63. La dernière prière de Samson
Nous allons nous attarder aujourd’hui sur l’étonnante prière d’un personnage étonnant :
Alors Samson invoqua l’Éternel, et dit : Seigneur Éternel ! souviens-toi de moi, je te prie ; ô Dieu ! donne-moi de la force seulement cette fois, et que d’un seul coup je tire vengeance des Philistins pour mes deux yeux !
Juges 16.28
Samson est un homme choisi par Dieu, appelé même avant sa naissance à devenir un juge, comme le furent avant lui Déborah, Gédéon, Jephté... comme le sera plus tard Samuel. Il était donc promis à un important ministère.
Les enfants d’Israël firent encore ce qui déplaît à l’Éternel ; et l’Éternel les livra entre les mains des Philistins, pendant quarante ans. Il y avait un homme de Tsorea, de la famille des Danites, et qui s’appelait Manoach. Sa femme était stérile, et n’enfantait pas. Un ange de l’Éternel apparut à la femme, et lui dit : Voici, tu es stérile, et tu n’as point d’enfants ; tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils. Maintenant prends bien garde, ne bois ni vin ni liqueur forte, et ne mange rien d’impur. Car tu vas devenir enceinte et tu enfanteras un fils. Le rasoir ne passera point sur sa tête, parce que cet enfant sera consacré à Dieu dès le ventre de sa mère ; et ce sera lui qui commencera à délivrer Israël de la main des Philistins.
Juges 13.1/5
Nous connaissons tous l’histoire de ce juge hors du commun et nous pourrions à juste titre nous étonner d’un tel choix du Seigneur qui connaît à l’avance tous les desseins et toutes les actions des hommes.
D’autres avant lui ont certainement déçu leur Dieu en se détournant du ministère qui leur avait été confié, ainsi Balaam :
Il envoya des messagers auprès de Balaam, fils de Beor, à Pethor sur le fleuve, dans le pays des fils de son peuple, afin de l’appeler et de lui dire : Voici, un peuple est sorti d’Égypte, il couvre la surface de la terre, et il habite vis-à-vis de moi. Viens, je te prie, maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi ; peut-être ainsi pourrai-je le battre et le chasserai-je du pays, car je sais que celui que tu bénis est béni, et que celui que tu maudis est maudit. Les anciens de Moab et les anciens de Madian partirent, ayant avec eux des présents pour le devin. Ils arrivèrent auprès de Balaam, et lui rapportèrent les paroles de Balak. Balaam leur dit : Passez ici la nuit, et je vous donnerai réponse, d’après ce que l’Éternel me dira. Et les chefs de Moab restèrent chez Balaam.
Nombres 22.1/5
Balaam aimait l’argent et les honneurs, Samson aimait les femmes et la guerre, leurs passions les ont perdus l’un comme l’autre.
Voyons de plus près l’une des nombreuses aventures amoureuses de notre Milon de Crotone :
Samson descendit à Thimna, et il y vit une femme parmi les filles des Philistins. Lorsqu’il fut remonté, il le déclara à son père et à sa mère, et dit : J’ai vu à Thimna une femme parmi les filles des Philistins ; prenez-la maintenant pour ma femme. Son père et sa mère lui dirent : N’y a-t-il point de femme parmi les filles de tes frères et dans tout notre peuple, que tu ailles prendre une femme chez les Philistins, qui sont incirconcis ? Et Samson dit à son père : Prends-la pour moi, car elle me plaît.
Juges 14.1/3
Lorsqu’on est aveuglé par une passion, on ne consulte pas Dieu. J’ai vu une femme... Prends-la pour moi... Elle me plaît... Je la veux !
Ne sommes-nous pas quelques fois tentés de suivre nos désirs, de demander à Dieu ce que nous voulons sans nous soucier de ce qu’il veut pour nous ? Ce ne serait pas nécessairement une affaire de femmes, il peut s’agir d’une promotion, d’une maison qu’il faut à tout prix acheter, d’une voiture qui rendra jaloux les voisins. Je la veux ! Je le veux !
