Acte IV

Le sommet d’une colline, aux environs de Jérusalem. Un pieu sacré y est dressé.

Scène Première

KÉZIA (en habit de deuil)

Hélas ! Quelle folie et quel horrible jour !
Que mon âme est pesante et que mon cœur est lourd !
Faut-il que l’espérance et la joie d’une vie
Par un roi furieux soit tout anéantie ?
Auprès de mon aimé je rêvais de vieillir,
Lui donner des enfants, le voir s’épanouir,
Vivre un simple bonheur à l’écart de la ville
Et des bruits du palais, vie paisible et tranquille,
Loin de la politique et de tous ses tracas,
Des intrigues de cour ne faisant aucun cas.
Ah ! pourquoi fallait-il que cette horrible femme
Ait poussé notre roi dans ses complots infâmes ?
D’en faire son amant n’était-ce pas assez
Qu’elle livre à ses dieux le pauvre Manassé ?
Pourquoi ce noir serment, cette ignoble promesse ?
Pourquoi livrer Joël aux mains de la traîtresse ?
À peine notre hymen était-il consommé
Que le roi, mon beau-père, d’une flamme animé,
Pour les dieux de Judith brûlant d’un nouveau zèle,
Apostat devant Dieu mais à Moloch fidèle,
Loin de l’autel divin ce monarque obstiné,
Le roi, dans sa folie, offrit son fils aîné.
Flanqué de deux soldats, les pieds ferrés de chaînes
Joël monte sans peur sur ce bûcher de chêne.
Je grimpe auprès de lui le couvrir de baisers.
Qui d’autre qu’Adonaï nous pourrait apaiser ?
Nous prions sur ce bois. Le grand Dieu dans sa grâce
Soulage nos terreurs et calme nos angoisses.
C’est l’heure de mourir. Voici venir Nazar,
Et son prêtre, et Judith, les yeux marqués de fard,
Et le roi, solennel en son habit de fête,
Étend son sceptre d’or sur l’ignoble prophète.
J’étais prête à périr en ce feu dans ses bras
Mais Dieu, dans sa sagesse, ne me le permit pas.
Deux grossiers soldats me prirent par la taille.
Je luttais de mes ongles, inutile bataille.
Je fus jetée au sol sans aucune faveur,
La face contre terre et le visage en pleur.
Combien j’ai souhaité me jeter dans l’abîme !
Devant ce dieu cruel, innocente victime,
Joël me regardait, me disait : « Ne crains rien.
Adon m’accueillera bientôt parmi les siens. »
Déjà la paille brûle et la flamme dévore.
Debout sur le bûcher mon prince espère encore,
Rempli d’un saint courage, environné de feu,
Son ultime prière s’élève au Dieu des cieux.
Moi, toujours à genoux dans cette angoisse extrême,
Face à son agonie ma voix lui crie : « Je t’aime. »
Joël mourut ainsi sous le regard divin.
Les prêtres réjouis s’enivrèrent de vin ;
Ils firent une fête au pied de leur idole,
Ne faisant aucun cas du prince qu’on immole.
Manassé, roi de sang, monarque débauché
Voit le fruit de sa chair périr sur ce bûcher,
N’a pour ce pauvre enfant ni pitié ni tendresse,
Il chante des chansons, il étreint sa maîtresse,
Il y perd sa raison, noyé dans la liqueur,
Et moi, je reste là, noyée dans ma douleur.
Jusques à quand, Seigneur, dans ton indifférence,
Tarderas-tu ? J’attends. J’appelle ta vengeance.
Devras-tu tolérer jusques à l’infini,
Du cruel Manassé les crimes impunis.
Seigneur, fortifie-moi contre cet infidèle,
Pour venger mon époux, arme mes deux bras frêles.
Voilà déjà le roi qui rentre du festin,
Et l’infâme Nazar qui conduit son destin.
Comme de beaux ivrognes ils s’entraînent à rire.
Éloignons-nous un peu. Qu’ont-ils donc à se dire ?

Scène II

KÉZIA (à l’écart) – MANASSÉ – NAZAR

NAZAR

Mon bon roi Manassé, quel bel acte de foi !
Les dieux de Canaan ouvrent leurs mains vers toi.
Des étoiles des cieux vois toutes les armées
De ton autel d’airain absorbant la fumée.
Te voici consacré par le soufre et le feu,
Tu t’es montré servile et fidèle à leurs yeux.
De ta dévotion quel puissant témoignage :
Tu leur offris un fils à la fleur de son âge !
Pour gagner leur faveur tu n’as point hésité.
Mes dieux te combleront, car tu l’as mérité.
Ne veux-tu pas l’honneur, l’amour et la puissance,
Des princes et des rois la pleine obéissance ?

