36. L’herméneutique pour les nuls
Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi.
Jean 5.39
Prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu.
Éphésiens 6.17
Dans cet entretien avec les Juifs, Jésus leur dit : « Vous sondez les Écritures. » Il sous-entend : « Vous faites bien ». Mais écoutons la suite : « parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle. » Il sous-entend : « Vous avez tort ! »
En effet, la Bible n’est pas un talisman, elle ne donne pas la vie éternelle, mais elle révèle celui qui peut la donner : « ce sont elles qui rendent témoignage de moi. » Malheureusement, ils refusent de croire en lui. La possession et la connaissance des Saintes Écritures ne leur servent donc de rien.
Le second verset que nous avons lu est une métaphore. La parole de Dieu n’est pas une chose visible ni palpable, alors, l’apôtre Paul, pour nous aider à mieux comprendre, la représente sous la forme d’un objet commun : une épée. Le chrétien est donc bien armé. Il possède sa Durandal ou son Excalibur, de quoi impressionner l’ennemi, et même le vaincre. Mais posséder une bonne épée ne suffit pas. Si je ne sais pas par quel bout il faut la prendre, je ne tarderai pas à me blesser. Pire : si j’ignore les règles de l’escrime et que je m’élance à l’assaut de l’ennemi, je vais me faire découper en rondelles.
C’est la raison pour laquelle je voudrais aujourd’hui vous donner quelques règles élémentaires d’escrime. Je ne parlerai pas beaucoup de théorie ni de théologie, sachant qu’un bon croquis vaut mieux qu’un long discours, je donnerai surtout des exemples.
Parlons pour commencer des méthodes d’étude de la Bible.
Il existe différentes méthodes : inductive, déductive, thématique, allégorique, etc. Prenons par exemple l’étude allégorique. Il est vrai que dans la Bible, nous trouvons des allégories et des symboles. Nous avons tous compris que, lorsque Jésus dit : « ceci est mon corps », le pain ne se transforme pas littéralement en corps du Christ. Il s’agit d’un symbole. Devons-nous pour autant admettre que tout dans la Bible est symbole ? Nous pourrions alors penser que la résurrection de Jésus est aussi un symbole : cela ne voudrait pas dire que Jésus est réellement ressuscité, cela nous parlerait de renouveau, et patati, et patata…
J’ai eu un jour affaire à une secte nommée Les Annales de l’Esprit. Ils étaient à l’époque une petite cinquantaine d’adeptes répartis sur deux ou trois églises locales, dont une à Châtellerault et l’autre à Vichy. J’ai eu vraiment de la chance de tomber sur eux. Toute leur doctrine repose sur une petite phrase : « la lettre tue, mais l’esprit vivifie. » Partant de ce fait, ils considèrent que tous les chrétiens sont dans l’erreur parce qu’ils comprennent la Bible selon la lettre, tandis qu’eux la lisent selon l’Esprit, ils sont donc les seuls détenteurs de la vérité. Quand la Bible parle de la vie, il faut comprendre la mort, et inversement. Ils croient à la réincarnation et donnent pour exemple Mozart qui, dans une vie antérieure aurait été un musicien médiocre, mais qui, à force de se réincarner aurait progressé dans son art jusqu’à devenir le grand homme que nous connaissons. Je leur ai répondu : « mais enfin, il est écrit qu’il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. » Ils m’ont rétorqué : « vous n’avez pas compris parce que vous lisez la Bible selon la lettre. » Alors, j’ai cessé de discuter avec eux.
Nous recommandons la méthode inductive.
Supposons que je veuille trouver une réponse à la question : « qui était Salvador Dali ? » Je sais déjà que c’est un peintre espagnol du vingtième siècle, qu’il peignait des montres molles et des tas de choses bizarres, qu’il a vécu un certain temps en France parce qu’entre Franco et lui, ça n’allait pas très bien. Mais si je veux en savoir plus sur lui, sur son œuvre, qu’est-ce qui le motivait quand il prenait sa palette et ses pinceaux. Je peux toujours tenter un micro-trottoir.
« Connaissez-vous Dali ?
– Ah ! Mais oui ! C’est elle qui chantait : “Galate, galate sul ta manedoline…”
– Mais non ! Ça, c’est Dalida !
– Ah bon ? »
Au suivant :
« Que pensez-vous de Salvador Dali ?
– C’était un fou.
– Et vous ? Qu’est-ce que vous en pensez ?