La sangsue a deux filles : Donne ! donne !
Proverbes 30.12
Le verset qui conclut l’exigence de Samson a de quoi déconcerter :
Son père et sa mère ne savaient pas que cela venait de l’Éternel : car Samson cherchait une occasion de dispute de la part des Philistins. En ce temps-là, les Philistins dominaient sur Israël.
Vs 4
Que répondre à cela ? Je dirais simplement que le Seigneur en a pris son parti, qu’il utilise cet homme charnel, non selon le ministère de juge qui lui était destiné, mais selon celui que Samson s’est lui-même attribué : une sombre brute qui ne pense qu’à courir les filles et casser du philistin.
Tu ne veux pas te laisser conduire par mon Saint-Esprit, dit Dieu, tu préfères mener ta vie selon tes propres choix, eh bien ! soit, fais à ta guise, mais n’oublie pas que tu devras en assumer les conséquences.
Chacun connaît sa dernière aventure avec Délila, ou Dalila, ou même Dalida, il me paraît inutile de m’y étendre.
Samson s’imagine que c’est la vue de ses énormes biceps qui ont séduit la jeune Délila, en réalité, c’est Délila qui l’a séduit. Le héros invincible est vaincu par une femme. Son orgueil de mâle a souffert le martyre. Délila le livre pieds et poings liés aux Philistins qui l’ont soudoyée, on lui crève les yeux, on le précipite dans un cachot, et, pire humiliation, on le contraint à divertir toute cette société comme un chien de cirque.
Dieu n’est pas responsable de la situation : c’est le fruit de la concupiscence de Samson, un mot qu’on n’emploie plus beaucoup en français. Concupiscence : jeter sur une femme des regards chargés de convoitise.
Sa convoitise et sa bêtise. Comment a-t-il pu tomber dans un piège aussi grossier, si ce n’est par bêtise ?
Il n’est pas interdit à un homme d’avoir à la fois des muscles et un cerveau, même si certains ne possèdent ni l’un ni l’autre. Le Capitaine Haddock aurait qualifié notre Samson d’athlète complet : quatre-vingt-dix-neuf pour cent de muscle et un pour cent de cerveau (et je suis généreux).
Par trois fois, Délila lui a fait son petit numéro, la première fois, il lui raconte des histoires, la deuxième fois, il lui raconte des bobards, la troisième fois, il lui raconte des carabistouilles, à chaque fois, elle lui dit : « Les Philistins sont sur toi. » Il aurait dû comprendre. La quatrième fois, il lui délivre son secret. Samson était un naziréen, il avait fait un vœu solennel selon lequel le rasoir ne devait jamais passer sur sa tête. Délila lui fait une coupe à la Youl Bryner, et lui répète sa petite chanson : « Les Philistins sont sur toi, Samson ». Et Samson, une fois n’est pas coutume, se met à raisonner. Il aurait pu se dire : « Le Seigneur me délivrera, comme les autres fois », mais il dit : « Je m’en tirerai comme les autres fois, et je me dégagerai ».
Je suis suffisamment fort, je n’ai pas besoin de Dieu pour me tirer d’affaire. On peut dire qu’il aura été charnel jusqu’à son dernier souffle. Sur le point de mourir, il adresse à Dieu sa dernière prière. C’était l’ultime possibilité de se repentir et de songer au salut de son âme, mais une seule chose l’obsède en ce moment suprême : sa vengeance.
Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur.
Romains 12.19
Suivons plutôt l’exemple de notre Sauveur,
Et c’est à cela que vous avez été appelés, parce que Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces, Lui qui n’a point commis de péché, Et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude ; lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement ; lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris.
1 Pierre 2.2/24
Quelques minutes avant sa mort, Samson prie donc pour sa vengeance, quelques minutes avant sa mort, Jésus, au contraire, prie pour le pardon de ceux qui l’ont crucifié.
Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.
Luc 23.34
Que cette prière soit notre exemple et notre modèle.
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