31. Ne Voulez-vous pas aussi vous en aller ?

Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent : « Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ? » Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit : « Cela vous scandalise-t-il ? Et si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant ?... C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. » Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le livrerait. Et il ajouta : « C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père. » Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allèrent plus avec lui. Jésus donc dit aux douze : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » Simon Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu. »

Jean 6.60/69

Imaginez un court instant, mon cher frère, que vous soyez nommé pasteur et qu’on vous confie la charge d’une église. Vous dirigez donc votre premier culte face à un auditoire de quatre-vingt-deux personnes, mais le dimanche suivant, vous n’en avez plus que douze en face de vous. Vous ne manquerez pas de vous étonner et de demander : « Où est passé le reste de l’assemblée ? Est-ce qu’il y a une épidémie de grippe ? »

Quelqu’un vous répondra : « Ce n’est pas cela, frère : ils n’ont pas aimé votre message de dimanche dernier et ils ont dit qu’ils ne reviendront plus, tant que vous tiendrez cette chaire. »

Vous vous sentirez brusquement très mal à l’aise dans vos souliers, et vous serez envahi d’un sentiment de culpabilité et de remords, et vous demanderez pardon au Seigneur parce que vous avez écarté soixante-dix âmes de la voie du salut…

Rassurez-vous : notre Seigneur Jésus-Christ a vécu la même situation, mais il ne s’en est pas culpabilisé le moins du monde.

Jésus, en effet, s’est exprimé devant ses apôtres et ses disciples, ainsi qu’une multitude de sympathisants. Mais à la suite de son discours, la foule se retira et la plupart des disciples dirent : « cette parole est dure, qui peut l’écouter ? » (vs 60)

Jésus reprit la parole, et l’on était en droit de s’attendre à ce qu’il arrondisse les angles afin de calmer le malaise, mais à la suite de son intervention, la rupture fut brutale, et ses disciples mécontents le quittèrent. (vs 66)

Il ne restait auprès de Jésus que les douze apôtres à qui il posa cette question :

Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? (verset 67)

Pierre, inspiré par le Saint-Esprit, répondit :

Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. (verset 68)

À vue humaine, le Seigneur Jésus a été très maladroit. Si cet incident s’ébruite, aucun pasteur n’invitera Jésus à prêcher chez lui : « Je ne tiens pas à ce qu’il me vide mon église, j’ai eu suffisamment de mal à la remplir ! »

Il existe des centaines de méthodes pour remplir une salle, ou du moins pour l’empêcher de se vider. Jésus aurait pu les utiliser : employer un langage politicien qui ménagerait la chèvre et le chou, éviter de dire à ses auditeurs des vérités qui pourraient les offenser, leur dire plutôt ce qu’ils aiment entendre, que Dieu les aime, qu’il veut les bénir, qu’un puissant réveil arrive au grand galop, qu’une fois qu’ils sont sauvés, ils ne pèchent plus, même s’ils continuent à vivre dans le péché. Jésus n’aurait jamais dû dire à ceux qui veulent le suivre qu’ils doivent renoncer à eux-mêmes, et se charger de leur croix. Cet Évangile était bon pour nos grands-mères. Tout cela est périmé.

Les chrétiens du réveil s’étaient libérés de la loi de Moïse pour se soumettre à la loi de Christ. Faudrait-il dire aux chrétiens d’aujourd’hui qu’ils sont libérés à la fois de la loi de Moïse et de la loi de Christ ? Une telle théologie maintiendrait sans doute un auditoire dynamique sur les bancs de l’église.

L’apôtre Paul nous a bien prévenus lorsqu’il dit à Timothée :

Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables.

2 Timothée 4.3/4

C’est pour se rendre agréables que certains évangélistes ont choisi de prêcher la théologie de la prospérité.

Cette recette née aux États-Unis, mais qui couvre maintenant la surface du globe, présente Dieu comme un Père-Noël. « Que voulez-vous trouver dans vos petits souliers ? Une Ferrari ? Un yacht ? Une villa à Saint-Tropez ? Un neuf pièces avenue Foch ? Une cage à lapins à Ostende ? Eh bien ! Convertissez-vous, et le Seigneur comblera tous vos désirs, à condition, bien sûr, que vous mettiez beaucoup d’argent dans la corbeille. » Une telle prédication est une insulte lancée à la face des martyrs, de ceux qui, plutôt que renier leur Dieu, se sont résignés à supporter la confiscation de leurs biens, la perte de leur liberté et même de leurs vies.