MANASSÉ

Oui, Nazar, je le veux. Je leur ai tout donné :
Répudié ma reine, brûlé mon premier-né,
Mes plus loyaux sujets offert en sacrifice
Et de verser le sang j’ai fait tout mon délice.
Tes dieux ont fait de moi un tyran sans pitié.
J’ai foulé sous mes pas la plus pure amitié.
J’ai fait assassiner sur un coup de colère
Des enfants innocents sur le sein de leurs mères.
Je devrais ressentir la honte et le remords
Mais mon âme assoupie ne me trouve aucun tort
Car j’ai tordu le cou même à ma conscience.

KÉZIA

Que n’ai-je entre mes mains pour ma juste vengeance
Une lance acérée pour les percer tous deux !
Que ne puis-je en leur dos enfoncer quelque épieu !
Je dois venger Joël. Que Dieu soit mon épée
Qui leur fende les os, une arme bien trempée !

NAZAR

De conscience, ami, tu n’as plus, c’est normal.
Tu ne sais discerner ni le bien ni le mal
Et sur tes sentiments n’as plus la moindre emprise
Car tu n’avais qu’une âme et les démons l’ont prise ;
Tu n’as plus d’autre choix que de leur obéir.
Garde-toi malheureux, surtout de les trahir
De peur qu’en le shéol ils ne te précipitent.
Ce qu’ils ont ordonné va le faire au plus vite.
Aujourd’hui, certains faits tu devras accomplir.
Dois-je les rappeler ? Ésaïe doit mourir.
Souviens-toi que Judith, ma fille et ta maîtresse,
Ne manque d’oublier tes vœux et ta promesse.

MANASSÉ

À Judith j’ai promis de lui rester soumis
Mais au pied de mon père moribond j’ai promis
Un vœu que tous les dieux font peser sur ma tête :
J’ai juré de toujours protéger le prophète,
Imagine, Nazar, en mon cœur quel tourment !
Pourtant, j’ai décidé de briser ce serment.

KÉZIA

La promesse à son père ! L’infâme ! Le parjure !
De son cœur qui pourrait réparer la souillure ?

NAZAR

Enfin, pour assouvir tes viles passions
N’ai-je pas imposé comme condition
Lémeth étant bannie, que ma fille soit reine ?

MANASSÉ

Ta fille régnera, ne te mets pas en peine.
Comme l’on craint les dieux le peuple la craindra
Et le vin du pouvoir toujours la grisera.

KÉZIA

Pourrions-nous espérer de pire souveraine ?
Souvenir d’Athalie, la perfide murène !
Magicienne impie, monstre assoiffé de sang,
Tout comme Manassé, tuant des innocents.
Quel beau couple royal ! Quels beaux noms pour l’histoire !
Que des saints de Juda s’en grave la mémoire !

NAZAR

Et Kézia ?

MANASSÉ

                  Quoi Kézia ?

NAZAR

                                     Que penser de son sort ?
L’épouse de Joël mériterait la mort.
Elle s’est opposée au pieux sacrifice,
Offert aux dieux sacrés. Quel sera son supplice ?

MANASSÉ

Je réserve à Judith le soin de la tuer.
Je la vois comme un lion sur elle se ruer.

KÉZIA

Je ne donnerais pas de mon âme une pite.
Loin de cette furie sachons fuir au plus vite.

 

 

NAZAR

Pour la foi de ton peuple il faut un bon pasteur :
Je veux être grand prêtre et sacrificateur.
Au temple de Sion, je veux que tu m’installes.

MANASSÉ

Au temple de Sion ? Quelle étrange cabale !
Ce temple est réservé au seul Dieu d’Israël.
Quel culte y célébrer hormis à l’Éternel ?
Y placer d’autres dieux ne se peut entreprendre.

NAZAR

Mon ami, qu’il te faut donc de temps pour comprendre !
Le peuple, s’il nous voit son temple abandonner,
Ta lourde apostasie ne saura pardonner.
Mais si de tous les dieux tu fais un beau mélange,
Les dévots ignorants te prendront pour un ange.
Un peu de paganisme ajoutons à la loi
Et voici tout Juda confondu dans sa foi.
C’est de tous les démons l’éternel stratagème
De mêler l’hérésie à la vérité même.

MANASSÉ

Tu crois ?

NAZAR

                  Les Juifs pieux n’y verront que du feu.
C’est ainsi.

KÉZIA

                  Ce Nazar est un fou furieux !

NAZAR

Et puisque tu es roi, ma fille souveraine,
Je désire être prince.

MANASSÉ

                                   Je te donne les plaines
Et le val du Jourdain, jusqu’à la morte mer.

NAZAR

Ajoutes-y du sud les immenses déserts
Par ma propre magie je les rendrai fertiles,
Et la sorcellerie m’est un don bien utile.

MANASSÉ

Tout ce que tu voudras.

KÉZIA

                                   Peste soit du larron !

MANASSÉ

Que viennent faire ici ces gueux de bûcherons ?

(Entrent deux soldats épaulant chacun la moitié d’un tronc scié en deux. Sort Nazar.)

Scène III

KÉZIA (à l’écart) – MANASSÉ – deux SOLDATS

SOLDAT

Nous voici de retour, et mission accomplie.

