Acte premier
Même décor
Scène première
PANKRATOV - GORENKO
La scène est vide au lever de rideau. Pankratov entre dans la cellule, conduit par Gorenko.
GORENKO
Voilà ta chambre d’hôtel, camarade. J’espère qu’elle sera à ton goût.
PANKRATOV
J’en ai connues de moins confortables.
GORENKO
Tu as raison. Ici, tu trouveras tout pour te faire plaisir : un bon lit pour dormir, une table pour manger, une chaise pour t’asseoir, et même une gamelle pour la soupe. D’ailleurs, je ne sais pas si on a le droit d’appeler ça de la soupe. Cent litres d’eau, un kilo de kartochka.[1]
PANKRATOV
Je n’en demandais pas tant.
GORENKO
Tes petits camarades sont partis casser les cailloux. Ils ne vont pas tarder à rentrer. Ce sont de gentils garçons, même s’ils n’ont pas toujours très bon caractère.
PANKRATOV
Le mien est plutôt conciliant.
GORENKO
Alors tant mieux pour toi. Tu t’entendras bien avec eux, mais tâche de ne pas trop les asticoter. Ce ne sont pas des refuzniki comme toi. Ils ont chacun deux ou trois meurtres sur leur curriculum vitæ.
PANKRATOV
Mon Dieu a protégé Daniel contre les lions. Il saura me protéger contre les hommes.
GORENKO
Dans ce cas, mon ami. Je te souhaite de bonnes vacances dans le Kazakhstan. À propos de ton Dieu, tu vas recevoir la visite de quelqu’un de très important dans ce camp. Il te posera quelques questions. De tes réponses dépendra ton avenir. Réfléchis bien à ce que tu vas lui dire. D’ailleurs, je l’entends qui vient.
(Andreïev apparaît dans le couloir, Gorenko l’introduit dans la cellule.)
Scène II
PANKRATOV - ANDREÏEV
ANDREÏEV
Vous êtes le camarade Pankratov, je suppose.
PANKRATOV
En personne.
ANDREÏEV
Sergueï Vassilievitch Andreïev, délégué aux cultes du KGB.
PANKRATOV
Enchanté.
ANDREÏEV
Laissez-nous seuls un moment, Gorenko. Cet individu-là n’est pas très dangereux.
(Exit Gorenko.)
Camarade Pankratov, j’aimerais profiter de l’absence de vos compagnons pour discuter avec vous. J’aurais pu vous convoquer dans mon bureau, mais je trouve qu’en restant ici, l’entretien sera moins formel et plus convivial.
PANKRATOV
Trop aimable.
ANDREÏEV
Je n’ai pas apporté votre dossier, mais je l’ai bien étudié. Vous êtes un détenu très intéressant.
PANKRATOV
Et vos compliments sont certainement très intéressés.
ANDREÏEV
Sans doute. Vous n’êtes pas à votre première condamnation.
PANKRATOV
Non.
ANDREÏEV
Vous avez déjà séjourné cinq ans dans un camp à régime sévère.
PANKRATOV
À Arkhangelsk.
ANDREÏEV
Pourrais-je savoir pour quel motif ?
PANKRATOV
Je croyais que vous aviez étudié mon dossier ?
ANDREÏEV
N’abusez pas de ma patience, et faites comme si je ne l’avais pas étudié. Je veux entendre de votre bouche le motif de votre condamnation.
PANKRATOV
J’ai baptisé une équipe de jeunes gens.
ANDREÏEV
Incroyable ! C’est pour cela que vous avez pris cinq ans ?
PANKRATOV
Assurément.
ANDREÏEV
Les lois soviétiques autorisent pourtant les pasteurs à baptiser les jeunes gens. À moins, évidemment que vous n’ayez pas respecté la procédure en vigueur.
PANKRATOV.
Il est probable que je n’aie pas respecté cette procédure.
ANDREÏEV
Ce n’est vraiment pas intelligent ! Et voyez où vous mène l’impatience. On vous demande seulement de ne pas vous précipiter, de laisser mûrir les choses, de laisser à vos amis le temps de réfléchir avant de s’engager.
PANKRATOV
En effet, ce n’est qu’une question de patience. Vos lois antichrétiennes imposent à tout un chacun d’attendre l’âge de vingt-cinq ans avant de postuler au baptême. Alors seulement, le pasteur doit adresser une demande au délégué aux cultes. Le KGB prend tout son temps pour étudier le dossier du candidat. Si le dossier est accepté, le jeune doit attendre la fin d’une période probatoire de plusieurs années avant de pouvoir être baptisé. C’est vrai, vos lois autorisent en théorie à baptiser des jeunes, mais dans la pratique, elles leur demandent d’abord de vieillir.
ANDREÏEV
Comme vous êtes injuste ! Cette procédure sert le bien de votre communauté. Elle vous évite de vous encombrer de croyants superficiels qui vous gêneraient par la suite.
