21. Le soldat, l’athlète et le laboureur
Souffre avec moi, comme un bon soldat de Jésus-Christ. Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé ; et l’athlète n’est pas couronné, s’il n’a pas combattu suivant les règles. Le laboureur qui peine doit être le premier à recueillir les fruits.
2 Timothée 2.3/6
Dans cette lettre, l’apôtre Paul exhorte son disciple Timothée à persévérer, ainsi qu’à déverser sur les autres la grâce qu’il a reçue de Christ. C’est ainsi qu’il introduit son deuxième chapitre par ces mots :
Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres.
versets 1/2
Il l’encourage aussi à souffrir pour la cause de l’Évangile et illustre son exhortation par trois exemples tirés de la vie courante : le disciple de Christ doit agir à la fois comme un soldat, comme un athlète, et comme un laboureur.
Militaire de carrière, sportif de haut niveau, agriculteur. Voilà trois professions qui ne se ressemblent guère. Elles ont pourtant au moins deux points communs.
D’une part, tous trois doivent, dans leur travail, fournir un effort physique considérable.
D’autre part, tous trois s’attendent à voir leurs efforts récompensés. Le militaire espère recevoir un galon supplémentaire ou une décoration. Le sportif espère monter sur le podium et recevoir une médaille. Quant au cultivateur, il s’attend plus modestement à récolter son blé, avec lequel il pourra nourrir les autres et se nourrir lui-même.
Du point de vue spirituel, ces trois hommes symbolisent la vie chrétienne, qui n’est exempte ni d’efforts ni de souffrances, mais qui aura pour issue une couronne céleste, que nul ne pourra nous ravir.
Paul compare premièrement le chrétien à un soldat. Ce soldat combat pour une république ou pour un roi. Nous combattons, nous aussi, pour le royaume des cieux, pour Jésus-Christ, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. Nous voulons gagner, et l’ennemi qu’il nous faut vaincre, c’est Satan. Son armée, c’est celle des démons. La parole de Dieu est l’épée avec laquelle nous combattons. C’est une arme puissante.
Le soldat qui refuse le combat sera appelé déserteur. Quelqu’un a dit qu’une église qui n’est pas missionnaire est une église démissionnaire. Que Dieu nous garde d’être un jour déserteurs de son armée. Combattons !
Ce soldat en campagne « ne s’embarrasse pas des affaires de la vie ». Il ne doit s’intéresser qu’à son combat. Lorsque j’ai fait mon service militaire, dans le nord de la France, on m’a envoyé jouer à la guerre plusieurs jours en forêt de Mormal. Il fallait transporter la tente, le casque lourd et le casque léger, sans compter les gamelles et les bidons. Pour moi qui n’avais rien d’un athlète, ce paquetage était très lourd, et pourtant, il ne contenait que le strict nécessaire. Cette campagne m’aurait été plus pénible encore si j’avais voulu emporter ma bibliothèque, ma clarinette, ma machine à écrire…
Guillaume Apollinaire, célèbre poète français, avait un jour l’esprit totalement absorbé par la lecture d’un autre poète français quand une goutte de sang tomba sur son livre et interrompit sa lecture. C’est alors qu’il se rappela brutalement en quel endroit il était. Il se trouvait aux environs de Verdun, dans une tranchée, et une balle allemande l’avait légèrement blessé. C’est à cet instant qu’il prit conscience que l’ennemi était en face de lui et a failli le tuer. Il lisait…
Combien de fois nous sommes-nous préoccupés des choses du monde et nous sommes-nous amusés, comme le lièvre de la fable, à toute autre chose qu’à la gageure, au risque d’être pris à revers par l’ennemi ?
Nous serions tentés de croire que ce soldat ne s’encombre pas des choses de la vie parce qu’il tient justement à sauver sa vie. Mais Paul nous précise qu’il se comporte ainsi parce qu’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé. C’est le Roi des rois qui nous a enrôlés, et c’est à lui que nous voulons plaire.
C’est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions.
