54. Qu’y a-t-il au menu, des cailles
ou de la manne ?
Les enfants d’Israël mangèrent la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée dans un pays habité ; ils mangèrent la manne jusqu’à leur arrivée aux frontières du pays de Canaan.
Exode 16.35
La manne cessa le lendemain de la Pâque, quand ils mangèrent du blé du pays ; les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, et ils mangèrent des produits du pays de Canaan cette année-là.
Josué 5.15
Durant ces quarante ans de marche dans le désert, Israël a été nourri de la manne au jour le jour. Dans le livre de Josué, le peuple choisi, au terme de ce long voyage, entre enfin dans le pays promis. Il célèbre d’abord la pâque, symbole pour Israël de la fin de l’esclavage en Égypte, symbole pour l’Église et pour chaque chrétien de la fin de l’esclavage dans ce monde, puis la manne cesse d’exister.
Quels enseignements l’Église pourrait-elle en tirer ?
Commençons par une question : la manne, qu’est-ce que c’est ? Eh bien justement ! La manne, ça veut dire « qu’est-ce que c’est ? »
Qu’est-ce que c’est : c’est d’abord un don de Dieu. Dans le désert, il n’y a pas d’eau, pas de fourrage pour le bétail, pas de blé, pas de boulangerie pour acheter du pain, pas de boucherie pour acheter des merguez. Rien. Le Seigneur aurait pu, dès la traversée de la mer Rouge, donner cette manne, mais il a préféré attendre que le peuple comprenne qu’il en avait besoin.
Malheureusement, les Israélites ne manifestent pas ce besoin, comme ils l’auraient dû, par la prière et par la foi, ils le manifestent, au contraire, par des revendications, des gémissements, des murmures, de la révolte. Ils murmurent contre Moïse et Aaron. Il faut bien que ce soit la faute de quelqu’un !
Et toute l’assemblée des enfants d’Israël murmura dans le désert contre Moïse et Aaron. Les enfants d’Israël leur dirent : Que ne sommes-nous morts par la main de l’Éternel dans le pays d’Égypte, quand nous étions assis près des pots de viande, quand nous mangions du pain à satiété ? Car vous nous avez menés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude.
Exode 16.2/3
La nostalgie !
Nous arrive-t-il, dans notre vie chrétienne, d’avoir la nostalgie ? C’était mieux dans le temps !
Oui, d’accord, je suis chrétien, mais tout de même, quand j’étais dans le monde, j’avais plus de liberté. Quand j’avais envie d’aller danser, j’allais danser ; si j’avais envie, le dimanche matin, de faire la grasse matinée, eh bien ! je restais au lit. Maintenant, c’est fini : il faut se lever de bonne heure pour aller à l’église.
Cela peut nous arriver, parce que nous sommes des hommes sujets à des faiblesses. Ce qui serait grave, c’est que cela devienne une habitude. Mais si nous demeurons dans cet état, Dieu nous rappelle à l’ordre. C’est ce qui va se passer avec Israël.
Oui, d’accord, nous sommes le peuple élu, Dieu nous a libérés, mais quand même, en Égypte, on mangeait bien, il faut le reconnaître, la viande était bonne et le vin était bon. La gastronomie égyptienne, c’était tout de même quelque chose ! On se prenait bien quelques coups de fouet, mais ça fait partie de la vie. Quel dommage que le Seigneur n’ait pas mis un restaurant égyptien à chaque étape !
Que répondra Dieu ?