PANKRATOV
Vous vous moquez ! Vous n’ignorez pas qu’une fois la période probatoire commencée, vos amis du KGB ne manqueront pas de harceler le candidat jusqu’à ce qu’il se décourage et qu’il renonce. C’est pourquoi les chrétiens véridiques ont décidé qu’il valait mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. La véritable église baptise qui elle veut, quand elle le veut, et selon la procédure qu’elle veut. Elle refuse de se laisser ficeler dans les entraves léninistes.
ANDREÏEV
Comme vous y allez ! Nous ne sommes pas des ennemis de la religion. Le camarade Oulianov aurait pu, s’il l’avait voulu, fermer toutes les églises et envoyer tous les croyants dans des camps de rééducation, mais il ne l’a pas fait. Il a montré de la compassion pour les pauvres niais qui s’accrochent vainement à un dieu illusoire. Il vous accorde le droit d’exister et de célébrer vos cultes en paix. Il vous a seulement imposé quelques légères contraintes : faire enregistrer vos communautés auprès des autorités et vous abstenir de catéchiser les enfants et de recruter les mineurs.
PANKRATOV
Le camarade Oulianov est un rusé. Sous une apparence de tolérance, il a voulu serrer l’Église dans un étau, serrer de plus en plus fort jusqu’à ce qu’elle éclate. Ainsi l’Église du Christ, privée de sang neuf, aurait disparu avec l’enterrement du dernier chrétien, et Lénine aurait réussi sa révolution.
ANDREÏEV
Je ne vous permets pas de critiquer Lénine. D’ailleurs, continuez comme ça et vous rempilez pour dix ans ! Donc, résumons-nous : vous avez baptisé des jeunes sans autorisation. Vous en avez pris pour cinq ans, que vous avez purgés à Arkhangelsk. Sitôt libéré, vous vous êtes de nouveau livré à vos activités fanatiques et antisociales. Malgré tous nos efforts pour vous rééduquer et faire de vous un citoyen honnête et responsable, vous avez récidivé. Et vous avez repris du service pour cinq nouvelles années. Vous me décevez beaucoup, camarade Pankratov. Et pourtant, je voudrais vous offrir une dernière chance.
PANKRATOV
Je suis touché par tant de bonté.
ANDREÏEV
Camarade Pankratov, vous êtes un jeune homme cultivé, intelligent, et si ce n’était votre amour pour les idées moyenâgeuses et obscurantistes, vous pourriez être un citoyen soviétique remarquable et respecté. Et c’est ce que nous voulons faire de vous. Nous ne sommes pas des brutes comme vous osez le prétendre. Et nous avons du respect pour la religion. Le camarade Karl Marx disait qu’elle est l’opium du peuple, mais l’opium n’est pas mauvais en lui-même : administré en dose calculée, il devient un médicament. Nous sommes favorables à la foi lorsqu’elle est dispensée avec mesure. Dans un tel cas, elle peut être utile à la nation. Mais nous ne pouvons accepter l’exubérance, l’excès et le fanatisme. Votre foi devient alors dangereuse. Nous ne pouvons pas tolérer non plus des individus qui, sous couvert de la religion, s’opposent à la nation et deviennent des renégats. Vous me suivez, camarade ?
PANKRATOV
Je vous suis, camarade Andreïev.
ANDREÏEV
Donc si vous me suivez, je ne vais pas tergiverser davantage. Voici ma proposition. J’ai le pouvoir de vous faire libérer dès maintenant. Il me suffit de vous faire un rapport favorable et demain vous sortez. Mais il faut que je trouve de la matière à remplir ce dossier. J’ai besoin d’un peu de bonne volonté de votre part.
PANKRATOV
Je vois très bien où vous voulez en venir. Ils m’ont fait le même coup à Arkhangelsk.
ANDREÏEV
Et, bien entendu, vous avez refusé de collaborer avec nous ! J’aime les hommes comme vous, opiniâtre comme un centurion, têtu comme un mulet, mais bête comme un âne. Avez-vous bien réfléchi à ce que vous gagneriez à œuvrer pour nous ?
PANKRATOV
J’ai eu cinq ans pour y réfléchir.
ANDREÏEV
Dans ce cas, vous avez réfléchi à loisir. On ne vous demande pas des choses extraordinaires. On ne vous demande pas de trahir votre Dieu comme l’a fait Judas. Vous me signez un document, je vous fais libérer. Vous retrouvez votre femme et vos enfants, ainsi que les jeunes que vous avez baptisés. Vous serez réinvesti dans votre charge de pasteur, vous pourrez prêcher tous les dimanches, organiser des réunions de prières, des études bibliques et même des colonies de vacances. Votre seule obligation, avouez que c’est bien peu de choses : vous devrez seulement inscrire votre communauté dans un registre d’état et rendre compte de vos activités au délégué aux cultes du parti de votre région. Est-ce que c’est si difficile ?