– C’était un génie. »
Je ne suis pas plus avancé. Vous voyez que ce n’est pas la bonne méthode. La meilleure façon d’aborder le problème, s’il était encore en vie, serait d’aller le voir et lui poser des questions pertinentes. J’aurais pu aller visiter son musée à Figueras, mais c’est un peu loin. Faute de mieux, je suis allé dans une bibliothèque et j’y ai trouvé un livre qui parlait de la vie et de l’œuvre de Dali, illustré de nombreuses reproductions de ses tableaux, et je me suis ainsi forgé ma propre opinion : pour moi, Salvador Dali était un génie, mais… un génie qui avait tout de même un petit grain.
En ce qui concerne notre approche de la Bible, nous devons faire la même démarche. Je n’interdis pas d’utiliser un commentaire biblique, et même, je le recommande. Là aussi, je propose de refaire un micro-trottoir.
« Que pensez-vous de la Bible ?
– Ben… C’est Jésus-Christ, à la fin de sa vie, il a fait son autobiographie.
– Et vous ?
– C’est un livre d’histoire, ça raconte la vie de Moïse, de Jésus, tout ça…
– Et vous ?
– C’est de la mythologie, elle tente d’expliquer par des légendes ce que la science ne pouvait pas encore prouver, les origines de l’homme, tout ça…
– Et vous ?
– C’est la parole de Dieu.
– Qu’est-ce que ça veut dire : “parole de Dieu” ?
– Ben… »
Là aussi, les sources extérieures nous embrouillent. C’est dans la Bible elle-même que nous trouverons les réponses à toutes nos interrogations. Martin Luther, Jean Calvin, Ulrich Zwingli, John Knox ont dit la même chose : il y a des textes difficiles dans la Bible, mais pour chaque difficulté, nous trouvons un autre passage qui nous l’explique.
Avant de prendre ma décision pour Christ, j’ai commencé à recevoir les Témoins de Jéhovah. Ils venaient donc me rendre visite avec leur bible et un petit livre bleu intitulé : La Vérité qui conduit à la vie éternelle. Nous étudiions l’un à la lumière de l’autre et inversement. Un ancien témoin de Jéhovah écrivait : « je lisais la Bible avec mes lunettes Watchtower. » Quand je me suis converti pour de bon, je me suis passé de leurs visites et j’ai commencé à étudier la parole de Dieu. Je cherchais certains textes dans ma Bible et je ne les trouvais pas, tout simplement parce qu’ils n’y étaient pas. Ce n’est pas dans la Bible que je les avais lus, mais dans La Vérité. J’étais demeuré dans la confusion. Même si de bons livres nous sont utiles, la parole de Dieu se comprend par elle-même.
Parlons maintenant du contexte historique et culturel qui tient une place importante dans notre compréhension de la Bible.
Nous ne sommes pas obligés de remonter jusqu’à Moïse pour nous trouver confrontés à des difficultés d’ordre historique et culturel. William Shakespeare a vécu au temps de la reine Élisabeth 1re, fin du seizième et début du dix-septième siècle : c’est presque un de nos contemporains. Nous sommes en droit d’être surpris quand nous apprenons que dans l’œuvre de Shakespeare, il est question d’un homme qui a tué sa femme parce qu’elle a perdu son mouchoir.
« J’ai perdu mon mouchoir.
– Ce n’est pas grave, ma chérie, nous irons au marché en acheter un autre. »
Eh bien ! Avec Shakespeare, c’est une autre histoire.
Le général Othello avait gagné une bataille et son patron, le doge de Venise, lui avait épinglé une ou deux médailles, et les copains en bavaient d’envie.
Voilà pour le contexte historique. Voyons maintenant le contexte culturel :
Othello avait offert un mouchoir à sa femme Desdemona. Un mouchoir, ça ne s’offrait pas à n’importe qui, c’était un produit de luxe. Offrir un mouchoir à une dame, c’était comme si on lui offrait un diamant. Or Desdemona a perdu son mouchoir, Othello avait un ami qui lui voulait du mal : Iago. Cet Iago était une infâme crapule, mais Othello croyait tout ce qu’il disait. « Inutile de chercher midi à quatorze heures, lui dit Iago, si elle n’a plus son mouchoir, c’est qu’elle l’a donné à son amant. » Othello, qui était jaloux comme une bête n’a fait ni une ni deux, il a pris sa Desdemona par le cou, et gargl.
