Acte premier
Illustration : Stéphanie Lebeau.
Le Palais royal. Fergon est endormi sur son trône. Pendant toute la pièce, il ne se séparera jamais de sa lance. Choudasté, Choudago et les courtisans entrent en scène les uns après les autres pendant l’ouverture.
Scène première
FERGON – CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – CHŒURS
CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – CHŒURS
Tout est tranquille,
Fergon docile
Affalé sur son trône d’or
Comme un nourrisson, le roi dort.
Le calme et le repos dureront-ils encor ?
Cette paix si fragile...
Notre implacable souverain,
Dès son éveil, je le crains,
Nous poursuivra de sa folie.
Sa démence est accomplie.
Alors, profitons de l’instant,
Amusons-nous, car il est temps,
Ducs et barons, marquis et marquises,
Jusqu’à la prochaine crise,
Écoutons ce tyran,
Vieux monarque exubérant.
Fergon, le diable l’emporte,
À nous fatiguer de la sorte.
Puisse-t-il dormir à toujours
Jusqu’à l’infernal séjour.
Quelle torture,
Ce roi nous aura par l’usure.
Maudit compagnon !
(Musique et danses. Fergon se réveille.)
FERGON
Les champignons ! Les champignons !
CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – CHŒURS
Et voilà ! Ça recommence !
Le bon roi, dans sa démence
Apporte en ces lieux l’enfer
Pour le malheur de ses pairs.
Asservi par ses lubies,
Le voilà reparti dans sa mycophobie.
Chaque jour
C’est la même chose.
Jamais il ne se repose.
Si de sa voix de velours
Il parlait au moins de roses !
FERGON
Le champignon ce n’est pas moi !
C’est l’omelette !
CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – CHŒURS
Comment peut-il être aussi bête ?
L’omelette, à présent ! Pauvre roi !
Pour que la saveur soit complète
Il faut ajouter du jambon !
FERGON
Claudinius, va-t’en, je t’en prie !
Va-t’en je ne t’ai pas invoqué !
Tu me poursuis dans ta furie,
À quoi te sert de me traquer ?
Je ne t’ai rien pris de la vie :
C’est l’omelette de l’enfer.
Ce fantôme hideux me tourmente
Mon cœur battu se fond d’épouvante !
Rentre vite à l’infernal séjour !
Choudago ! Choudasté ! Au secours !
(Fergon tombe de son trône.)
❖
CHOUDASTÉ
Il en est ainsi tous les jours, le roi Fergon se traîne à terre, roulant sur lui-même, comme consumé par un feu intérieur, vociférant des paroles incohérentes.
CHOUDAGO
Le voilà maintenant prostré, haletant comme un chien essoufflé. Il s’épuise lui-même et finira par s’apaiser.
CHOUDASTÉ
Jusqu’à la prochaine crise.
CHOUDAGO
Cela ne peut durer ; un royaume ne peut subsister avec un roi tel que lui.
CHOUDASTÉ
Nous avons convoqué trois grands médecins.
CHOUDAGO
Des médecins, à quoi bon ? Ils défilent par centaines et notre roi est toujours fou à lier.
CHOUDASTÉ
Je voulais dire : trois guérisseurs. Quand la science capitule, la magie reprend la guerre.
CHOUDAGO
Eh bien ! soit. Où sont-ils donc ?
CHOUDASTÉ
Les voilà, justement. Mais remettons ce vilain roi sur sa chaise, afin de lui donner un semblant de dignité.
(Choudasté et Choudago remettent Fergon, amorphe, sur son trône. Choudago trébuche.)
CHOUDAGO
Je me suis foulé l’épaule.
(Entrent Prokol, Kolargol et Vitriola)
Scène II
FERGON – CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – PROKOL – KOLARGOL – VITRIOLA – CHŒURS
CHOUDASTÉ
Vous voilà enfin, les faiseurs de miracles. Il est temps, car les crises du roi s’aggravent de jour en jour, et vous êtes notre seul espoir de le voir guéri.
❖
PROKOL – KOLARGOL – VITRIOLA
Nous sommes Prokol
Vitriola, Kolargol,
Voués à votre service
Et prêts à tout sacrifice.
