43. Ton langage te fait reconnaître
Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour. Une servante s’approcha de lui, et dit : Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu veux dire. Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui se trouvaient là ; celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. Il le nia de nouveau, avec serment : Je ne connais pas cet homme. Peu après, ceux qui étaient là, s’étant approchés, dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître.
Matthieu 26.69/73
« Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. »
« Celui-ci aussi était avec Jésus de Nazareth (en Galilée). »
« Tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître ? »
Qu’entendent-ils par-là ?
Tu es de leur bande puisque tu parles comme eux.
On peut logiquement penser que Jésus et ses disciples étant Galiléens, ils avaient l’accent galiléen, et que c’est à cause de cela qu’ils ne passaient pas inaperçus en Judée. On peut parler une même langue, mais avoir un langage différent selon la région d’où l’on vient. Mon beau père, natif de la Réunion, me racontait cette anecdote :
Un contremaître voit sur son chantier un ouvrier qui n’en rame pas une. Il lui dit :
« Ou coné pas quoi faire ? (Tu ne sais pas quoi faire ?) »
Et l’ouvrier de répondre :
« Mais si, mi coné coifèr. » (Je connais le coiffeur.)
Mais nous pouvons comprendre autrement cette remarque :
Un noble ne parle pas de la même façon qu’un roturier, un bourgeois ne parle pas comme un ouvrier, un agriculteur ne parle pas comme un comptable, un voyou ne parle pas comme une personne rangée.
Un homme du monde parle comme un homme du monde, un chrétien parle comme un chrétien.
On a reconnu Pierre à son langage parce qu’il parle comme Jésus.
Tu parles comme Jésus. Cette remarque peut être laudative ou hostile, tout dépend de la compagnie où l’on est. Et justement Pierre ne se trouve pas en très bonne compagnie. Il aurait préféré qu’on ne remarque pas qu’il fit partie de la bande à Jésus, mais il s’est fait repérer… à cause de son langage.
Qu’en est-il de chacun d’entre nous ? Notre langage nous fait-il reconnaître ? Comme un ami du monde ou comme un ami de Jésus ?
Nous avons dans la Bible beaucoup d’enseignements sur la parole. Jésus lui-même nous avertit que par nos paroles nous pouvons être jugés, justifiés ou condamnés.
L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné.
Matthieu 12.35/37
C’est du sérieux ! Combien de paroles prononcées sans réfléchir, sorties tout droit du cœur sans avoir été filtrées par la raison ! Quelles sont les paroles qui me justifient ? Quelles sont celles qui me condamnent ? Ai-je parlé pour le Maître ou contre lui ?
Ai-je parlé le langage du Maître ? Si nous parlons son langage, le monde ne le comprend pas ; même les douze apôtres sélectionnés par lui ne le comprenaient pas, car ils n’étaient pas encore dégrossis. Tout en faisant partie de la bande à Jésus, ils étaient encore du monde. Il faudra que leur maître soit crucifié et ressuscité pour qu’ils comprennent enfin, pour qu’ils deviennent ses rachetés et qu’ils parlent le même langage, c’est-à-dire, qu’ils prêchent la parole de Christ.
Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera. Mais ils ne comprirent rien à cela ; c’était pour eux un langage caché, des paroles dont ils ne saisissaient pas le sens.
Luc 18.31/34
À quoi reconnaît-on le langage du monde ?
C’est un langage d’homme rusé. Voilà ce qu’Èliphaz, injustement reproche à son ami Job :
Ton iniquité dirige ta bouche, Et tu prends le langage des hommes rusés.
Job 15.5
C’est un langage de guerre et non de paix.
Car ils tiennent un langage qui n’est point celui de la paix, Ils méditent la tromperie contre les gens tranquilles du pays.
Psaume 35.20
C’est un langage de fausseté.
Si quelqu’un vient me voir, il prend un langage faux, Il recueille des sujets de médire ; Il s’en va, et il parle au-dehors.
Psaume 41.7
Par ailleurs, l’apôtre Paul exhorte son stagiaire Timothée à faire preuve de discernement. Au cours de son ministère, Timothée ne manquerait pas d’être accaparé par toute sorte de froechelles, de ces gens qui chipotent, qui débarquent dans un magasin de chaussures, essaient toutes les paires et s’en vont sans rien acheter. Certains vont se donner l’air chrétien mais nous éloigner de la vérité par des discours impies, et pendant que nous discourons avec ces messieurs, nous gaspillons du temps qui aurait pu servir à l’œuvre de Dieu. D’aucuns, à l’occasion d’une évangélisation, vont vous tenir la jambe pendant des heures alors qu’ils ont résolu de ne pas croire, et tandis que vous vous décortiquez à réfuter leurs arguments débiles, d’autres gens, tout près de vous, recherchent sincèrement la vérité et aimeraient bien que vous lui prêtiez une minute d’attention.
Évite les discours vains et profanes ; car ceux qui les tiennent avanceront toujours plus dans l’impiété, et leur parole rongera comme la gangrène. De ce nombre sont Hyménée et Philète.
2 Timothée 2.16/17
Le langage du monde est un langage opposé à celui de Dieu, parler comme le monde, c’est parler contre Dieu.
Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
Exode 20.7
Quand on évoque ce commandement, on pense en général à une exclamation, une façon concise d’exprimer ses états d’âme lorsque, voulant planter un clou, on se donne un coup de marteau sur le doigt. Prendre le nom de Dieu en vain ne se limite pas à le nommer sous le coup d’une émotion ; nous le faisons chaque fois que nous nous proclamons enfants de Dieu alors que notre conduite contredit notre confession. Quant à ceux qui ont, où prétendent avoir reçu le don de prophétie, voyons par quels termes ils introduisent leur prophétie :
« Réjouis-toi, chrétien… »
Ou par :
« Ainsi parle l’Éternel… »
Ou pire encore :
« Écoute, mon peuple, je suis l’Éternel, ton Dieu, qui te parle… »
Si cette prétentieuse introduction est suivie d’un message édifiant, c’est, dirait-on, un moindre mal, mais si, comme c’est trop souvent le cas, elle est suivie d’un flot de carabistouilles…
Enfin, passons !
Le langage du monde renie Dieu jusque dans son existence. Le péché ne consiste pas en actions seulement, mais aussi en paroles.
Au chef des chantres. De David. L’insensé dit en son cœur, Il n’y a point de Dieu ! Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables ; Il n’en est aucun qui fasse le bien.
Psaume 14.1
C’est aussi pour eux qu’Hénoc, le septième depuis Adam, a prophétisé en ces termes : Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d’impiété qu’ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu’ont proférées contre lui des pécheurs impies.
Jude 14/15
Qu’en est-il, maintenant du langage des enfants de Dieu ?
Le langage chrétien n’est pas un langage qui divise, bien au contraire, c’est un ciment qui nous unit ; ce n’est pas un langage œcuménique qui brasse les idées dans un semblant d’unité de laquelle Jésus lui-même est exclu. C’est un langage fédérateur autour de sa divine personne.
Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment.
1 Corinthiens 1.10
Le langage du chrétien n’est ni pédant ni philosophique, il ne se fonde ni sur l’érudition, ni sur la sagesse des hommes, mais sur la sagesse infinie de Dieu. Ce n’est pas un langage charnel ni mondain, c’est un langage spirituel.
Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles.
1 Corinthiens 2.13
Paul dans ses épîtres nous donne quelques exemples négatifs de l’usage de la parole. On ne doit pas parler de la débauche, ni de la cupidité, ni de l’impureté. Doit-on comprendre que ces choses soient si mauvaises qu’il faut s’abstenir de toute allusion ? Il paraît bien évident qu’il faut en parler pour les condamner ou mettre en garde ceux qui sont faibles dans la foi, mais en parler à la légère, profiter de l’ambiguïté de certains mots pour en faire un objet de plaisanteries, comme le monde sait si bien le faire, sachons nous en garder, afin que le nom du Seigneur ne soit pas galvaudé. L’humour est, selon moi, une bonne chose, d’ailleurs, les circonstances de la vie m’ont appris à apprécier le sens de l’humour de Dieu, mais notre humour, lui aussi, doit être sanctifié.
Que la débauche, ni aucune impureté, ni la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu’il convient à des saints. Qu’on n’entende ni paroles grossières, ni propos insensés, ou équivoques, choses qui sont contraires à la bienséance ; qu’on entende plutôt des actions de grâces.
Éphésiens 5.3/4
Ajoutons à tout cela la calomnie et le mensonge, toutes ces paroles sont celles de notre ancienne nature que nous avons crucifiée.
Mais maintenant, renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l’animosité, à la méchanceté, à la calomnie, aux paroles équivoques qui pourraient sortir de votre bouche. Ne mentez pas les uns aux autres, vous étant dépouillés du vieil homme et de ses œuvres, et ayant revêtu l’homme nouveau, qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé.
Colossiens 3.8/10
Et puisque nous sommes dépouillés de ce vieil homme au langage de charretier, menteur, calomniateur, amateur de blagues salaces et que nous avons revêtu l’homme nouveau, la franchise va prendre la place du mensonge, pas de « ouais, mais nan parce que ouais » ni de « nan, mais ouais parce que nan » si chers à Coluche. Pas d’équivoque.
Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin.
Matthieu 5.37
Faisons disparaître de notre vocabulaire tout ce qui décourage, tout ce qui blesse, mais que les paroles qui sortent de notre bouche soient au contraire, des paroles qui apaisent, qui fortifient le frère découragé, qui communiquent la grâce, qui donne à l’incroyant le désir de nous écouter.
Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s’il y a lieu, quelque bonne parole, qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent.
Éphésiens 4.29
Mais la grâce, si gracieuse soit-elle, est un mets bien fade si elle n’est pas assaisonnée comme il faut. On pourrait se demander pourquoi, dans ce contexte, l’apôtre nous parle de sel, si ce n’est pour nous rappeler notre rôle en tant que chrétien : donner du sel à la vie, lui donner du goût. Et si le chrétien a perdu son goût, si son christianisme est devenu une religion insipide, à quoi nous serviront nos paroles de grâce, elles ne seront plus qu’un mielleux prêchi-prêcha.
Que votre parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à chacun.
Colossiens 4.6
Rappelons-nous que la sanctification du chrétien enveloppe tous les domaines, la foi, l’amour, la conduite, la fidélité, la pureté, la bienfaisance, mais aussi le langage. N’est-ce pas de l’abondance du cœur que la bouche parle ? (Luc 6.45)
De même que vous excellez en toutes choses, en foi, en parole, en connaissance, en zèle à tous égards, et dans votre amour pour nous, faites en sorte d’exceller aussi dans cette œuvre de bienfaisance.
2 Corinthiens 8.7
Que personne ne méprise ta jeunesse ; mais sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté.
1 Timothée 4.12
Si notre langage trahit notre foi, il nous attirera immanquablement l’antipathie de ce monde, mais avons-nous pour vocation de lui plaire ? Au contraire, notre langage nous permettra d’être une occasion de bénédiction envers ceux qui souffrent, soit en tant que chrétiens, soit parce qu’ils se sentent perdus dans le monde.
Ayons l’accent chrétien.
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