PANKRATOV
En acceptant cela, je laisse la porte de l’église ouverte pour que le pouvoir bolcheviste puisse connaître les chrétiens les plus actifs et les accabler de répressions. Et vous dites que cela ne s’appelle pas trahir les siens !
ANDREÏEV
Donc, vous refusez la liberté que je vous offre. Vous rejetez votre dernière chance de retrouver ceux que vous aimez. Ce goulag sera votre dernière demeure. Vous y mourrez, vous y serez enterré. Personne ne vous pleurera. Tous vous auront oublié.
PANKRATOV
J’ai survécu à cinq ans de bagne à Arkhangelsk, je survivrai à cinq autres années parmi vous.
ANDREÏEV
Vous vous trompez lourdement, mon cher ami. Souvenez-vous d’Arkhangelsk. Les prisonniers devaient construire une route à travers le pays samoyède. Cette route traversait des marais. En été l’humidité était insupportable. Vous étiez contraints de travailler le corps à moitié immergé dans l’eau croupissante. Beaucoup d’entre vous mouraient de bronchites ou de pneumonies. Quelquefois l’un des camions qui vous transportaient sur votre lieu de labeur versait, et les occupants enchaînés périssaient noyés. Chaque jour, nouveau départ pour le chantier, chaque jour, nouvelle angoisse : sera-ce moi cette fois ? Et en hiver, les marais étaient gelés, il fallait piocher dans un sol dur comme le roc. Vos gardiens étaient vêtus de parkas bien chauds, mais on ne vous donnait qu’un tricot de laine. Il fallait agiter les bras vigoureusement au travail pour ne pas s’effondrer dans la neige.
PANKRATOV
Ce tableau est bien réel. Vous semblez connaître parfaitement les camps de l’Arctique.
ANDREÏEV
Et ce séjour à Arkhangelsk vous a bien éprouvé, n’est-ce pas ? Vous n’êtes plus aussi jeune ni aussi solide qu’avant votre première déportation.
PANKRATOV
Je puis tout par celui qui me fortifie.
ANDREÏEV
Même lui ne vous fortifiera plus, cette fois. Le camp d’où vous venez va ressembler à un séjour de vacances pour jeunes pionniers, comparé à ce que vous allez vivre ici. Commençons par parler du climat. Vous trouvez qu’il fait froid chez les Samoyèdes. Savez-vous qu’au-delà du cercle polaire, les hivers sont plus doux qu’à Moscou ? La proximité de l’océan adoucit les températures. Ici, nous sommes dans le Kazakhstan : en Asie centrale. Vous allez découvrir le climat continental : des étés brûlants comme en Espagne, des hivers que la Sibérie même nous envie. Par tout temps, on vous forcera à travailler très dur à l’extérieur. D’ailleurs, vos petits copains ne vont pas tarder à rentrer du chantier, vous pourrez lire les effets de notre beau climat sur leur visage.
PANKRATOV
Les rigueurs du temps sont les mêmes pour chacun.
ANDREÏEV
C’est vrai, mais puisque vous persévérez dans votre résistance à la raison et à la vérité, je vous promets que vous serez particulièrement soigné. Je donnerai des ordres pour que vous soyez traité comme un vrai refuznik. Vous croyez avoir été condamné pour cinq ans, c’est ce que vous a dit le juge, mais ici les juges, c’est nous. Vous ne sortirez pas vivant de ce camp. Le moindre écart de conduite de votre part sera sanctionné. La moindre saute d’humeur à l’égard d’un gardien qui ne manquera pas de vous pousser à bout, un petit mot de travers et l’on vous prolonge. Un mois par ci, deux semaines par là. Vous en avez pris pour la perpétuité. À moins que l’on ne finisse par vous fusiller.
PANKRATOV
Vos projets d’avenir ont lieu de m’effrayer, mais mon Seigneur, que je servirai jusqu’à la mort, me rendra capable d’accepter ma détention jusqu’à son retour.
ANDREÏEV (éclatant de rire)
Son retour ! Vous y croyez vraiment, vous, au retour de Jésus-Christ ?
PANKRATOV
J’y crois de tout mon cœur.
ANDREÏEV
Franchement, camarade Pankratov, je vous croyais un peu plus intelligent. Jésus va revenir, comme ça, du haut de son petit nuage. Et c’est ce que vous prêchiez dans votre église.
PANKRATOV
Oui.
ANDREÏEV
Alors vraiment, nous avons tout intérêt à vous garder chez nous. Ici, vous ne pourrez nuire à personne. À moins que je ne vous envoie en asile psychiatrique, avec les autres illuminées de votre espèce. Son retour ! En tout cas, si votre Jésus décide d’atterrir en parachute, sachez-le bien, nos kalachnikov l’auront percé de partout avant qu’il touche la terre.
PANKRATOV
Il n’oubliera pas son gilet pare-balles.