Nous guérirons notre roi.
C’est payant, comme il se doit.
Nous avons tous trois de brillants diplômes
Et de tout ce prestigieux royaume
Nous sommes les plus grands savants.
CHŒURS
Les plus grands savants du royaume,
Le veston couvert de diplômes.
N’ont-ils pas été formatés
Dans la plus grande faculté ?
FERGON
Vous êtes nos meilleurs savants ;
J’en suis bien aise. Maintenant,
Montrez-nous votre savoir-faire.
PROKOL
À toi mon frère.
KOLARGOL
À toi d’abord.
CHOUDASTÉ
Mettez-vous donc d’accord.
FERGON
C’est l’omelette !
CHOUDAGO
Allons ! Vite !
Il vous faut agir tout de suite.
KOLARGOL
Je vois dans ce sombre regard
La maladie du Balbuzard.
PROKOL
De l’escargot, voulez-vous dire.
KOLARGOL
Cessez donc de me contredire.
Un escargot ne saurait voler.
CHOUDASTÉ
Lézard ou papillon, tout ce que vous voulez !
Mais que le roi guérisse !
CHŒURS
Oui, guérissez Sa Majesté.
Cessez donc de vous disputer.
Qu’importe, busard ou tortue
La querelle est fort malvenue.
PROKOL
Voulez-vous que le roi guérisse ?
Qu’on lui fasse bouillir le foie d’une génisse.
FERGON
Pouah ! Beurk !
KOLARGOL
D’une génisse ! Allez, mon vieux,
Soyez sérieux !
Que dans la panse d’une chèvre,
On concocte pour ses lèvres
Un onguent
De jus de serpent.
FERGON
Je vais vomir.
PROKOL
Docteur extravagant
Qui professe l’ignorance !
Rebouteux, charlatan !
Homéopathe
Et psychopathe !
Allopathe !
Mallopathe !
CHŒURS
Quels noms d’étranges animaux !
De quadrupèdes, ou bien d’oiseaux !
PROKOL
Pour opérer la délivrance,
Qu’un épha de saindoux bien rance...
KOLARGOL
Ça, vous n’êtes qu’un sot !
Il faut mélanger dans un pot
De l’huile d’arachide
À la poudre de cantharide.
FERGON
Et vous qui ne dites rien,
Gardez-vous le meilleur pour la fin ?
VITRIOLA
Tous deux, je les tiens pour bêtes :
De joyeux analphabètes.
FERGON
Et dans votre tête ?
VITRIOLA
Le mal de Fergon
Lui vient du démon.
Tel un parasite
Le diable s’invite.
Mais pour le chasser,
S’en débarrasser,
Selon les doyens,
Pour le mettre en fuite,
Il n’est qu’un moyen :
Un peu d’eau bénite,
De la graisse d’ours,
Douze fois par jour,
Puis à chaque lune,
Pour votre fortune,
Cueillir dans le ciel
Un rayon de miel.
FERGON
Ah ! sottise sans pareille !
Depuis quand le miel vole-t-il ?
VITRIOLA
Le miel non, mais les abeilles...
PROKOL
Vous êtes race d’agosil !
CHŒURS
Vous êtes race d’agosil !
De chenapan !
De sacripant !
De charlatan !
Allez ! Bélître de pédant !
FERGON
Cela suffit ! Allez-vous-en !
❖
(Les trois guérisseurs s’éloignent en s’injuriant.)
CHOUDASTÉ
Hélas ! ce ne sont pas ces trois zigotos qui guériront notre pauvre roi.
CHOUDAGO
Alors que faire ? Le roi ne guérira donc jamais ?
CHOUDASTÉ
Tiens ! voilà cet illuminé de Philippullus !
FERGON
Il ne nous manquait plus que celui-là !
CHOUDASTÉ
Écoutons-le. Au point où nous en sommes !
❖
Scène III
FERGON – CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – PHILIPPULLUS – CHŒURS
PHILIPPULLUS
Bien sûr, on ne m’attendait pas,
De moi, ne faites aucun cas.
J’ai pourtant mille choses à dire
Pour sauver le trône et l’empire.
FERGON
Eh bien ! parle !