2 Corinthiens 5.9
Si nous nous engageons dans l’armée de Christ, c’est pour lui, et non pour nous-mêmes. Certains voudront s’engager en pensant à la solde. Tels des mercenaires, ils ne combattront pas pour le royaume, mais pour une récompense quelconque : « Je me convertis, Seigneur, mais c’est donnant donnant. Tu feras prospérer mon commerce ! » Le véritable chrétien, au contraire, se donne entièrement à Christ, sans espérance de compensation. Dieu nous « indemnisera » de toute façon :
Jésus leur répondit : « Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle. »
Matthieu 19.28/29
Le disciple de Christ est ensuite comparé à un athlète. Celui-ci aussi va mener un combat. Il s’engage dans une guerre sans armes. S’il est vainqueur, la gloire de son pays rejaillira sur lui, et sa gloire rejaillira sur son pays.
Quand le chrétien court sur la piste, c’est la gloire de Jésus qui va se manifester et Satan sera jeté dans la confusion.
Certains prétendent être sportifs parce qu’ils regardent la coupe du monde à la télévision, mais ne se montreront jamais sur un stade. Ce sont les avants-centres de la charentaise et les gardiens de but du fauteuil Voltaire. Ne soyons pas de ces paroissiens : chrétiens le dimanche matin, mondains le reste de la semaine. Ce n’est pas ainsi que nous remporterons la couronne réservée au vainqueur.
En 1936, à Berlin, Hitler avait organisé des jeux olympiques dans un esprit tout à fait particulier. Il voulait prouver au monde que l’Allemagne était indestructible, que le peuple allemand était le plus fort et que la race aryenne était supérieure. L’Allemagne devait remporter toutes les épreuves. Or, une certaine épreuve de course à pied a été gagnée par un athlète craignant Dieu, de type afro-américain : Jessie Owens. Quelles ne furent pas la rage et l’humiliation du dictateur qui, selon la chronique, s’essuya en public après avoir dû serrer la main d’un noir !
Le diable agit de la même façon qu’Adolf Hitler : il veut écraser tous ceux qui ne sont pas de sa race. Noirs ou blancs, Européens ou Asiatiques, il hait les chrétiens. Mais tous ceux qui se sont engagés pour Christ ruineront ainsi ses projets.
Nous courons et une couronne nous est réservée, si toutefois nous combattons selon les règles, faute de quoi nous serons disqualifiés.
Il ne doit pas y avoir d’anabolisants dans la pharmacie des enfants de Dieu. Gardons-nous de la « gonflette » spirituelle !
Ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? Et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? » Alors je leur dirai ouvertement : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. »
Matthieu 7.21/23
Ceux-là n’auront pas combattu selon les règles. « Ils ont eu l’apparence de la piété, mais ont renié ce qui en fait la force » (2 Timothée 3.5).
Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans le stade courent tous, mais qu’un seul remporte le prix ? Courez de manière à le remporter. Tous ceux qui combattent s’imposent toute espèce d’abstinences, et ils le font pour obtenir une couronne corruptible ; mais nous, faisons-le pour une couronne incorruptible. Moi donc, je cours, non pas comme à l’aventure ; je frappe, non pas comme battant l’air. Mais je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même désapprouvé après avoir prêché aux autres.
1 Corinthiens 9.24/27
Pour ne pas être disqualifié, l’athlète devra répondre à une autre condition : traiter durement son corps. Il en est ainsi pour notre corps spirituel. Le sportif s’entraîne quotidiennement, et nous devons en faire de même. Ne nous attendons pas, sitôt sortis du baptistère, à soulever des montagnes par la foi. Il nous faut un exercice journalier :
Exerce-toi à la piété ; car l’exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir.
1 Timothée 4.8
Milon de Crotone fut l’un des plus grands athlètes de la Grèce antique. Adolescent, vivant à la campagne, il avait l’habitude de voir des vaches, des moutons, des cochons, etc. Un jour, il vit naître un veau. Il le prit dans ses bras, le souleva au-dessus de sa tête et le reposa. Il fit la même chose le lendemain, le surlendemain, et les autres jours, jusqu’à ce que ce veau soit devenu un magnifique taureau d’une demi-tonne. Et Milon de Crotone prenait le taureau, le soulevait au-dessus de sa tête et le reposait. Il s’était entraîné progressivement pour les Jeux olympiques, et il a facilement gagné.