ANDREÏEV
Vous perdrez bien vite votre sens de l’humour. Nous vous tourmenterons sans arrêt. Nous vous harcèlerons. Nous saurons faire en sorte que vous passiez le plus clair de votre vie au cachot. Vous n’imaginez pas ce que c’est, notre cachot. Une cabane de ciment avec une toute petite fenêtre et un toit de tôle ondulée. En plein soleil, la chaleur y est insupportable et votre corps se videra de toute sa sueur. L’épreuve sera pire en hiver : malheur à vous si vous dormez un quart d’heure ! Nuit et jour, il vous faudra arpenter vos six mètres carrés en balançant les bras. Il faudra bien faire attention de ne pas vous casser une jambe, car à une telle température, la vapeur d’eau que vous allez expirer se transformera en verglas.
(Pankratov baisse la tête avec un air découragé.)
Vous n’attendrez pas le retour du Seigneur, comme vous le dites si bien. Vous êtes d’une constitution robuste, il est vrai, mais avec le traitement que nous vous avons préparé, il vous reste cinq ou six ans à vivre. Pas un mois de plus.
Et pourtant, camarade Pankratov, j’aimerais tant vous épargner tous ces déplaisirs. Mais je le répète, votre liberté dépend de vous seul. Une simple signature sur un contrat qui vous engage si peu. Pourquoi ainsi vous entêter ? Le pouvoir communiste n’est pas si tyrannique. Vous amis baptistes ont tout exagéré à des fins politiques. Nous ne sommes des gens dangereux que pour les groupuscules extrémistes qui veulent saper les fondements de la révolution. Ceux par exemple qui sont allés vous mettre dans la tête que Jésus-Christ devait revenir. Mais nous sommes prêts à vous pardonner de les avoir écoutés.
PANKRATOV
Je me sens très fatigué.
ANDREÏEV
Aussi, je ne veux pas vous lasser davantage. Vous pouvez encore réfléchir quelques minutes. Pourquoi ne liriez-vous pas seulement le contrat que je vous ai préparé, plutôt que de le rejeter d’emblée ? Cela ne vous engage pas.
PANKRATOV
Non, cela ne m’engage pas.
ANDREÏEV
Par Staline ! Je sens que vous commencez à devenir enfin raisonnable. Accompagnez-moi dans mon bureau, tout est prêt à lire et à signer. Et je vous promets que si vous prenez la bonne décision, je vous ferai goûter la meilleure vodka de tout le Kazakhstan.
PANKRATOV
Eh bien ! Soit. Je vous suis. Mais ne sortez pas la vodka tout de suite.
(Andreïev et Pankratov sortent. Ils croisent dans le couloir les trois forçats, accompagnés de gardiens.)
Scène III
SMIRNOV - VOLODSKY - VASSILIEV
SMIRNOV
Enfin la datcha !
VOLODSKY
Les pierres sont de plus en plus dures.
VASSILIEV
C’est parce qu’il fait de plus en plus froid.
VOLODSKY
Et ce n’est pas le bortsch de la prison qui va nous réchauffer : cette lavasse tiède et insipide.
SMIRNOV
Le bortsch peut-être pas, mais ce que je vous ramène va nous réchauffer le cœur, les muscles, les tripes et les boyaux.
VOLODSKY
Qu’est-ce que tu nous as dégotté là, Smirnov ?
SMIRNOV
À votre avis ?
VOLODSKY
Je ne sais pas.
SMIRNOV
Le camarade Smirnov ne peut transporter que de la Smirnov.
VOLODSKY
De la vodka ? Ici au goulag ?
SMIRNOV
Et pourquoi pas ?
VOLODSKY
Mais comment as-tu pu introduire de la vodka ici ?
SMIRNOV
J’ai mes réseaux de distribution. Allez ! Sortez vos gamelles. Ce soir, c’est ma tournée.
VASSILIEV
Tu as trouvé de la vodka, moi j’ai piqué des cartes. On va se faire une partie.
VOLODSKY
Des cartes et de la vodka. C’est vraiment la datcha. Il ne manque plus que le feu dans la cheminée.
(Les prisonniers prennent leurs gamelles et s’installent à table. Smirnov sert la vodka et cache aussitôt la bouteille. Vassiliev sort les cartes. Les prisonniers commencent à jouer en buvant.)
VOLODSKY
Tes cartes donnent plus soif que les pierres de la route, Vassiliev. Smirnov, il te reste encore un peu de vodka ?
(Smirnov sort la bouteille de sa cachette, il sert ses compagnons et retourne la cacher.)
SMIRNOV
Allez-y doucement, les gars ! Buvez en silence, jouez sans bruit. On n’est pas à la taverne, ici. Si jamais les matons rappliquent…
(Les prisonniers continuent à jouer et à boire. On entend des pas dans le couloir.)
VOLODSKY
Gorenko !