Sans connaître le contexte historique et culturel, nous serons embarrassés pour comprendre de nombreux points bibliques. D’où sortent les Samaritains, et pourquoi les juifs ne pouvaient-ils pas les saquer ?
Un autre exemple :
Il n’y a pas si longtemps, dans certaines églises, toutes les femmes devaient porter un chignon, eun’ quèque d’al, comme disait mon grand-père qui était un vrai ch’ti de Lens ; on parlait même de chignon pentecôtiste ou de chignon apostolique. Jusqu’au début du vingtième siècle, il n’était pas convenable, pour une femme, de sortir « en cheveu », c’est-à-dire la chevelure tombant sur les épaules. On l’aurait prise pour une dévergondée. Les femmes chrétiennes n’avaient pas non plus le droit de se faire couper les cheveux, il ne restait donc pas beaucoup de choix en manière de coiffure. Elles auraient pu se faire des tresses, comme Laura Ingals ; c’est vrai qu’elle est mignonne, la petite Laura, avec ses nattes. Mais non, c’est interdit, et c’est écrit dans la Bible.
Alors qu’est-il écrit, exactement :
Je veux aussi que les femmes, vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ne se parent ni de tresses, ni d’or, ni de perles, ni d’habits somptueux.
1 Timothée 2.9
Les mots qui précèdent « tresses » nous éclairent sur la pensée biblique, et les mots qui suivent nous le confirment :
Ce que veut l’apôtre Paul, c’est que les femmes soient vêtues d’une manière décente, avec pudeur et modestie, ce qui nous paraît normal. En quoi le fait, pour une femme d’avoir les cheveux tressés serait indécent ou impudique ? Il faut vraiment voir le diable partout ! « Avec modestie », on se rapproche. Il est demandé à tout chrétien, homme ou femme, de faire preuve de modestie, d’humilité. La modestie et l’humilité, au même titre que l’orgueil et la vanité, se montrent aussi dans le vouloir paraître. Sans pour autant refuser aux femmes le droit à l’élégance, il n’accepte pas les abus dans le luxe vestimentaire. Ne dilapidez pas vos biens dans ces futilités alors qu’il y a tant de misère à soulager. Alors en quoi les tresses constituent-elles un excès de luxe et de frivolité ? Tout simplement parce que les femmes romaines, lorsqu’elles se tressaient les cheveux, les tressaient avec des chaînes d’or auxquelles pendaient toutes sortes de pierres précieuses. C’est ce que nous comprenons dans la fin du verset : pas de tresses, pas d’or, pas de perles, pas d’habits somptueux. Tresses à la Laura Ingals, – oui, tresses à la matrone, – non.
Enfin, passons au troisième exemple pour illustrer notre propos : l’homme à la cruche.
Et il envoya deux de ses disciples, et leur dit : Allez à la ville ; vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le.
Marc 14.13
Si nous devons aller accueillir dans une gare un voyageur que nous n’avons jamais vu, nous pouvons convenir d’un code de reconnaissance : « Je vous attendrai au bout du quai, j’aurai un chandail bleu et j’aurai tel journal à la main. »
Jésus entreprend le même type de démarche avec ses disciples, mais pourquoi une cruche ?
Une chose est certaine, l’homme à la cruche ne pouvait pas passer inaperçu et les disciples ne pouvaient pas manquer le rendez-vous. Un homme ne portait jamais une cruche d’eau. C’était le travail des femmes. C’est un peu comme si un homme aujourd’hui, se promenait avec un sac à main pour dames.
Et cet homme qui se montre en public avec une cruche sur la tête s’expose à toutes sortes de moqueries :
« Oh lui ! Hé ! T’as vu ? Il se balade avec une cruche ! Le plus cruche des deux n’est pas celui qu’on pense ! C’est pas un homme ! Et gnin gnin gnin. »
Et les disciples n’ont certainement pas envie de le suivre. Que vont dire les copains ? « On t’a vu avec un type qui se promenait avec une cruche. » La honte !
Voici l’enseignement que Jésus veut nous enseigner par ce détail qui, j’en suis sûr a échappé à beaucoup de chrétiens : si nous voulons le suivre, nous devons accepter de marcher à contre-courant des convenances de ce monde et d’en subir les conséquences, être montré du doigt, essuyer les quolibets, les humiliations, les moqueries.
