisit le jeune homme et le prend dans ses bras
Comme on prend un enfant, il dit : « Ne pleurez pas,
Ne soyez pas troublés, ne craignez pas qu’il meure
Car la vie est en lui et son âme demeure. »
Le saint homme tourna les regards vers les cieux
Eutychus, à l’instant ouvrit ses jeunes yeux,
Se joignit à l’église à nouveau réunie,
Paul retourne à la chaire, poursuit son homélie.
Et l’on rompit le pain, la coupe on partagea,
Avec eux le garçon but aussi et mangea
Et jusqu’au point du jour, et jusqu’à l’aube fraiche
Ils bénissent le Roi, ils adorent, Paul prêche.
Enfin, voici le temps de la séparation,
Paul poursuit son périple au milieu des nations
Fait voile pour Assos, et puis pour Mytilène
Et sur l’île de Chios il débarque sans peine
Le rivage d’Éphèse il double sans regret,
Il navigue à nouveau, fait escale à Milet.
Milet
Actes 20.17/38
Paul ayant visité l’église réunie,
Dit : « Depuis tant d’années j’ai parcouru l’Asie
Au nom de sa parole et de la vérité
J’ai servi le Seigneur en pleine humilité,
Au milieu des épreuves, sous le fouet, dans les peines,
Contre moi tous les juifs avaient forgé leurs chaînes.
Aux Grecs également sans crainte j’ai prêché,
Du message divin n’ai jamais rien caché
Enseignant sur les toits et criant sur les places
Les termes de la loi et le don de la grâce :
Qu’il fallait du péché d’abord se repentir,
S’engager pour Jésus, se lever pour servir.
Me voici, par l’Esprit, les chevilles liées
Je m’en vais à Sion, la conscience éveillée
Je m’en vais, ignorant ce qui m’arrivera
Je pars pour la Judée, le Vent me conduira.
Des tribulations jalonneront ma voie
Mais je veux accomplir cette course avec joie.
Je ne fais aucun cas de ma vie, de mon corps,
Mais je veux avec Dieu naviguer jusqu’au port
Et prêcher de Jésus l’excellente nouvelle
De son amour puissant, de sa grâce réelle.
Vous ne reverrez plus ma face, je le sais,
Nous ne marcherons plus ensemble, je m’en vais.
De Dieu j’ai dispensé le verbe avec droiture
Annoncé son conseil, prêché sans imposture.
À votre tour, prenez la houlette sans peur
Et paissez vos brebis en honnêtes pasteurs.
Bientôt s’introduiront dans votre bergerie
D’impitoyables loups dressés pour la tuerie,
Prédateurs sanguinaires, fauves aux crocs puissants,
Ennemis de la foi, cruels, ivres de sang.
Ces hommes séduiront les âmes bienheureuses,
Et les entraîneront dans des sectes trompeuses,
Sur les voies de l’erreur et la perdition
Veillez, ne perdez pas la sainte vision
Et songez à mes pleurs, et songez à mes larmes
Et contre l’hérésie tenez ferme vos armes.
C’est donc à l’Éternel qu’il faut vous confier,
Qui seul, par sa parole, vous peut édifier.
Je n’ai revendiqué de vous la moindre offrande,
Ni d’habits, ni d’argent, ni de lait, ni de viande
Car mes mains ont pourvu au pain de chaque jour
Dieu pourvoit au voyage aussi bien qu’au séjour
Et c’est par le travail, n’oubliez point, mes frères
Que vous pouvez aussi soulager la misère
Alors que vous donnez en secret dans le noir
Vous trouvez plus de joie même qu’à recevoir. »
Paul, cessant de parler, mit un genou à terre,
De larmes inondés, unis dans la prière,
Ils lui dirent adieu, chargés d’affliction,
Donnèrent l’accolade et la bénédiction,
Le menèrent au port et jusques au navire
Et ce fut l’heure ultime où nos frères le virent.
