Chapitre XXII - La confession de Félixérie
Félixérie pleurait.
Elle était fière d’avoir flanqué à son ami la paire de baffes bien méritée, mais elle désespérait à l’idée de l’avoir perdu.
« Félixérie. Sandra veut te voir. »
Après la tristesse, la peur.
« Si jamais elle sait que j’ai surpris Sigur en train de nous trahir et que je l’ai laissé filer, elle va me défoncer le portrait ! »
« Félixérie, je suis inquiète. Voilà déjà deux jours que personne n’a vu Sigur, et un de nos chevaux manque à l’appel. Comme je sais que tu es en très bons termes avec lui, j’ai pensé qu’il t’a peut-être dit quelque chose.
– Non, Sandra. À moi non plus, il ne m’a rien dit. Je m’inquiète aussi. Justement, je voulais t’en parler.
– Il faudra que je mette Zoé au courant. Elle va m’accabler de reproches : j’aurai dû l’avertir avant. »
Félixérie se trouvait rassurée de sortir du bureau de Sandra vivante et en un seul morceau. Mais ce soulagement laissa vite la place à une vive agitation intérieure.
Elle avait protégé son ami en couvrant sa fuite. Et maintenant ? Il avait, bien entendu, rejoint le camp de l’ennemi en lui fournissant des indications stratégiques. Bientôt, l’armée de Thanatos allait les attaquer et les massacrer. Elle sait tout cela, mais elle ne dit rien. D’abord, elle s’est tue pour sauver la vie de Sigur, à présent elle se tait pour sauver la sienne.
« Il faut que j’aille tout dire à Sandra ! – Oh, non ! Elle va me tuer !
Je vais mourir de toute façon.
Je vais m’enfuir. – Pour aller où ? »
Elle prit enfin la décision qui lui semblait la moins mauvaise :
« Je vais tout avouer à Zoé. Elle va me souffler dans les bronches un vent de force sept ! »
Elle courut la chercher. Vite avant qu’elle se dégonfle. Elle la trouva enfin sous le chapiteau, en conversation avec Django.
« Zoé, il faut que je te parle.
– Une minute, s’il te plaît.
– C’est urgent.
– Pas au point de t’autoriser à m’interrompre.
– C’est une question de survie. »
Zoé soupira.
« Excuse-moi, Django. Nous reparlerons de tout cela plus tard. »
Puis elle l’entraîna vers le fond de la tente.
« Alors ? Qu’est-ce qu’il t’arrive de si grave ?
– Tu sais que Sigur a disparu ?
– Oui, Sandra vient de m’en parler. Et personne ne sait où il est, pas même toi, sa meilleure amie. »
Félixérie baissait la tête et parlait à voix basse :
« Je lui ai menti.
– Pourquoi ?
– J’ai eu peur.
– Alors, dis-moi la vérité.
– Si tu le répètes à Sandra, elle va me démolir.
– Je ne lui dirai rien. C’est promis. Maintenant, je t’écoute. »
La honte au visage, Félixérie rendit compte de la trahison de son ami et de sa propre attitude.
Zoé en colère, sa crinière était en ébullition.
« Et pourquoi as-tu attendu tout ce temps pour m’en parler ? »
Félixérie pleurait.
« Je ne savais pas ce que je devais faire.
– Tu as commis une faute grave, et tu seras punie, » dit-elle froidement.
Félixérie tombait sur les genoux et pleurait de plus belle.
« Je t’en supplie ! Traite-moi comme tu le veux, mais ne me retire pas ton amitié. »
Malgré sa sévérité, Zoé sentait la pitié l’envahir. Elle passa sa main dans les cheveux de Félixérie.
« Tu aimes Sigur ? N’est-ce pas ?
– Oui, » dit-elle à travers ses larmes.
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