Vous regrettez la gastronomie égyptienne ? Moi, je vais vous faire goûter la gastronomie céleste :
Moïse dit : L’Éternel vous donnera ce soir de la viande à manger, et au matin du pain à satiété, parce que l’Éternel a entendu les murmures que vous avez proférés contre lui ; car que sommes-nous ? Ce n’est pas contre nous que sont vos murmures, c’est contre l’Éternel. Moïse dit à Aaron : Dis à toute l’assemblée des enfants d’Israël : Approchez-vous devant l’Éternel, car il a entendu vos murmures. Et tandis qu’Aaron parlait à toute l’assemblée des enfants d’Israël, ils se tournèrent du côté du désert, et voici, la gloire de l’Éternel parut dans la nuée. L’Éternel, s’adressant à Moïse, dit : « J’ai entendu les murmures des enfants d’Israël. Dis-leur : Entre les deux soirs, vous mangerez de la viande, et au matin, vous vous rassasierez de pain ; et vous saurez que je suis l’Éternel, votre Dieu. Le soir, il survint des cailles qui couvrirent le camp ; et, au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp.
Exode 16.8/13
Avant la manne, le Seigneur envoie les cailles.
Vous voulez de la viande, voilà de la viande. Bon appétit !
Il n’était pas obligé de donner les cailles, mais il se montre compréhensif lorsque ses enfants sont fatigués.
Ce peuple était habitué, certes, à une vie de servitude, mais aussi à une vie sédentaire. Le voilà confronté à une situation nouvelle à laquelle il n’était certainement pas préparé : il devait continuellement marcher. Quand nous nous tournons vers Jésus, nous aussi, nous commençons une vie nouvelle, nous marchons en terrain inconnu, nous sommes souvent fatigués, et nous avons besoin d’un signe encourageant de la part du Seigneur.
Quand j’ai fait mes premiers pas dans la foi, tout me paraissait si merveilleux ! Il me semblait que, si j’avais demandé à Dieu qu’un ange vienne me servir un whisky avec deux glaçons, ce serait arrivé. Si maintenant, après tant d’années de marche chrétienne, j’en étais à formuler de telles prières, le Seigneur me répondrait : Il y a quelque chose qui ne va pas chez toi. » Bien entendu, je n’ai jamais demandé un whisky à Dieu. C’est une boutade, vous l’aurez compris. Quand on démarre dans la foi, on a besoin de « sentir » Dieu, sentir qu’il est présent, qu’il prend soin de nous. Mais quand nous mûrissons, nous n’avons plus besoin de sensations émotionnelles ni de miracles au quotidien.
Le peuple hébreu avait donc besoin, dans un premier temps, de ces cailles pour l’encourager. Mais le temps des cailles n’a duré que peu de temps, car, à mesure qu’il avançait dans le désert, il avait besoin d’une autre nourriture, peut-être moins appétissante, mais plus consistante.
Quand cette rosée fut dissipée, il y avait à la surface du désert quelque chose de menu comme des grains, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la terre. Les enfants d’Israël regardèrent et ils se dirent l’un à l’autre : Qu’est-ce que cela ? Car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : C’est le pain que L’Éternel vous donne pour nourriture.
Exode 16.14/15
De la gelée blanche, en plein désert du Sinaï ! Il y avait de quoi s’étonner. Et les Israélites s’écrièrent : « Man hou ? » « Qu’est-ce que c’est ? » De là vient le mot « manne ».
Tout comme Israël, l’Église traverse le désert, mais cela ne dure pas depuis quarante ans, mais depuis deux mille ans.
Pour les chrétiens, la manne a une double signification. Elle est d’abord un type du don de Dieu, de la bénédiction pour ses enfants. Mais le mot bénédiction n’a pas toujours un sens très clair dans notre esprit. Dieu nous bénit : qu’est-ce que cela veut dire, exactement ?
« André, Dieu t’a-t-il béni cette semaine ?
– Oui.
– Quel miracle a-t-il fait ?
– Aucun.
– Alors, pourquoi dis-tu qu’il t’a béni ? »
Que répondre ?
La bénédiction a plusieurs aspects. Elle peut revêtir une forme matérielle, mais il est triste de penser qu’être béni de Dieu, c’est avoir les moyens d’acheter une belle maison ou une voiture neuve. S’il est vrai que l’on peut être béni dans le domaine matériel, Dieu n’est pas censé veiller à notre confort. Il pourvoit à nos besoins, mais pas à nos désirs.
Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? de quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.
Matthieu 6.31/34
Je sais que mon Seigneur me bénit, et pourtant je ne l’ai pas vu produire de miracle depuis longtemps ; mais il existe un miracle permanent, c’est celui qu’il opère dans mon cœur, c’est la vie de l’Esprit en moi, c’est sa parole agissante, c’est la proximité de Dieu. Pourquoi ai-je l’esprit tranquille alors que le monde a peur du chaos ? Si vous allez faire vos commissions, vous voyez parfois des couples, poussant chacun son chariot. Celui de madame est rempli de bouteilles d’eau minérale, celui de monsieur est plein à déborder de rouleaux de papier hygiénique. Ils craignent de manquer de l’essentiel. Nous, chrétiens, nous savons que nous traversons des années difficiles, mais nous savons aussi que notre Seigneur ne nous laisse pas tomber, et c’est pourquoi nous avons la paix dans le cœur. Nous sommes bénis de l’Éternel.
Le péril ne va pas se limiter au risque de manquer de pain, des dangers plus graves encore nous menacent, et nous savons que nous pourrons compter sur le secours du Saint-Esprit.
Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d’avance de ce que vous aurez à dire, mais dites ce qui vous sera donné à l’heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit-Saint.
Marc 13.11
Quand nous serons traînés devant les tribunaux, non pas pour une mauvaise action, mais pour avoir confessé notre foi, le Saint-Esprit lui-même sera notre avocat. C’est tout de même plus important qu’avoir du foie gras pour Noël, vous ne trouvez pas ?
Cette manne de chaque jour nous permet surtout de bénir et de louer Dieu en tout temps.
Merci Seigneur pour cette manne. Ce n’est pas du caviar, mais c’est ta manne. Elle vient de toi, et c’est pourquoi elle est si bonne.
Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose, faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ.
Philippiens 4.4/7
La manne nourrit beaucoup mieux que le pain du boulanger, elle préfigure un pain qui nourrit non seulement le corps, mais aussi et surtout l’âme et l’esprit. C’est un type de Jésus-Christ, ainsi qu’il le dit lui-même :
Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : Il leur donna le pain du ciel à manger. Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a pas donné le pain du ciel, mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel ; car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours ce pain. Jésus leur dit : Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
Jean 6.31/35
Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. C’est ici le pain qui descend du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair que je donnerai pour la vie du monde.
Jean 6.48/51
Quand il parle de ce pain, il est bien sûr question de son corps qui sera cloué sur la croix, afin que nous puissions bénéficier de la vie éternelle. Nous sommes nourris de ce pain ; nous sommes nourris de Christ.
Dieu nous fait un don merveilleux et pourtant, nous ne sommes pas contents. À Noël, les gens s’offrent des cadeaux, et dans cette coutume, je remarque de plus en plus d’hypocrisie.
« Joyeux Noël ! Je t’ai apporté un cadeau. »
Et j’ouvre mon paquet :
« Oh ! Quel merveilleux cadeau ! Une cravate ! Quelle belle cravate ! Il y a si longtemps que je rêvais d’une cravate comme celle-ci ! »
Et quand la fête est passée :
« Mais qu’est-ce que j’ai à faire d’une cravate ? Je n’en porte jamais. En plus, elle est moche ! »
Alors je la revends sur Le Bon Coin.
Nous avons revendu Jésus sur Le Bon Coin ; Israël a revendu le Messie sur eBay.
Le ramassis de gens qui se trouvaient au milieu d’Israël fut saisi de convoitise ; et même les enfants d’Israël recommencèrent à pleurer et dirent : Qui nous donnera de la viande à manger ? Nous nous souvenons des poissons que nous mangions en Égypte, et qui ne nous coûtaient rien, des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et des aulx. Maintenant, notre âme est desséchée : plus rien ! Nos yeux ne voient que de la manne. La manne ressemblait à de la graine de coriandre et avait l’apparence du bdellium. Le peuple se dispersait pour la ramasser ; il la broyait avec des meules, ou la pilait dans un mortier ; il la cuisait au pot, et en faisait des gâteaux. Elle avait le goût d’un gâteau à l’huile.