(Les prisonniers vident le quart de vodka avec précipitation. En une seconde, ils ont débarrassé la table. Volodsky cache les cartes derrière son dos. Gorenko entre dans la cellule, amenant Trophime.)
Scène IV
SMIRNOV - VOLODSKY - VASSILIEV - GORENKO - TROPHIME
GORENKO
Voilà ta chambre d’hôtel, camarade. J’espère qu’elle sera à ton goût.
TROPHIME
Je sais me contenter de peu.
GORENKO
Il vaut mieux ne pas avoir des goûts de tzar.
(Aux autres détenus)
Quant à vous, bande de lascars, vous croyez que je ne vous ai pas vus ? Que le coupable se dénonce.
VOLODSKY
Coupable de quoi, camarade gardien ? Nous n’avons rien fait.
GORENKO
Ne jouez pas les petits saints. Les jeux de cartes sont interdits dans le camp, et vous le savez très bien.
VOLODSKY
Des cartes ici ? Mais enfin, chef, qui nous les aurait fournies ? Le casino d’Alma-Ata ?
GORENKO
Ne faites pas les marioles avec moi. Où avez-vous planqué vos cartons ?
VASSILIEV
Mais nulle part, gardien Gorenko, vous pouvez vérifier vous-même.
(Pendant cette scène, les prisonniers se passent discrètement les cartes de l’un à l’autre et les glissent finalement dans la poche de Trophime, à son insu.)
GORENKO
C’est ce qu’on va voir, mes gaillards, déshabillez-vous.
VASSILIEV
Pas complètement tout nus ?
GORENKO
Et pourquoi pas ?
(Se ravisant, Gorenko leur fouille les poches.)
GORENKO
Vous n’arriverez pas à me berner, un vieux routier comme moi ! Je vous ai bien vu avec des cartes, et je les retrouverai.
SMIRNOV
Vous avez mal vu, camarade. C’est dû à la fatigue. Moi-même lorsque je rentre de ma journée de travail, souvent, je vois des papillons dorés qui dansent devant mes yeux. Vous, le soir vous voyez danser des as de pique et des valets de cœur.
GORENKO
Continuez à vous payer ma fiole. Je vous materai, moi ! Vous ferai passer l’envie de rigoler.
(Reniflant)
Et qu’est-ce que c’est que cette odeur ?
SMIRNOV
Quelle odeur ? Vous sentez une odeur, vous ?
VASSILIEV et VOLODSKY
Non.
SMIRNOV
Peut-être une odeur de sueur de travailleur, mais on s’y habitue. Nous n’y faisons même plus attention.
VASSILIEV
Il y a peut-être un ou deux rats morts sous un châlit. Ça pourrait sentir mauvais.
VOLODSKY
Mais ces odeurs-là, ici aussi, au goulag, on s’y habitue.
GORENKO
Décidément, vous crevez d’envie de goûter à la bastonnée. Je vais vous dire, moi, ce que ça sent : ça sent la vodka.
VOLODSKY
La vodka ?
VASSILIEV
Celle-là c’est la meilleure !
SMIRNOV
Décidément, camarade Gorenko, vous devriez passer à l’infirmerie.
VASSILIEV
C’est peut-être grave. Après les hallucinations normales, vous avez des hallucinations par le nez, à présent.
VOLODSKY
Des hallucinations olfactives.
GORENKO
Continuez à me prendre pour un bougre d’âne. Sortez-moi vos gamelles !
VOLODSKY
C’est déjà l’heure de la soupe ?
GORENKO
Sortez-moi vos gamelles !
(Les prisonniers montrent leur gamelle à Gorenko. Il en inspecte une, la renifle, passe son petit doigt dedans, goûte le liquide.)
Que Lénine me taille les oreilles en pointe ! Qu’est-ce que vous avez bu dans ce quart ? Du jus de citron ? Vous avez bu de la vodka.
VOLODSKY
Le voilà qui hallucine de la langue, maintenant !
SMIRNOV
Mais enfin ? Où aurions-nous pu trouver de la vodka ? Au mess des officiers ?
GORENKO
C’est parfait, continuez comme ça ! C’est moi qui vais bien rire à vos dépens. Je vais vous taper un rapport bien musclé. Un mois enfermés tous les trois au cachot disciplinaire, ça vous changera les idées. Tellement à l’étroit que vous dormirez debout, comme les chevaux. Au moins, vous vous tiendrez chaud.
Nous reparlerons de tout ça, croyez-moi. Cela dit, j’étais venu vous présenter votre nouveau camarade, Trophime Ivanovitch.
SMIRNOV
Ah oui ! Le haut dignitaire !
GORENKO
Comment ça, haut dignitaire ?
SMIRNOV
Vous n’aviez pas parlé d’un gars de la haute qui devait venir remplacer la grappe de raisin ?
GORENKO
Ah ! Oui ! Celui-là, vous le connaîtrez bien assez tôt. Sacré loustic ! Ce Trophime, c’est encore un de ces maudits contre-révolutionnaires. Un propagateur d’idées subversives. Un prêcheur de billevesées.