PHILIPPULLUS
Je suis le grand Philippullus.
CHŒURS
Nous le savions déjà.
PHILIPPULLUS
Je suis encore plus.
CHŒURS
Écoutons donc ! Il est bien plus.
Qu’il est grand, ce Philippullus !
PHILIPPULLUS
Je suis l’éclairé qu’enseignent les nuages
Je suis bien supérieur à vos voyants et mages.
Tel orchestre bien accordé
Le firmament par moi guidé
Entonne à ma gloire infinie,
Une céleste symphonie.
Inutile d’en dire plus :
Je suis le grand Philippullus.
CHŒURS
Inutile d’en dire plus :
Il est le grand Philippullus.
FERGON
Qu’en est-il de ton grand savoir ?
PHILIPPULLUS
Cette nuit dans un ciel tout noir
J’ai vu scintiller la comète,
Vers l’occident penchant la tête.
FERGON
Et alors ?
PHILIPPULLUS
Alors, c’est un signe très fort :
Dans quatre jours la fin du monde.
Sous vos pieds, déjà, l’enfer gronde.
On ne rit plus.
Je suis le grand Philippullus.
CHŒURS
Dans quatre jours la fin du monde.
Sous nos pieds, déjà, l’enfer gronde.
On ne rit plus.
C’est lui le grand Philippullus.
FERGON
Qu’allons-nous devenir ?
PHILIPPULLUS
Le Tout-Puissant va vous punir.
Que toute chair vile et mortelle,
Impie, mécréante et rebelle
Fasse pénitence à l’instant.
Repentez-vous, car il est temps.
Ainsi finit la tragédie.
Inutile d’en dire plus.
Je suis le grand Philippullus.
CHŒURS
Repentons-nous, car il est temps.
Ainsi finit la tragédie.
Inutile d’en dire plus.
C’est lui le grand Philippullus.
FERGON
N’as-tu pas de meilleures nouvelles,
Vieux prophète sans cervelle ?
PHILIPPULLUS
Prophète je suis, avec un grand P
Avec les esprits toujours occupé.
Mes prédictions jamais ne s’égarent
Et quoi qu’en disent les sots et les ignares.
Je suis l’esprit gavé de vérités,
Savant docteur, et maître breveté.
Que faut-il en dire de plus ?
Je suis le grand Philippullus.
CHŒURS
Que faut-il en dire de plus ?
C’est lui le grand Philippullus.
FERGON
Beau harangueur, fichue tête de mule,
Vas-tu longtemps nous briser les rotules ?
Qu’importent donc ces fades-vérité ?
Mais parle-moi plutôt de ma santé.
Si tu me la rendais, je serais redevable
Car tous mes guérisseurs en sont fort incapables.
❖
PHILIPPULLUS
Une minute ! la révélation ne vient pas comme une fleur. Il faut que je me concentre, figurez-vous. Je dois entrer en transe et attendre que l’esprit daigne me répondre, ce qui n’est pas gagné.
FERGON
Eh bien ! dépêchez-vous d’entre en transe et d’en sortir.
PHILIPPULLUS
Voilà ! Voilà ! Ça vient ! L’esprit arrive. Il est ici ! Il me parle.
FERGON
Ce n’est pas trop tôt ! Et que dit-il, cet esprit ?
❖
PHILIPPULLUS
Pour sauver le roi Fergon,
Pour sa pleine délivrance
Il faut puiser dans l’enfance.
CHŒURS
Puiser dans l’enfance ? Ah bon ?
PHILIPPULLUS
Oui, j’ai bien dit : un enfant
Entre sept et quatorze ans,
Un orphelin sans défense.
CHŒURS
Sans défense, oui, vraiment ?
PHILIPPULLUS
Qu’importe, fille ou garçon,
Cherche-le sans négligence,
Mais retiens cette leçon...
CHŒURS
Quelle est la leçon ? Pardon ?
PHILIPPULLUS
De la harpe il te jouera,
Ton mal point ne guérira
Mais calmera ta souffrance.
CHŒURS
Un enfant qui joue de quoi ?
PHILIPPULLUS
De la harpe.
CHŒURS
Mais pourquoi ?