Nombres 11.4/8
Dans la chrétienté, nous rencontrons souvent ceux que la divine parole appelle avec mépris « un ramassis de gens ». Bien sûr, ils vont à l’église, ils chantent des cantiques, ils font de belles louanges quand ils ont le privilège d’être tombés dans une église qui n’a pas de groupe de louange, ils participent à la cène, ils mettent leur billet de cinq euros tout chiffonné dans le tronc, mais ils n’appartiennent pas au corps de Christ, ils ne sont pas nés de nouveau, tout chez eux n’est que faux-semblants. On ne peut pas interdire aux faux croyants de venir à l’église. On ne peut pas les virer, mais il faut se méfier d’eux.
Le peuple de Dieu ne s’est pas méfié. Il s’est laissé influencer et s’est remis à pleurer. Ce n’est pas la faim qui les pousse à se plaindre comme au début, car ils ont la manne. Mais le régime végétarien ne leur convint pas : il leur faut de la viande et du poisson, et tout l’accompagnement qui va avec. La nuit, ils rêvent de dindes farcies, de blocs de foie gras, de magnums de champagne, et le matin au réveil, foin des délices de Capoue, ils voient la manne.
On cuisait la manne au pot et on en faisait des gâteaux. Ce n’était peut-être pas aussi bon qu’un éclair au chocolat, mais tout de même, le goût ne devait pas être désagréable, mais on trouve toujours des gens qui se plaignent sans cesse de la nourriture. Ce serait l’origine de l’expression : « Allez vous faire cuire un œuf ! »
Si les enfants de Dieu se sont laissé entraîner à murmurer, c’est que l’esprit du monde s’était infiltré parmi eux. Quelqu’un disait : « L’Église, c’est comme un bateau ; qu’il y ait de l’eau autour du bateau, c’est normal, mais quand l’eau entre dans le bateau, il y a un problème. »
Israël se plaint, mais l’Éternel non plus n’est pas content. Il va de nouveau envoyer des cailles, mais dans un contexte différent :
Tu diras au peuple : Sanctifiez-vous pour demain, et vous mangerez de la viande, puisque vous avez pleuré aux oreilles de l’Éternel, en disant : Qui nous fera manger de la viande ? Car nous étions bien en Égypte. L’Éternel vous donnera de la viande, et vous en mangerez. Vous en mangerez non pas un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours, mais un mois entier, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par les narines et que vous en ayez du dégoût, parce que vous avez rejeté l’Éternel qui est au milieu de vous, et parce que vous avez pleuré devant lui, en disant : Pourquoi donc sommes-nous sortis d’Égypte ?
Nombres 11.18/20
Et le lendemain, il a plu des cailles.
« Alléluia ! Merci Seigneur ! Tu as répondu à nos prières ! »
Le lendemain, encore des cailles, et encore des alléluias.
Le surlendemain, encore des cailles. Toujours des alléluias, mais déjà un peu moins.
Le quatrième jour, encore des cailles...
On m’a raconté l’histoire de cette dame qui disait un jour à son mari :
« Mais enfin, chéri, je ne comprends pas. Lundi, tu aimais les frites, mardi, tu aimais les frites, mercredi, tu aimais les frites, jeudi, tu aimais encore les frites, et aujourd’hui, vendredi, tu n’aimes plus les frites... »
Ces cailles étaient, comme nous l’avons dit, un cadeau de Dieu, mais parce qu’ils n’ont pas été reconnaissants, ce cadeau est devenu une punition. Ils se sont rendus malades avec ces cailles.
Aujourd’hui, Dieu nous invite à manger dans son restaurant et il nous présente sa carte. Au menu, il y a des cailles et de la manne. Que choisirons-nous ?
Choisirons-nous les cailles, autrement dit notre tranquillité, notre confort, nos biens matériels, l’approbation des hommes, notre carrière ?