SMIRNOV
Bref ! Un chrétien.
GORENKO
Exactement.
VASSILIEV
Il paraît qu’à la section dix-sept, il y a un de ces popes évangéliques qui a réussi à convertir un gardien et plusieurs prisonniers.
GORENKO
Qui vous a appris ça ?
VASSILIEV
Vous avez dit : « Qui vous a appris ça ? » et non : « Qui vous a raconté ça ? » C’est donc la vérité.
GORENKO
Nous ne le claironnons pas dans la Pravda[2]. Ce n’est vraiment pas bon pour la réputation de ce camp qui est censé vous rééduquer et faire de vous de bons citoyens soviétiques et communistes.
VASSILIEV
Et pourquoi ne l’a-t-on pas fusillé, ce fauteur de troubles ? Habituellement, vous avez moins de scrupules.
GORENKO
Nous y avons bien pensé, figure-toi, mais ce Youritchenko est un maçon d’une qualité irremplaçable. Alors, nous sommes bien obligés de fermer les yeux. C’est ainsi qu’il nous tient la dague sous la gorge, le forban.
TROPHIME (en aparté)
Tiens, tiens ! Merci pour ce renseignement camarade. Autant que je me souvienne, dans le civil, j’étais un bon menuisier. Il me suffit donc de fournir un excellent travail, et je pourrai servir l’Évangile en toute liberté. Seigneur, fais de moi le meilleur menuisier du Kazakhstan, afin que je puisse œuvrer pour ta gloire.
VOLODSKY
Camarade gardien, vous semblez inquiet de nous savoir si bien renseignés.
VASSILIEV
C’est bien à tort que vous vous faites des soucis. Croyez-moi, la propagande de ces agitateurs n’aura aucun effet sur nous.
SMIRNOV
Nous sommes immunisés à vie contre ce genre de poison.
VOLODSKY
L’autre fripouille nous a mithridatisés.
TROPHIME
Je ne comprends pas vos allusions, mes amis.
VASSILIEV
Nous aurons tout le temps de te l’expliquer.
GORENKO
Me voilà rassuré. Mais pour le coup de la vodka, vous en aurez des nouvelles. Je vais vous faire un rapport cinglant à la direction du camp. On fouillera votre cellule de font en comble jusqu’à ce qu’on la trouve. Cela va vous coûter cher.
(Il sort. Les forçats rient derrière son dos.)
Scène V
SMIRNOV - VOLODSKY - VASSILIEV - TROPHIME
SMIRNOV
Nous l’avons bien roulée, cette vieille baudruche.
VOLODSKY
Le voilà reparti bredouille.
VASSILIEV
Ne nous réjouissons pas. Il va revenir avec tout le KGB.
SMIRNOV
Et alors ?
VOLODSKY
Ils vont retourner toute la carrée.
SMIRNOV
Pour chercher la vodka ? Ils ne trouveront rien. D’ici qu’ils arrivent, nous aurons fait disparaître la bouteille, après l’avoir copieusement vidée.
VASSILIEV
Alors, autant commencer tout de suite.
(Ils sortent la bouteille de sa cachette et boivent.)
VOLODSKY
Et les cartes ?
SMIRNOV
Les cartes ? Nous sommes des prestidigitateurs.
VOLODSKY
À ce propos, maintenant que le garde-chiourme est parti, tu peux nous les rendre. Nous aimerions bien finir la partie.
TROPHIME
Qui ? Moi ?
VOLODSKY
Oui, toi, pas Gagarine.
TROPHIME
Mais ce n’est pas moi qui les ai.
VOLODSKY
Tu en es bien sûr ?
TROPHIME
J’en suis sûr.
VOLODSKY
Fouille bien tes poches.
(Trophime fouille ses poches et y trouve les cartes.)
TROPHIME
Je ne comprends pas.
SMIRNOV
On te l’a dit : nous sommes des prestidigitateurs.
(Ils distribuent les cartes.)
VASSILIEV
Les voilà qui s’amènent.
(Ils escamotent précipitamment les cartes et la boisson.)
SMIRNOV
Déjà ?
VOLODSKY
Nous sommes bons pour Sakhaline.
VASSILIEV
Le bagne le plus sévère de la Soyouz.[3]
(Gorenko introduit sans ménagement Pankratov dans la cellule. Celui-ci porte des traces de coups.)
Scène VI
SMIRNOV - VOLODSKY - VASSILIEV - TROPHIME - GORENKO - PANKRATOV
GORENKO
Tu as refusé la chance de ta vie, Dourak Dourakovitch Dourakovsky.[4]
(Gorenko s’éloigne.)
VOLODSKY
Qui est-ce encore, celui-là ?
SMIRNOV
Gorenko vient de le dire : il s’appelle Dourakovsky.
VOLODSKY
Ils nous l’ont bien arrangé, les brutes !