À ce même Timothée, Paul, qui aime Dieu et la vérité par-dessus tout, prodigue ce conseil :

Prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant.

2 Timothée 4.2

« Cette parole est dure ! » S’écrient les disciples désappointés. Mais de quelle parole s’agit-il ? Résumons ce long chapitre 6 :

La foule suivait Jésus parce qu’elle venait d’assister à un grand miracle, et qui plus était, un miracle alimentaire. Ceux-là aussi échafaudaient déjà leur théologie de la prospérité.

Sur la base de cet événement, Jésus va leur donner un enseignement :

« Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et vous-mêmes avez été rassasiés par les pains que j’ai multipliés. Mais maintenant, j’ai un autre pain à vous donner, celui-ci ne rassit pas et vous pourrez l’emporter même dans l’éternité » (versets 26/27, citation substantielle).

Les auditeurs avaient les yeux rivés sur les lèvres de Jésus : quel produit miracle allait-il maintenant nous fournir ?

Le Seigneur prononce alors son célèbre discours sur le pain de vie :

Car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or, la volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour.

Jean 6.38/40

Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts : celui qui mange ce pain vivra éternellement.

Jean 6.57/58

Ceux qui l’ont suivi sont maintenant très déçus. Ils ont vite compris que le pain de vie dont parlait Jésus ne se mangeait pas. « Voilà donc où il venait en venir : la vie éternelle ! J’aurai dû me douter que c’était un attrape-nigaud. On ne multiplie pas les pains comme ça sans raison. La vie éternelle, ça ne m’intéresse pas. Quand on est mort, on est bien mort ! »

Cette parole n’était pas humaine, c’était une parole du Christ, inspirée du Dieu vivant. Dès ce moment, elle va commencer son œuvre : le miracle a rassemblé les hommes, mais la parole de Dieu va les séparer. Si nous prêchons de nos chaires un discours politique ou philosophique, nous allons rassembler les hommes, mais si nous prêchons la parole inspirée de Dieu, nous allons les diviser.

Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur.

Hébreux 4.12

Cette parole est une épée, nous pourrions dire un bistouri. Elle va opérer chirurgicalement le cœur et la chair de l’homme. Elle séparera la vérité du mensonge. Elle séparera l’amour de Dieu de l’amour du monde. Elle séparera la sincérité de l’hypocrisie. Elle séparera la sainteté de l’impiété. Elle séparera la chair de l’Esprit. Elle séparera la foi de l’incrédulité. Elle séparera la piété de la débauche. Elle mettra en évidence les motivations profondes : pourquoi veux-tu suivre Jésus ? Parce que tu es pécheur et que tu veux être sauvé ? Parce que tu l’aimes et que tu désires le servir ? Ou est-ce parce que tu veux te servir de lui ? En prêchant la parole, nous mettons l’âme du pécheur à nu.

Jésus n’a pas voulu tromper ses disciples en leur promettant la facilité et les honneurs ; il ne leur a pas caché la vérité.

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la sauvera. Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruisait ou se perdait lui-même ? Car quiconque aura honte de moi et de mes

paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui, quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges.

Luc 9.23/26

Mais, avant tout cela, on mettra la main sur vous, et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous mènera devant des rois et devant des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous arrivera pour que vous serviez de témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit de ne pas préméditer votre défense ; car je vous donnerai des paroles et une sagesse telles que vos adversaires ne pourront leur résister ou les contredire. Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d’entre vous. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom. Mais il ne se perdra pas un de vos cheveux ; par votre persévérance vous sauverez vos âmes.

Luc 21.12/19

Josué fit un jour une mission d’évangélisation tout à fait remarquable. Au terme de la mission, il a fait un appel :

Maintenant, craignez l’Éternel, et servez-le avec intégrité et fidélité. Faites disparaître les dieux qu’ont servis vos pères de l’autre côté du fleuve et en Égypte, et servez l’Éternel. Et si vous ne trouvez pas bon de servir l’Éternel, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir, ou les dieux que servaient vos pères au-delà du fleuve, ou les dieux des Amoréens dans le pays desquels vous habitez. Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel.