Nous devons aussi apprendre à déjouer les erreurs liées à la mauvaise compréhension du sens des mots. En français, par exemple, le mot stupide désigne généralement une personne limitée sur le plan intellectuel, mais dans le sens premier, il désigne une personne qui perd momentanément ses moyens sous le coup d’une forte émotion (stupeur). Le mot bureau signifie d’abord un morceau de tissu, il a ensuite désigné la table sur laquelle on le pose, ensuite la pièce dans laquelle se trouve le meuble, enfin, l’ensemble des personnes qui se réunissent dans cette pièce. Le problème s’accroît lorsque nous avons affaire à des mots traduits de l’hébreu ou du grec.
La mer, par exemple. N’est-il pas incongru de parler de la mer à l’entrée du tabernacle ? En français, le mot « mer » désigne une vaste étendue d’eau salée. En allemand, le même mot possède un sens plus large, puisqu’il désigne aussi bien une mer qu’un lac : Nordsee, Bodensee. En hébreu, le même mot désigne une étendue d’eau, d’abord la mer, comme en français, ou un lac, un étang, un bassin, une baignoire, un verre d’eau (ce n’est pas la mer à boire !), le bassin dans lequel les sacrificateurs devaient se purifier était donc bien une mer. De même, une île désigne comme en français un territoire entouré d’eau, mais aussi un territoire au bord de la mer. La Guyane est donc une île !
« Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde. »
Que diriez-vous de vous faire tailler un costume en boyau ? Ce doit être très élégant, surtout en boyau de miséricorde ! Shinéar n’est pas un animal à fourrure et la miséricorde n’est pas un mammifère.
Point n’est besoin d’un doctorat en anatomie pour comprendre que le cœur est un organe mécanique et qu’il n’a rien à voir avec nos états d’âme, ce qui ne nous empêche pas de dire : « Je t’aime de tout mon cœur. Je t’ai donné mon cœur. Rodrigue, as-tu du cœur (du courage) ? » De même, en ces temps lointains, on avait l’habitude de faire siéger les sentiments aussi bien dans le cœur que dans l’appareil digestif. Cette coutume ne s’est pas tout à fait perdue puisqu’on dit encore de quelqu’un qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense : « il en a dans le ventre » et, au contraire, d’une personne lâche : « elle n’a rien dans les tripes ». « Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde », cela signifie simplement : « ayez un cœur miséricordieux, soyez capable de pardonner facilement. »
Continuons avec le renard, le rusé renard qui fait des dégâts dans la vigne. Jésus traite Hérode de renard : « allez dire à ce renard… ».
Nous penserons évidemment que si Jésus compare Hérode à un renard, c’est que celui-ci est un rusé personnage, eh bien, justement, non !
L’association d’idées entre la ruse et le renard nous est venue au Moyen-âge, par le Roman de Renard, Reineke der Fuchs, pour nos amis germanophones. Renard, le goupil, nous paraît fort sympathique, son ennemi intime, Ysengrin, le loup, est bien plus grand et plus fort que lui, mais comme il est très bête, c’est lui qui se fait toujours avoir. Jésus, évidemment, ne connaissait pas le Roman de Renard. Dans l’esprit de ses contemporains, le renard était considéré comme un animal cruel. « Allez dire à ce renard… allez dire à ce tyran cruel… »
J’aurais beaucoup d’autres exemples. Terminons par l’évêque. « Il faut que l’évêque soit irréprochable… »
Il y a quelques années, un scandale avait secoué l’Église romaine : un prêtre avait commis des actes de pédophilie, or, l’évêque, qui était au courant de l’affaire n’en avait rien dit. Un article du Figaro avait écrit, non sans ironie, qu’il n’est pas étonnant que cet évêque ait fermé les yeux puisque, selon les Saintes Écritures, il faut que l’évêque soit indulgent. Je me suis permis d’écrire à ce journaliste qui, d’ailleurs m’a répondu gentiment, que le terme episkopos, traduit par évêque signifie « surveillant », il désignait donc au temps où Paul écrivait ces lignes, un homme chargé d’enseigner et de veiller à ce que les choses soient en ordre dans l’église locale. Nous préférons dire « ancien », « pasteur » à la rigueur. Dans le sens strictement biblique du terme, je pourrais dire que je suis évêque, mais les gens me répondraient : « pourquoi pas cardinal, tant que vous y êtes ? »
La source d’erreur la plus grave et la plus fréquente en matière de compréhension de la Bible, ce sont nos partis-pris, nos préjugés, nos propres convictions.