PHILIPPULLUS
Ne cherchez pas à comprendre.
FERGON
Que l’on parte sans attendre
Chercher l’enfant musicien
Écolier ou collégien
Qui saura jouer si bien.
Parcourez toutes les pistes
Pour me trouver cet artiste.
CHŒURS
Que l’on parte sans attendre
Chercher l’enfant musicien
Écolier ou collégien
Qui saura jouer si bien.
Parcourez toutes les pistes
Pour me trouver cet artiste.
❖
CHOUDASTÉ
Un enfant qui joue de la harpe, c’est facile à dire ; d’abord, il faut trouver l’enfant, ensuite, il faut trouver la harpe.et quand nous aurons rassemblé les deux, qu’est-ce qui nous prouve que l’un saura jouer de l’autre ?
FERGON
Une harpe, Avons-nous une harpe dans le palais ? Quelqu’un sait-il ce que c’est qu’une harpe ?
CHOUDAGO
Un instrument de musique.
FERGON
Merci, me voilà bien renseigné ! À quoi cela ressemble ?
CHOUDASTÉ
Qu’on aille chercher monsieur Silasol, le directeur du conservatoire. Il est censé s’y connaître en instruments de musique.
(Silasol sort des rangs.)
Scène IV
FERGON – CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – PHILIPPULLUS – SILASOL – CHŒURS
SILASOL
Il n’est pas nécessaire de m’envoyer quérir. J’étais ici, tranquillement caché parmi les chœurs.
CHOUDASTÉ
Alors, nous attendons votre science.
❖
SILASOL
Dans notre royal conservatoire
Nous avons, vous pouvez bien me croire,
Grosse caisse, triangle et tambour
Pour divertir votre noble cour.
❖
FERGON
Mais une harpe ?
❖
SILASOL
De bien riches et beaux instruments,
De cuivre, lustrés, tout reluisants.
Cymbales à la voix sans pareille,
De quoi vous fracasser les oreilles.
❖
FERGON
Mais cette harpe ?
SILASOL
Puis-je me permettre de rappeler à Votre Majesté qu’elle a elle-même interdit toute formation musicale, à l’exception des fanfares ?
❖
Nous enseignons la trompette,
Mais pas de clarinette.
Mes enfants jouent du tuba
Mais point d’harmonica,
Virtuoses du trombone
Mais pas de saxophone,
À satiété de l’euphonium,
Pas d’harmonium.
Dans la fanfare
Point de guitare.
❖
FERGON
Donc, point non plus de harpe.
❖
SILASOL
Incroyable anaconda d’airain
Que l’on enroule autour de ses reins,
J’ai le solo de soubassophone :
Écoutez-moi donc comme il résonne.
(Un élève lui apporte un soubassophone. Solo avec accompagnement d’orchestre.)
FERGON
Et pon, pon, pon, et pon, pon, pon...
Le diable emporte l’hélicon !
Concerto sans harmonie !
Horrible cacophonie !
Cet abominable machin
Qui ne ressemble à rien
Ne me soulagera guère.
Mes conseillers, que faut-il faire ?
CHOUDASTÉ
Trouver l’enfant.
CHOUDAGO
Et l’instrument.
❖
FERGON
Alors ! Allez-y ! Qu’est-ce que vous attendez ? Que votre pauvre roi meure, terrassé par ce démon qui le tourmente jour et nuit ? Allez ! Allez ! Choudasté, Choudago, vous devriez déjà être revenu avec ce balbouzin.
CHOUDASTÉ
Un enfant qui joue de la harpe, j’aimerais tous vous y voir ! Même au Conservatoire royal, on n’en a pas trouvé.
FERGON
Eh bien ! Cherchez ailleurs. Dans la ville, dans les villages, dans les campagnes, au bord de la mer, dans les montagnes. Mon royaume est vaste ; il doit bien se trouver quelque part une harpe et, autre part, un enfant capable d’en jouer. Et vous, Philippullus, grand prophète et grand guérisseur, vous ne dites rien ?
PHILIPPULLUS
J’ai déjà tout dit.
(Ganael, tenant une harpe éolienne, paraît sur le devant de la scène.)