Josué 24.14/15

Le succès fut total. Tout le peuple se leva d’une seule âme : « Nous voulons abandonner nos idoles et donner notre cœur à l’Éternel. » Oseriez-vous imaginer un évangéliste dire à tous ceux qui se sont levés : « Vous pouvez vous rasseoir, vous avez répondu à l’appel pour me faire plaisir, mais vous ne serez pas capable de marcher une semaine avec Dieu ! » Car c’est bien, en substance, ce que Josué leur a dit :

Vous n’aurez pas la force de servir l’Éternel, car c’est un Dieu saint, c’est un Dieu jaloux ; il ne pardonnera point vos transgressions et vos péchés. Lorsque vous abandonnerez l’Éternel et que vous servirez des dieux étrangers, il reviendra vous faire du mal, et il vous consumera après vous avoir fait du bien.

Josué 24.19/20

Josué a eu le courage de leur dire : « Faites bien attention : on ne s’engage pas pour Dieu à la légère. Si vous voulez vraiment vous convertir, il faudra lui obéir, renoncer à vos passions et abandonner vos idoles, marcher en nouveauté de vie, vous devrez vivre pour lui. »

Et le peuple répondit : « Nous avons très bien compris cela ; mais nous voulons le servir et marcher avec lui jusqu’au bout. » (versets 21/24, citation substantielle)

Après cette dure parole du Seigneur, l’agitation a gagné la foule qui se dispersa. Devons-nous nous inquiéter si la pure prédication de l’Évangile sème le trouble dans le monde et recueille sa réprobation ?

Mais nous voyons cette même parole semer aussi la dispersion parmi les disciples de Christ. Voilà qui nous interpelle ! J’appartiens à l’Église du Seigneur, est-ce que j’accepte d’obéir à sa parole parce que je crois qu’elle est la vérité ? Mettrai-je au contraire le drapeau de la foi en berne ? Est-ce que je considère mon confort et mes plaisirs plus pressants que ma consécration à Christ ? Est-ce que je dois imposer des limites au Seigneur ? Est-ce que dans ma Bible, je trouve à prendre ou à laisser selon mon propre désir ?

Celui ou celle qui s’engage dans les eaux du baptême a-t-il été bien informé du sérieux de son engagement ? Lui a-t-on bien expliqué qu’il mourrait à lui-même pour devenir une nouvelle création ?

Un jour où l’autre, le Seigneur Jésus nous posera cette question : « Ne veux-tu pas toi aussi t’en aller ? »

Si nous avons été préparés à suivre Christ en écoutant sa parole, nous n’hésiterons pas à lui répondre :

Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu.

Jean 6.68/69

C’est ce que l’apôtre Pierre a répondu, animé par l’Esprit de Dieu. Jésus lui-même l’affirme quand une autre fois, il confesse : « Tu es le Christ ! »

Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Jésus, reprenant la parole, lui dit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. »

Matthieu 16.15/17

Pierre a donc choisi de marcher par l’Esprit, mais ceux qui ont choisi de marcher par la chair n’ont pas pu supporter la parole de Christ. Elle est trop dure pour eux. C’est pourquoi Jésus peut proclamer :

C’est l’Esprit qui vivifie ; la chair ne sert à rien. Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie. (verset 63)

Christ est le pain de vie, ainsi qu’il nous l’a enseigné, la vie qui est en lui nous est transmise par son Saint-Esprit. Il a placé chacun devant un choix :

Choisis entre la vie et la mort :

J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours, et c’est ainsi que tu pourras demeurer dans le pays que l’Éternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob.

Deutéronome 30.19/20

Choisis entre la chair et l’Esprit :

Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. »

Jean 3.5/8

Choisis entre les désirs de la chair et la parole de Dieu :

Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous. Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.

Jean 14.24/26

Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur, puisque vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu. Car Toute chair est comme l’herbe, Et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe sèche, et la fleur tombe ; Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile.

1 Pierre 1.22/25

Sur les cinq mille hommes, plus les femmes et les enfants, qui ont bénéficié de la multiplication des pains, seul douze ont fait le bon choix.

C’est pourtant dans l’obéissance à la parole que nous trouverons l’épanouissement de la vie, tant pour notre église que pour nous-mêmes.