Sans souhaiter lancer un débat sur la crémation, je vous livre l’extrait d’un article dont je préfère taire le nom de l’auteur. Je m’étonne simplement que cet exégète de renommée internationale puisse commettre une telle faute d’herméneutique. Je n’y vois qu’une seule explication, et c’est ce qui me chagrine, c’est qu’il veut faire passer sa propre prise de position avant la pensée du Seigneur. Il répond à un lecteur que l’on ne peut se faire incinérer sur la simple croyance que c’est le feu qui purifie l’homme du péché. Sur ce point, je lui donne totalement raison, mais voici donc ce qu’il écrit :
Sur base de l’Écriture, je sais que ceux qui, volontairement, se font incinérer en subiront de lourds dommages (Amos 2, 1). Mais que, selon ce même verset, Dieu envoie le feu du jugement sur ceux qui « brûlent, calcinent les os », cela est un autre problème.
Il ne convient pas que vous tentiez de justifier la crémation en affirmant que le feu constitue un jugement et sert donc à transformer et à purifier. Ce principe vaut pour Dieu seul qui peut « faire tomber le feu du jugement ». Mais l’homme n’a nullement le droit de se faire incinérer. La. Bible affirmant que le corps doit être semé, il ne peut dès lors en aucune manière être question de crémation.
Ce frère est donc opposé à la crémation. C’est son droit. D’autres vont encore plus loin en affirmant que la crémation est une abomination. Outre le texte d’Amos, ils vous balancent en vrac tous les passages où il est question de feu et de jugement. Que dit le prophète ?
Ainsi parle l’Éternel : à cause de trois crimes de Moab, Même de quatre, je ne révoque pas mon arrêt, Parce qu’il a brûlé, calciné les os du roi d’Edom. J’enverrai le feu dans Moab, Et il dévorera les palais de Kerijoth ; Et Moab périra au milieu du tumulte, Au milieu des cris de guerre et du bruit de la trompette.
Amos 2.1/2
Le roi de Moab a brûlé le corps et les os de son ennemi. Il m’arrive de dire par plaisanterie qu’il en a fait de l’engrais pour ses géraniums, mais ce n’est pas écrit. Libre à chacun de penser ce qu’il veut de la crémation, mais de quel droit pouvons-nous fonder une doctrine (car, pour certains, c’est notre salut qui est en jeu dans cette histoire) sur un fait historique isolé ? Aucune doctrine ne peut se fonder sur un texte de l’Ancien Testament sans qu’elle ait une confirmation dans le Nouveau. Aucun texte du Nouveau Testament ne peut confirmer une doctrine si elle n’a pas déjà été annoncée dans l’ancien. Or pour trouver ici de la matière doctrinale, il faut être un bon menuisier : savoir raboter la parole de Dieu jusqu’à ce qu’elle s’encastre dans nos pensées.
Plus loin, notre auteur appuie sa position en disant que de toute façon, le corps doit être semé. Il ne donne pas de référence biblique, mais je suppose qu’il pense à 1 Corinthiens 15.42/43 :
Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible ; il est semé méprisable, il ressuscite glorieux ; il est semé infirme, il ressuscite plein de force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel.
Ici encore, le lien entre le blé que l’on sème et la dépouille qu’on inhume me paraît bien ténu. Qu’en sera-t-il des marins perdus en mer ? Notre éminent théologien manie fort bien le rabot.
Si le rabot est un outil inefficace pour connaître la parole de Dieu, je vous conseillerais plutôt d’utiliser un tamis. Vous y jetez toutes vos convictions et vous secouez. Le sable fin qui tombe du tamis, c’est ce que Dieu veut que vous sachiez, les cailloux qui restent sur la grille, ce sont vos idées, vos croyances, vos expériences, vos songes, vos visions, vos prophéties, votre pasteur qui dit ceci, le frère Dupont qui dit cela… Trop de chrétiens utilisent leur tamis à l’envers : ils font passer la parole de Dieu dans le filtre de leurs idées, leurs croyances, leurs expériences, leurs songes, leurs visions, leurs prophéties, leur pasteur qui leur a dit ceci, le frère Dupont qui leur a dit cela…
J’aimerais pour conclure vous laisser méditer ces deux textes :
C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par lui sans tache et irrépréhensibles dans la paix. Croyez que la patience de notre Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens, comme celui des autres Écritures, pour leur propre ruine.
Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. À lui soit la gloire, maintenant et pour l’éternité ! Amen !
2 Pierre 3.14/18
Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son apparition et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables.
2 Timothée 4.1/4
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