VASSILIEV
Tiens ! Camarade Dourakovsky ! Bois un peu de vodka. Cadeau de la maison, cela va te remonter.
PANKRATOV
Merci, les amis. J’aimerais mieux que vous versiez la vodka sur un mouchoir et que vous l’appliquiez sur ma blessure. Les bactéries vont prendre la cuite de leur vie et me laisseront tranquille un bon moment.
(Vassiliev lui fait une compresse de vodka.)
VASSILIEV
De la si bonne vodka ! Quel dommage de ne pas la boire !
SMIRNOV
C’est vrai, finissons-en avant qu’on nous la confisque.
(Ils vident le restant de vodka et cachent la bouteille.)
VOLODSKY
Je suppose que tu ne t’appelles pas Dourak Dourakovitch. Quel est ton nom, que nous fassions connaissance ?
PANKRATOV
Stephan Stephanovitvh Pankratov.
SMIRNOV
Moi, c’est Smirnov, comme la vodka que tu n’as pas eu le loisir de goûter. Condamné pour meurtre.
VOLODSKY
Moi, c’est Volodsky, condamné pour meurtre, également.
VASSILIEV
Et moi, Vassiliev, meurtrier comme tout le monde ici.
VOLODSKY
Et toi, le nouveau, que nous allons bientôt initier à la prestidigitation.
TROPHIME
On m’appelle Trophime. Je suis condamné pour avoir élevé mes enfants dans la foi chrétienne.
PANKRATOV
Quelle joie, mon frère ! Moi aussi je suis condamné à cause de ma foi.
SMIRNOV
Allons bon ! Deux d’un coup !
VASSILIEV
Par les moustaches de Staline !
VOLODSKY
Par le crâne chauve de Lénine !
PANKRATOV
Mais moi je suis un chrétien lâche et indigne. Je me suis laissé séduire par un renard du KGB qui m’a fait trahir mes frères en échange de ma liberté et d’une lampée de vodka. Une fois installé dans le bureau de cet Andreïev, quand j’ai eu sous les yeux le contrat qu’il me fallait signer, le Saint-Esprit m’a sévèrement repris dans mon cœur. Je me suis ressaisi. J’ai déchiré de mes propres mains ce document d’infamie. Alors, ils m’ont ramené ici, avec quelques méchants coups de poing en cadeau.
TROPHIME
Que Dieu te bénisse, mon cher frère ! Qui de nous n’a jamais baissé la garde devant l’adversaire ?
VOLODSKY
Ainsi vous êtes tous deux des refuzniki : des dissidents religieux.
PANKRATOV
Ne vous en déplaise, nous en sommes.
VOLODSKY
Eh bien ! J’espère que vous n’êtes pas des croyants de la même engeance que l’autre ordure !
PANKRATOV
L’autre ordure ? De qui parlez-vous ?
VOLODSKY
Nous avons eu un pasteur ici, il n’y a pas si longtemps. Il s’appelait Grappe de Raisin.
PANKRATOV
Grappe de Raisin ?
SMIRNOV
C’est ce que signifie son nom : Traube. Un fridolin.
PANKRATOV
Un Allemand ?
VOLODSKY
Oui.
TROPHIME
Voilà un bagne polyglotte.
PANKRATOV
Et vous dites que c’était une ordure ?
VOLODSKY
Ce raisin-là a injecté son jus et ses pépins dans le tiroir de sa fille ?
PANKRATOV
Quoi ?
TROPHIME
Ce n’est pas possible !
VASSILIEV
Sommes-nous bien certains qu’il était coupable ? Souvenez-vous de notre conversation le jour de sa mort.
VOLODSKY
Évidemment qu’il était coupable ! Sinon on ne l’aurait pas condamné.
SMIRNOV
Nous ne sommes pas chez les Yankees. Au Texas, on pend les gens d’abord, on les juge après. Mais ici, nous sommes dans un pays libre.
PANKRATOV
Je ne peux pas y croire.
SMIRNOV
Tu nous prends pour des menteurs ? Eh bien ! Regarde.
(Il tend à Pankratov un vieux journal qu’il lit rapidement avant de le donner à Trophime.)
PANKRATOV
Que Dieu ait compassion de lui !
TROPHIME
Que le Seigneur nous vienne en aide !
VOLODSKY
Vous comprenez à présent pourquoi nous n’avons pas bondi de joie en apprenant que vous êtes des croyants.
SMIRNOV
Alors, on vous donne juste un conseil : moins vous nous parlerez de votre bon Dieu et plus nous aurons de chances de rester amis.
Scène VII
SMIRNOV - VOLODSKY - VASSILIEV - TROPHIME - GORENKO - PANKRATOV - BORIS
GORENKO
Voilà ta chambre d’hôtel, camarade. J’espère qu’elle sera à ton goût.