Scène V
FERGON – CHOUDASTÉ – CHOUDAGO – PHILIPPULLUS – SILASOL – GANAEL – CHŒURS
GANAEL
J’en ai une, j’en ai une.
FERGON
Que dis-tu, garnement ?
GANAEL
J’en ai trouvé une, une harpe, vous dis-je. La voilà.
CHOUDASTÉ
Sire, vous voyez qu’il faut savoir faire confiance à la providence.
FERGON
Et tu sais en jouer ?
SILASOL
Cela n’a pas l’air bien difficile. Quatre tuyaux de cuivre. Un instrument qui n’offre en tout et pour tout que quatre notes, comme le clairon.
FERGON
J’imaginais quelque chose d’un peu plus grandiose. Allons ! Joue, mon petit. Nous verrons bien si ces quatre bouts de ferraille vont parvenir à chasser le diable.
GANAEL
Euh...
FERGON
Alors ? J’attends.
❖
SILASOL
C’est une harpe, en effet.
CHŒURS
Une véritable ?
SILASOL
Si fait.
Ce qu’on fait de plus harpe.
CHŒURS
Volubile comme une carpe.
CHOUDAGO
Souffle, petit.
GANAEL
Dans quel tuyau ?
CHŒURS
Garde-toi bien de souffler faux.
❖
FERGON
Où l’as-tu donc trouvée, cette harpe ?
GANAEL
Accrochée à une branche.
❖
SILASOL
C’est une harpe éolienne,
Point besoin d’être musicien.
Une invention très ancienne,
Mais le vent seul en joue bien.
CHŒURS
Invoquez donc la tempête
Et qu’elle souffle à tue-tête.
FERGON
Qu’elle souffle jour et nuit !
Je veux entendre son bruit.
PHILIPPULLUS
Est-il bien question de vent ?
J’ai parlé d’un jeune enfant.
FERGON
Je vois qu’on se paie ma tête !
Philippullus, vain prophète !
Et toi, jeune garçon,
Dis-moi : quel est ton nom ?
GANAEL
Ganael.
FERGON
Prénom bizarre.
Mais ton insolence est rare.
Qu’on le balance enprison
Avec l’homme à l’hélicon.
GANAEL
Celle-là, c’est vraiment la meilleure !
À quoi bon me lever de bonne heure
À servir mettre tout mon savoir
Pour moisir dans un cachot tout noir ?
Elle est forte !
CHŒURS
Elle est vraiment trop forte.
GANAEL
Pour guérir notre roi de sa peine,
J’ai trouvé cette harpe éolienne
J’ai grimpé, au péril de mon corps
Et pensé rapporter un trésor.
Lettre morte !
CHŒURS
Vains efforts ! Lettre morte !
GANAEL
Qu’on me reprenne à rendre service !
Je ne prends plaisir au sacrifice
Et j’en suis fort mal récompensé.
Pauvre enfant, Ganael offensé !
Diable emporte !
CHŒURS
Que le diable l’emporte !
FERGON
Pardon, jeune garçon, je suis bien malheureux.
S’il te plaît, pardonne ma sottise.
Je suis désappointé, mais tu es généreux.
Qu’on lui donne quelque friandise.
❖
Soit ! Tu n’iras pas en prison, pas plus que le joueur d’hélicon.
SILASOL
Soubassophone, si Votre Majesté le permet.
FERGON
Allons-y pour soubassophone ; mais j’ordonne que Choudasté et Choudago, mes dévoués serviteurs, escortés par la fanfare qui les aidera dans leurs recherches et leur donnera du courage, parcourent tout le royaume jusqu’à ce qu’ils aient trouvé cette harpe, ainsi que le jeune virtuose qui lui est associé.
❖
CHOUDASTÉ – CHOUDAGO
Les Servitudes et les corvées
À chaque fois nous sont réservées.
Pour le plaisir de Sa Majesté
Il nous faut toujours crapahuter !
CHOUDAGO
Et ce bras qui me fait tant souffrir,
Dites-moi, qui pourra le guérir ?
PHILIPPULLUS
Il guérira par le son de la harpe,
En attendant qu’il le porte en écharpe.
(La fanfare joue pendant que la scène se vide.)
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