Pichon, Guihon, Euphrate et Hiddekel,
Quatre longues rivières aux ondes cristallines
Pures, profondes eaux de la grâce divine,
Magnifiques cadeaux du sculpteur Éternel,
Sur le Pays d’Eden et sur vos frais rivages,
Sous le ciel de saphir, à l’ombre des feuillages,
Ève et Adam se repaissaient de miel.

Mais le Serpent, rusé, fier et cruel
De son air mielleux, priant la jeune femme :
« Goûte-moi de ce fruit, c’est si bon pour ton âme. »
Eve lui répondit « Ce serait criminel.
Le Maître a tout donné des fruits de la nature,
Mais nous a défendu ces rouges grappes mures.
– Dieu t’a-t-il dit que ce fruit soit mortel ? »

Ainsi la femme et son homme charnel
Privés en un seul jour de la pure innocence
Virent où conduisait la désobéissance :
Un ange leur coupa le chemin vers le ciel.
Archange du Très-haut à l’épée enflammée.
Il leur fit oublier vos rives parfumées.
Pichon, Guihon ? Euphrate et Hiddekel,

Bientôt viendra le prince Emmanuel.
Du temple jaillira la source des eaux vives.
Des fruits délicieux muriront sur ses rives.
Telle est la vision du prophète Ézéchiel.
Ce paradis perdu par nos parents stupides
Enfin sera rendu près des fleuves limpides :
Pichon, Guihon ? Euphrate et Hiddekel,