14. Berger d’une seule brebis
Philippe, étant descendu dans la ville de Samarie, y prêcha le Christ. Les foules tout entières étaient attentives à ce que disait Philippe, lorsqu’elles apprirent et virent les miracles qu’il faisait.
Actes 8.5/6
Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci, arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit. Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.
Actes 8.14/17
Un ange du Seigneur, s’adressant à Philippe, lui dit : « Lève-toi, et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza, celui qui est désert. » Il se leva, et partit. Et voici, un Éthiopien, un eunuque, ministre de Candace, reine d’Éthiopie, et surintendant de tous ses trésors, venu à Jérusalem pour adorer, s’en retournait, assis sur son char, et lisait le prophète Esaïe. L’Esprit dit à Philippe : « Avance, et approche-toi de ce char. »
Actes 8.26/29
Les cent vingt disciples qui, réunis le jour de la Pentecôte, ont reçu la puissance du Saint-Esprit comme des langues de feu, ont-ils réalisé d’emblée que leur mission ne se bornait pas à évangéliser leur ville, Jérusalem, mais qu’ils devaient voyager parmi toutes les nations pour annoncer aux peuples la bonne nouvelle du salut ? Probablement pas. Il est souvent nécessaire, pour activer notre compréhension de son plan, que Dieu nous donne un petit coup de pouce, quelquefois douloureux. C’est ce qu’il fit à Jérusalem en permettant une persécution qu’il avait pourtant le pouvoir d’empêcher, et dont Étienne fut la première victime.
Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! »
Actes 7.59
Philippe fut donc ainsi amené à prêcher à Samarie. C’était une ville « vierge », personne n’y avait proclamé l’Évangile, hormis Jésus lui-même. Il n’y avait pas d’églises, pas de concurrence. Le diacre va y commencer un ministère richement béni.
Nous lisons au verset 5 qu’il va d’abord y prêcher le Christ. Ne présentons rien d’autre au pécheur que Christ crucifié (1 Corinthiens 2.2).
Les foules se pressaient pour écouter sa prédication et, d’un commun accord, s’attachaient à ce qu’il disait (verset 6). La parole de Philippe, appuyée par le Saint-Esprit, interpellait personnellement chaque individu et le convainquait de péché.
Ces hommes sont également convaincus par les miracles que Dieu accomplit par les mains de son serviteur. Puissions-nous aujourd’hui être le peuple par lequel il opère les mêmes prodiges, mais surtout par lequel il fait tomber les pécheurs à genoux !
Ils avaient compris que les miracles étaient un moyen pour Dieu de démontrer sa puissance et de glorifier son nom. Mais nous ne devrions pas faire du miracle, souvent bien orchestré, un objet de spectacle pour émerveiller le touriste.
Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent : « Maître, nous voudrions te voir faire un miracle. » Il leur répondit : « Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas. »
Matthieu 12.38/39
Tous, à Samarie, avaient compris le but de Dieu, sauf un certain Simon. Celui-ci faisait du miracle et de la délivrance un objet de commerce. Quand il a vu les prodiges qui s’opéraient par la main de l’évangéliste, il a tout de suite raisonné en matière de « chiffre d’affaires, productivité, pertes et profits, faire face à la concurrence, etc. » Il a pensé qu’un bon investissement devrait permettre à son entreprise de conquérir de nouvelles parts de marché. Vous pourrez lire aux versets 18 à 20 sa démarche malencontreuse.
Mais les miracles opérés par Philippe servaient la gloire de Dieu seul et soulageaient les pécheurs repentants. Les démons étaient chassés et les malades étaient guéris, l’Évangile de Christ est un Évangile de délivrance.
Le résultat d’une telle mission d’évangélisation ne se fit pas attendre, il est dit au verset 12 qu’hommes et femmes reçurent le baptême.
Philippe était donc un pasteur heureux, il avait du succès dans son ministère, une assemblée qui se développait, des miracles à profusion. Il n’avait aucune raison de vouloir laisser sa place à un autre.
Cependant (verset 14), les apôtres réunis en convention pastorale se sont penchés sur le cas de l’église de Samarie et décidèrent d’y envoyer deux des leurs : Pierre et Jean.
Comment va réagir Philippe à cette nouvelle ? Lisons 3 Jean 9 :
J’ai écrit quelques mots à l’église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point.
C’est ainsi qu’aurait également réagi Diotrèphe s’il avait été à la place de Philippe :
« Mais de quel droit vont-ils pêcher dans mon étang ? C’est mon église, c’est moi le pasteur, c’est moi qui l’ai ouverte, c’est moi qui ai baptisé tous ses membres, c’est moi qui…, c’est moi qui…, c’est moi qui… »
Fort heureusement, Philippe était vraiment un homme de Dieu, il avait parfaitement compris que cette œuvre qu’il avait ouverte par sa grâce n’était pas son église, mais celle du Seigneur Jésus, lequel en disposait comme il voulait. Il acceptera donc, après avoir été le numéro un, de devenir le numéro trois. Peut-être trouverez-vous injuste qu’après que Philippe se soit donné la peine de défricher le terrain, deux serviteurs de Dieu reprennent l’œuvre toute préparée, mais Philippe ne pose pas de questions : « J’ai terminé ma mission, j’ai évangélisé cette ville, c’est maintenant au tour de Pierre et de Jean de continuer cette œuvre, afin que ces nouvelles âmes puissent être enseignées et consolidées dans leur foi. »
J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître. Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. Car nous sommes ouvriers avec Dieu. Vous êtes le champ de Dieu, l’édifice de Dieu.