Tyr
Actes 21.1/7
Il fit voile pour Tyr, l’orgueilleuse cité
Dont un antique roi même osa discuter
L’honneur auquel Dieu seul a le droit de prétendre.
Les disciples de Christ étaient prêts à l’entendre.
Ils disaient : « Nous savons tous leurs intentions ;
Ils désirent ta mort, ne va pas à Sion ! »
Paul et ses compagnons, néanmoins se levèrent,
À genoux, sur la plage, unis dans la prière
Et conduits par l’Esprit, sans sermon ni discours,
Gagnèrent la Judée au terme de sept jours.
Agabus
Actes 21.8/14
Il parvint chez Philippe, entré dans Césarée,
Une chambre, une table y étaient préparées.
Ses quatre jeunes filles aussi prophétisaient.
Tandis qu’en ce foyer, l’homme se reposait,
Le prophète Agabus armé d’une ceinture
Lie ses pieds et ses mains et mime une capture.
« De mes façons d’agir ne parais pas surpris
Car voici ce que dit pour toi le Saint-Esprit :
Si tu vas à Sion, la cité meurtrière
Tes poings seront liés de la même manière,
Les juifs qui t’auront pris te vendront aux gentils,
Ne va pas en Judée, trop fort est le péril. »
Les disciples jetant les genoux contre terre
Poussèrent de grands cris, vers Dieu se lamentèrent.
Paul répond : « Mes amis, d’où vient donc tant de peur ?
À force de pleurer vous me brisez le cœur
Qu’à Hyéroushalahim on me prenne et me lie,
Pour le nom du Seigneur je donnerais ma vie. »
Quatrième transition
Arrivés à Jérusalem, Paul, Luc et Silas établissent leurs quartiers chez le Chypriote Mnason.
Après s’être imposé les règles de la loi israélite, Paul parait dans le temple, afin de démentir les rumeurs selon lesquelles il aurait renié Moïse, mais sa présence dans le sanctuaire provoque une sédition au cours de laquelle il manqua d’être tué.
Le tribun fait cesser l’émeute et arrêter Paul, celui-ci est mené à la forteresse.
Paul est cependant autorisé à parler au peuple. Il rend témoignage de ses origines, de sa rencontre avec Jésus-Christ et de son appel. Le peuple, xénophobe, l’écoute jusqu’au moment où il témoigne qu’il a été appelé à porter la Bonne Nouvelle aux Goïm.
Il s’ensuit un nouveau tumulte. Le tribun le fait enfermer dans la forteresse et décide de le faire flageller, mais Paul lui rappelle qu’il est citoyen romain et qu’on n’a pas le droit de lui donner le fouet. Le tribun se trouve dans l’embarras. Il lui fait enlever ses liens et le fait comparaître devant le Sanhédrin, mais cette intervention provoque de nouveaux désordres et Paul est de nouveau incarcéré. Dans la nuit, le Seigneur lui apparaît et lui dit :
« Prends courage ; car, de même que tu as rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes témoignage dans Rome. »
Paul est ensuite conduit à Césarée chez le gouverneur Félix. Il est de nouveau appelé à se justifier devant ses accusateurs.
Paul resta deux ans en prison à Césarée. Il dut encore comparaître devant le nouveau gouverneur Porcius Festus. Paul en appelle alors au jugement de l’Empereur.
Le roi Agrippa, en visite à Césarée, demande, lui aussi à parler avec Paul. Festus confesse au Roi qu’il est convaincu de l’innocence de Paul, mais qu’il ne peut le libérer puisqu’il en a appelé à César.
Paul plaide une nouvelle fois sa cause devant Agrippa.
« Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien ! conclut le Roi.
— Que ce soit bientôt ou que ce soit tard, plaise à Dieu que non seulement toi, mais encore tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, vous deveniez tels que je suis, à l’exception de ces liens ! » répond l’apôtre.
Agrippa est à son tour convaincu que Paul mérite d’être libéré, mais puisqu’il en a appelé à César, il devra comparaître à Rome, devant l’Empereur.
Créez votre propre site internet avec Webador