BORIS
Non, elle ne me convient pas du tout. Mais la guerre, c’est la guerre. Krieg ist Krieg, comme disait l’autre. Je saurai m’en contenter. De toute façon, je ne vais pas rester longtemps ici.
GORENKO
Ne commence pas à faire ton guignol, Ismaïlov.
BORIS
Camarade Ismaïlov. Camarade Boris Alexandrovitch Ismaïlov.
GORENKO (s’éloigne en bougonnant.)
M’en vais te le mater, moi, ce gaillard !
VASSILIEV
Alors c’est toi, le grand directeur, le fameux Rozanov !
BORIS
Ismaïlov.
VOLODSKY
Le Gorenko nous avait annoncé une vedette : il disait toujours : « Un drôle de lascar », « un drôle de loustic ».
SMIRNOV
On ne te trouve pas si drôle que ça.
VOLODSKY
C’est vrai que tu es le patron d’un kolkhoze ?
BORIS
J’étais. Me voici maintenant bagnard comme vous. Mais pas pour longtemps. À la fin de la semaine, au plus tard je serai en liberté, libre de libertiner.
SMIRNOV
Tu es bien sûr de toi, l’ami. On ne sort pas d’ici.
BORIS
Vous ne sortirez pas d’ici, parce que vous n’êtes que des moujiki. Moi j’ai des amis très haut placés, des dirigeants régionaux. Même au Kremlin, j’ai des amis. J’en ai pris pour quinze ans, mais ils me feront sortir de ce trou.
VASSILIEV
Puisque tes potes du Kremlin peuvent te faire sortir d’ici, pourquoi ne t’ont-ils pas empêché d’y entrer ?
BORIS
Il fallait bien calmer le jeu. Avec mon collègue Lepkine, le secrétaire du parti, nous avons vidé toutes les caisses du Kolkhoze. Ah ! Je ne regrette rien. Le plaisir a un prix, mes amis. Le caviar, le champagne, les filles ! Vous n’imaginez pas le bonheur que l’argent peut donner. Nous avons fait de ces fêtes ! Les orgies romaines, en comparaison, font figure de repas diététiques ! Ah ! Quelle vie ! Quelle vie !
VASSILIEV
Il va falloir changer tes habitudes. Je n’ai jamais vu de caviar au menu des zeki.
BORIS
Que tu crois ! Le patron du camp aussi est mon ami. Il va veiller à ce que je garde mon embonpoint. Je vous l’ai dit, je vais bientôt vous quitter. Quand je serai sorti, on me mutera dans un autre kolkhoze, en Ukraine ou ailleurs, et je recommencerai ma nouvelle vie. Un beau kolkhoze avec de jolies collégiennes comme je les aime.
SMIRNOV
Le garde-chiourme a raison, tu es un drôle de lascar.
BORIS (à Trophime et à Pankratov)
Vous êtes des chrétiens.
PANKRATOV
En effet.
BORIS
Ça se voit sur vos figures.
TROPHIME
Nous en sommes flattés.
BORIS
Savez-vous que mon kolkhoze a abrité une communauté protestante ?
VOLODSKY
Ce n’est pas banal.
BORIS
C’est unique. Des protestants luthériens. Des Allemands.
SMIRNOV
Ils sont donc partout, ces mangeurs de choucroute !
VASSILIEV
Ils l’ont perdue ou ils l’ont gagnée, la guerre ?
BORIS
Certains ont été déportés pendant la guerre et sont restés, c’est le cas de nos ostrogoths. Mais la première grande vague d’immigration allemande a déferlé sous Pierre le Grand. Le tzar a vite compris qu’il ne pouvait pas compter sur les Russes pour construire sa nouvelle capitale, que nous appelons aujourd’hui Leningrad. Il a donc fait appel aux Allemands, qui étaient d’excellents bâtisseurs. Et ils le sont toujours. C’est grâce à ces protestants que j’ai reçu la médaille du « héros du travail ». En contrepartie, nous avons un peu fermé les yeux sur leurs activités. Mais nous avons fini par les avoir. Nous avons réalisé un coup de maître. C’est l’exploit de ma vie. Il me vaudra certainement une autre médaille quand je sortirai d’ici. J’étais déjà un héros de travail, je suis aussi un héros de la chasse aux bigots.
SMIRNOV
Tu es devenu une vedette.
VASSILIEV
Une étoile de Gollivoud.[5]
SMIRNOV
Raconte-nous vite cette histoire.
BORIS
Alors, installez-vous bien. Mon récit va apporter un peu de joie à cette soirée.
[1] Kartochka : patates russes. La pomme de terre se dit kartofel, comme en allemand.
[2] Pravda : « La Vérité »
[3] Soyouz : L’Union, premier mot du sigle C.C.C.P.
[4] On peut traduire par : imbécile, fils d’imbécile et petit-fils d’imbécile.
[5] L’H n’existe pas en russe, on le remplace par un G dans les noms étrangers. Par exemple : Victor Hugo devient Viktor Guiougo.
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