1 Corinthiens 3.6/9
Le réveil commencé avec Philippe va se poursuivre avec Pierre et Jean.
Que va devenir Philippe ? Sachant que sa tâche était accomplie à Samarie, il va échafauder des projets : « Ici, je me suis fait la main, maintenant, le Seigneur va certainement me confier une œuvre plus importante, dans une grande ville, à Damas ou à Antioche. Philippe, Pasteur de l’église d’Antioche, ce serait du plus bel effet sur une carte de visite. »
C’est alors qu’un ange de Dieu appelle notre évangéliste :
« – Philippe !
– Me voici, Seigneur !
– Lève-toi.
– Oui, Seigneur !
– Et va…
– Où tu voudras, Seigneur.
– Va du côté du midi…
– Mais ce n’est pas la direction d’Antioche !
– Sur le chemin de Jérusalem à Gaza.
– Celui qui… ?
– Oui, celui qui est désert. »
Philippe a de bonnes raisons d’être déçu : un chemin désert ! N’avez-vous jamais été ainsi dirigés ? Devoir abandonner vos aises pour aller dans un lieu désert ?
Rejoignons justement un homme qui n’avait pas craint d’aller prêcher dans le désert :
Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour le pardon des péchés. Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain.
Marc 1.4/5
Jean-Baptiste n’a pas loué le Palais des congrès de Jérusalem pour y organiser sa mission, il allait dans un lieu désert. Et les gens venaient de Jérusalem et de toute la province de Judée pour l’écouter et être baptisés.
Nous raisonnons selon nos plans humains : une église dans chaque chef-lieu de département, cela devrait amplement suffire. Laissons-nous plutôt convaincre que le Seigneur, dans sa grâce, peut appeler des prédicateurs au milieu des champs de blé, et y attirer des pécheurs venus de villages ou de vastes fermes où le message de l’Évangile n’a jamais été entendu.
Un pasteur circulait sur une route quand le Seigneur lui dit : « Arrête ta voiture sur le bas-côté et prends ce chemin.
– Mais, Seigneur, il ne mène nulle part, et en plus il y a des orties ! »
Au bout de ce chemin se trouvait une maison délabrée où une femme l’attendait, elle était décidée à accepter le salut, mais Dieu leur avait donné ce rendez-vous dans un lieu où personne n’aurait envie d’aller.
Sa surprise passée, Philippe prend ses bagages et s’engage sur la route de Gaza. Au lieu fixé par Dieu, il rencontre un homme de couleur assis sur son char et lisant dans un rouleau la prophétie d’Esaïe chapitre 53. Guidé par l’Esprit-Saint, l’évangéliste s’approche de lui, reconnaît tout de suite le texte. « Comprends-tu ce que tu lis ? » La conversation s’engage. Cet homme est convaincu de péché, sauvé et baptisé, et il rentre dans son lointain pays. Sa mission accomplie en ce lieu, Philippe est alors enlevé et commence un ministère d’évangéliste itinérant.
Valait-il la peine de déplacer un pasteur aussi loin pour une seule brebis ? Même quand il s’agit du salut des âmes perdues, on pense parfois à son propre profit. Il s’est converti, tant mieux, mais c’est un étranger, l’église locale ne va pas même en profiter.
Un vieux pasteur était triste parce qu’il n’avait pas eu un grand ministère ; jamais une conversion, jamais un baptême. « Ah si ! Un dimanche, pensait-il, j’ai baptisé un jeune homme. » Mais il oubliait de préciser que ce jeune homme s’appelait Moody. En gagnant une seule âme à Dieu, ce vieux pasteur en avait, sans le savoir, gagné des milliers.
L’Éthiopien que Philippe avait baptisé était un homme éminent dans son pays. Philippe ne savait pas qu’il était ministre. Sa conversion a provoqué de tels remous, que l’Éthiopie est devenue le premier pays chrétien d’Afrique. Si Philippe avait refusé de quitter son église de Samarie et d’aller sur ce chemin désert, il aurait perdu l’occasion de gagner tout un peuple à Christ. Quel merveilleux ministère de missionnaire le Seigneur lui a donné !
Imaginez que votre église locale ait entrepris une mission d’évangélisation spécialement pour la jeunesse. Elle a investi beaucoup d’argent, distribué des milliers de traités, collé des affiches dans toute la ville, loué le Palais des Sports et offert un billet d’avion à un prédicateur de masses.
Malgré un tel effort, vous n’avez obtenu pour résultat qu’une seule conversion réelle et durable, et ce n’est pas un jeune, c’est une mamie.
Votre pasteur et ses brebis seront déçus. Cette grand-mère a pourtant des enfants et des petits enfants auprès desquels elle pourra témoigner de sa foi. À moyen terme, votre église se remplira, comme vous le souhaitiez, de jeunes gens et de jeunes filles qui témoigneront à leur tour. Si seulement nous faisons confiance au Saint-Esprit !
Nous espérons tant voir un réveil, comme ceux que nous décrit la parole de Dieu, mais sachons pour cela être honnête envers notre Créateur et accepter sa longue école du désert. Peut-être te sens-tu appelé à prêcher dans le Stade de France. Accepte d’abord d’être le berger d’une seule âme, et ton Seigneur t’en confiera d’autres.
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