Ou bien préférons-nous la manne : choisissons-nous de placer Dieu en tête de nos vies, et comme le dit cet ancien cantique, tout accepter, la souffrance et la peine, l’injustice et la haine ? Serions-nous prêts à accepter de perdre notre travail, accepter qu’une promotion nous passe sous le nez, accepter d’être obligés de revendre notre voiture et la remplacer par un vélo électrique, accepter d’être obligés de revendre notre maison et d’aller habiter en HLM, et tout cela à cause de notre foi ?
Nous savons que les temps à venir seront de plus en plus difficiles, mais au lieu de nous inquiéter, nous devrions nous réjouir, comme nous venons de le lire : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; le Seigneur est proche. »
Le temps des cailles est achevé, voici le temps de la manne, un temps de traversée du désert, un temps de persécution, n’ayons pas peur de ce mot. Nous avons eu des décennies devant nous pour nous y préparer. Nous avons vu comment les chrétiens étaient traités dans ce qui s’appelait autrefois l’URSS. Nous avons vu comment les églises ont été fermées. Pour faire croire aux visiteurs étrangers que la foi était libre, on laissait quelques églises ouvertes, mais pendant le culte, il y avait un ou deux agents du KGB assis au fond de la salle. Nous savons comment ces chrétiens vivaient dans la clandestinité. Nous savions qu’ils brisaient la glace à coup de pioche pour baptiser dans la Volga. Nous avons prié pour eux tout en nous disant : « Heureusement que ça ne se passe pas comme ça chez nous ! » Et nous voyons cette situation venir dans notre monde occidental. Nous avons eu des décennies pour nous y préparer et nous ne sommes pas prêts.
Continuons :
Exode – Deutéronome.
Avez-vous remarqué combien ces deux livres se ressemblent ? Nous trouvons dans l’un comme dans l’autre les dix commandements et les lois qui en découlent. Quel est le but de cette redondance ? Pour mieux comprendre, survolons ensemble ces cinq premiers livres de la Bible, qui constituent le Pentateuque ou la Torah.
Genèse : c’est la fondation du monde, la naissance du peuple de Dieu jusqu’à son émigration en Égypte.
Exode : c’est la sortie d’Égypte, l’entrée dans le désert et la promulgation de la loi.
Lévitique : ce sont de nouvelles lois pour préparer Israël à traverser le désert. Ces lois nous rappellent la sainteté de Dieu et la pureté qu’il exige de son peuple.
Nombres : à cause de la désobéissance d’Israël, le voyage va durer plus longtemps que prévu. Il va durer quarante ans.
Deutéronome : c’est la fin de ce long voyage, et c’est la préparation à l’entrée dans la terre promise. De même que Dieu a donné des instructions à son peuple qui quittait l’Égypte, il donne les mêmes instructions à la nouvelle génération qui n’a pas expérimenté la traversée de la mer Rouge et qui doit maintenant se préparer à quitter ce désert et traverser le Jourdain pour entrer en Canaan. Il enseigne à cette jeune génération, comment la manne est venue et ce qu’elle signifie pour elle :
Vous observerez et vous mettrez en pratique tous les commandements que je vous prescris aujourd’hui, afin que vous viviez, que vous multipliiez, et que vous entriez en possession du pays que l’Éternel a juré de donner à vos pères. Souviens-toi de tout le chemin que l’Éternel, ton Dieu, t’a fait faire pendant ces quarante années dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour savoir quelles étaient les dispositions de ton cœur et si tu garderais ou non ses commandements. Il t’a humilié, il t’a fait souffrir de la faim, et il t’a nourri de la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vit pas de pain seulement, mais que l’homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel.
Deutéronome 8.1/3
Rappelons-nous que c’est par ces paroles : « L’homme ne vivra pas de pains seulement » que Jésus a cloué le bec à Satan.