C’est ainsi que nous faisons de notre marche chrétienne un combat victorieux, à force d’expériences, quelquefois douloureuses. Quand je me suis converti, tout était si merveilleux ! Je me déplaçais sur coussin d’air, et j’étais comme un enfant à qui l’on apprend à écrire, en lui tenant la main pour former ses lettres. Et je me sentais envahi d’un bonheur extrême. Au bout de quelques mois de vie chrétienne, ces merveilleux sentiments avaient disparu. Que s’était-il donc passé ? Dieu m’avait-il abandonné ? Avais-je déjà perdu la foi ? Pas le moins du monde. Le Seigneur me disait simplement : « Maintenant que tu as commencé à progresser, tu n’as plus besoin que je te tienne la main, c’est à toi d’apprendre à écrire tout seul. » C’est ainsi que, de progrès en progrès, Dieu va conduire chaque chrétien nouvellement converti vers la maturité spirituelle, afin qu’il soit prêt pour les Jeux olympiques de la cité céleste où une couronne est réservée au vainqueur.
Cette couronne, dont il nous est parlé au verset 5, est incorruptible. Celle qui est attribuée aux grands vainqueurs de ce monde est corruptible, parce qu’avec les années, la puissance du corps diminue. À trente ans, un sportif doit penser à sa retraite et laisser sa place à des jeunes qui seront des champions à leur tour et le feront oublier. Si certains chrétiens peuvent vivre cent ans, ils seront des champions de Dieu pendant cent ans. Et quand le Seigneur les reprendra, ils seront encore des champions de Dieu pendant l’éternité.
Le laboureur a quelque chose de moins que le soldat ou que l’athlète : il n’aura pas de médaille en récompense de son effort. On ne joue pas la Marseillaise quand il monte sur son tracteur. Aucune gloire humaine ne lui sera réservée alors qu’il se donne autant de peine que les deux autres. Les hommes mangeront du pain fabriqué avec son blé sans avoir aucune pensée pour lui.
« Quelle injustice ! » Me direz-vous.
Mais Dieu jette sur les hommes un regard bien différent. Si ce laboureur n’a aucune gloire terrestre devant lui, il récoltera le fruit de son travail et recevra la gloire dans le ciel. Cet homme nous rappelle les enfants de Dieu qui sèment dans le silence. Ceux qui n’auront jamais l’occasion de prêcher, ceux qu’on ne verra jamais chanter ou jouer de la musique en public, mais qui dans le secret, sèment la puissante parole de Dieu. Un homme a labouré, un autre a semé, un autre encore récoltera, le principal, c’est que Dieu fait croître.
Tout ce travail ne se fait ni en un jour ni en un an. Il faut de la patience pour travailler à la moisson de Dieu. À ce sujet, l’apôtre Jacques écrit :
Soyez donc patients, frères, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison.
Jacques 5.7
Quand j’étais écolier, l’instituteur avait expliqué que si l’on plantait en terre un noyau de cerise, il pousserait un cerisier. Fort de cette information, je me suis empressé de planter chez moi un noyau de cerise dans un pot de fleurs. Quelle ne fut pas ma joie quand le lendemain, je vis deux belles cerises sorties de terre ! Le surlendemain, je suis revenu voir mon pot, m’attendant à y voir une belle grappe de cerises, mais il n’y en avait pas une de plus. Le jour suivant, je n’ai trouvé que deux noyaux au bout de leur queue, parce que les moineaux n’ont pas eu la patience d’attendre que le cerisier ait poussé. J’ai compris plus tard que c’était ma grand-mère qui, par plaisanterie, avait planté les deux cerises dans mon pot de fleurs et qu’il faut attendre plusieurs années pour que ce noyau devienne un cerisier chargé de bons fruits.
Quand nous plantons pour Dieu, nous voudrions voir le fruit tout de suite, des conversions immédiates, et une église qui grandit comme un champignon. Le Seigneur peut faire croître notre église comme un champignon, mais il peut aussi la faire grandir comme un platane, avec lenteur, mais combien plus de solidité.
Si l’œuvre croît lentement, nous pouvons nous décourager : il y a des rebouteux et des sorciers dans le pays, c’est pour cela que l’Évangile n’avance pas ! Est-ce vraiment le Seigneur qui m’a envoyé ici ?
Mon frère, ma sœur, si votre Seigneur vous a ordonné de labourer tel ou tel champ, de travailler dans telle région, faites-lui confiance. Même s’il vous faut des mois et des années pour voir le fruit, persévérez.
Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d’allégresse. Celui qui marche en pleurant, quand il porte la semence, revient avec allégresse, quand il porte ses gerbes.
Psaume 126.5/6
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