Ainsi, Israël possède cette manne, qui est Jésus-Christ et sa parole, le pain de vie. Il est donc bien équipé pour prendre possession de son territoire. Sitôt qu’il a traversé le Jourdain et célébré la Pâque, la manne a cessé, pour la simple raison que le peuple n’en a plus besoin. On trouve sur place du blé, de l’orge, des pâtures pour nourrir les troupeaux.
Voyez comme il est dangereux de symboliser à l’extrême. Il y a des symboles dans la Bible, nous venons de le voir, mais si tout est symbole, la manne étant un symbole de Christ, nous n’avons plus besoin de Jésus ! Cela ne tient pas debout.
La manne cessa le lendemain de la Pâque, quand ils mangèrent du blé du pays ; les enfants d’Israël n’eurent plus de manne, et ils mangèrent des produits du pays de Canaan cette année-là.
Josué 5.12
L’entrée en Canaan nous rappelle notre proche entrée dans la patrie céleste. N’oublions pas que le monde dans lequel nous vivons n’est pas notre patrie, c’est l’Égypte, c’est Babylone. Nous n’avons pas de carte d’identité, nous n’avons qu’une carte de séjour. Nous sommes résidents, mais non citoyens. Nous y sommes plus ou moins tolérés. Les étrangers qui résident en France, mais qui n’ont qu’une carte de séjour n’ont pas la vie facile. Pourquoi aurions-nous une vie plus facile que la leur ?
Dans le pays de Canaan, Israël a enfin sa carte d’identité ; il est enfin chez lui. Lorsque nous serons entrés dans la Jérusalem céleste, nous aurons enfin notre carte d’identité, parce que nous y serons citoyens. Dans cette cité, nous n’aurons plus besoin de symboles pour nous représenter Jésus, car nous le verrons enfin face à face.
Nous n’aurons alors plus besoin de bénédictions terrestres, si spirituelles fussent-elles, pour nous encourager à courir vers le but, nous aurons gagné la course et remporté la couronne qui nous est réservée.
Quand j’étais fiancé, j’avais une photo de ma bien-aimée sous mon oreiller, mais maintenant que nous sommes mariés, je n’ai plus besoin de sa photo, puisqu’elle est auprès de moi. Quand nous serons auprès de Jésus, nous n’aurons plus besoin de célébrer la cène, de rompre le pain et partager la coupe « en mémoire de lui ». C’est ce que nous explique l’apôtre Paul :
Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. Aujourd’hui, nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui, je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
I Corinthiens 13.9/12
Pourquoi l’apôtre dit-il que nous voyons d’une manière obscure, comme dans un miroir ?
En ce temps-là, le miroir de verre et le tain qui renvoyait l’image n’avaient pas encore été inventés. Le miroir était une plaque de cuivre polie qui reflétait notre image de manière imparfaite. Quand nous verrons Jésus face à face, nous ne nous contenterons pas d’un reflet assez flou, mais nous le verrons tel qu’il est.
Nous comparons souvent notre habitation céleste à une belle maison, mais je ne crois pas qu’il y aura de maisons dans le ciel, pas plus que de restaurants où nous pourrions commander une caille avec un pouilly millésimé. Nous n’aurons plus besoin de tout cela.
Dans le Coran, il est beaucoup parlé de l’enfer, mais très peu de paradis. Savez-vous ce qu’il y est dit, concernant le paradis ? Ma boutade au sujet du whisky devient une réalité. Vous pourrez boire du vin ou du whisky autant que vous en voulez, et ça ne prendra pas la tête. De plus, olive sur la pizza, vous aurez de jolies demoiselles pour vous servir votre whisky, et pas seulement le whisky. Je n’insiste pas là-dessus. C’est dans la Sourate 56.
Ce n’est pas de ce paradis-là que nous voulons. Les biens du ciel seront si merveilleux que nous n’aurons que faire des plaisirs terrestres.
Ce verset, le dernier de la Bible à nous parler de la manne me servira de conclusion :
Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : À celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc ; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit.
Apocalypse 2.17
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