MANASSÉ

Mission, m’avez-vous dit ? Allons ! Quelle folie !
Est-ce donc la mission des combattants du roi
Que courir les forêts à ramasser du bois ?
En place de l’épée que fait donc cette scie ?
N’ai-je pas demandé la tête d’Ésaïe ?
N’avez-vous pas trouvé ce forban ?

SOLDAT

                                                      Nous l’avons,
Et la tête et les pieds enfermés dans ce tronc.

MANASSÉ

Enfermés dans ce tronc ? Quel est donc ce mystère ?
Parlez plus clairement, je vous prie, militaire.

 

 

SOLDAT

Quand nous l’avons surpris au milieu du guéret,
Le prophète s’enfuit au cœur de la forêt.
Nos flèches ne servant à rien dans cette chasse,
Nous lançâmes les chiens aboyer sur ses traces.
Sur un vieil arbre mort et couché, vide et creux
Les molosses voulaient s’acharner tous les deux.
En place de l’aubier se terrait notre proie.
Nous le tenions enfin, Majesté, quelle joie !
Riant de la terreur de notre homme en péril,
J’allai chez un fermier m’enquérir d’un outil.
Armés de cette scie, promptement nous coupâmes
En deux le fugitif, et son corps et son âme.
Il voulait échapper, ce fut pour son malheur.
Le sol se repaissait de son sang.

KÉZIA

                                                  Quelle horreur !

MANASSÉ

C’est bien, mes dévoués, mes serviteurs fidèles ;
Je vous rétribuerai, soldats, pour votre zèle.
Le récit de sa mort est par trop émouvant
Mais j’aurai préféré qu’il fût livré vivant.
Le laisser bien moisir en un cachot fétide
Au gré de la froidure et des étés torrides,
Puis je l’aurais livré dans les mains du bourreau
Ou bien à la merci des cornes d’un taureau.
Les choses sont ainsi. En ce qui vous concerne,
Allez vous réjouir au fond d’une taverne.

(Les soldats s’en vont après que Manassé leur ait donné de l’argent.)

MANASSÉ

Un beau jour, je ferai lapider ces soudards.
Il est grand temps pour moi de rejoindre Nazar.
Je le ferai périr pour ses loyaux services,
Mais sur ce pieu je dois offrir un sacrifice.

(Il sort.)

Scène IV

KÉZIA

Ésaïe, notre maître et frère bien aimé,
Ami des malheureux, soutien des opprimés,
Toi qui m’as tant de fois parlé dans ta sagesse,
Guidé dans ton amour, porté dans ma faiblesse,
Toi qui du Dieu vivant la parole apportais,
Qu’avec tant de plaisir et de joie j’écoutais !
Vêtu de l’Esprit-Saint tu ne craignais personne.
Les rois baissaient le front sous leur lourde couronne
Car on te respectait comme oracle divin.
Ton calame est brisé, admirable écrivain.
Poète qui rimais les divines sentences,
Prêchas pour Manassé la pleine repentance,
Il aura donc fallu que la folie d’un roi
Gonflé de jalousie se déchaîne sur toi !
Tyran, de ses vertus sais-tu quel est le nombre,
Lui qui, pour ton salut, intercédait dans l’ombre ?
Humble et doux serviteur paré d’un saint amour,
Insensible à jamais aux flatteurs de la cour,
Mais pour la vérité plein de fougue et de zèle,
C’est ainsi qu’on te loue d’être resté fidèle.
Pour n’avoir point trahi te voilà terrassé ;
Tel en a décidé l’apostat Manassé.
Seigneur, vois ta brebis, perdue, désemparée,
Seule en face des loups, à ces fauves livrée.
Que deviendra Kézia privée de son berger ?
Que deviendra Juda, troupeau découragé ?
Mais j’entends résonner des cantiques funèbres
Et le soleil pâlit, laissant place aux ténèbres.
Je vois dans les nuées des grimaces d’horreur :
La réponse de Dieu, l’angoisse et la terreur.
Ils ont assassiné ce bienheureux prophète,
Ils ont semé le vent, cueilleront la tempête.
Contre ses meurtriers, sois apaisé, ô Dieu !
Que ta juste vengeance éclate dans les cieux !
Mais donne à tes enfants la force, le courage
D’être victorieux au travers de l’orage,
De marcher vaillamment sous le poids du ciel noir.
Tu sais mon désarroi, tu vois mon désespoir.
Privé d’un tel ami vers toi seul je soupire.
Il trouve près de toi la gloire du martyre.
Après tant de souffrance, après tant de malheurs,
Il a rejoint celui qui calme les douleurs,
Sur son pieux visage essuyant toute larme.

(Judith paraît discrètement derrière elle.)

Scène V

KÉZIA – JUDITH

JUDITH

Ton chagrin, je l’avoue, ne manque point de charme.
Tu es plus belle encor dans la plainte et le deuil.
La splendeur de ta joue et l’éclat de ton œil,
Aux flots salés coulant le long de ton visage
La grâce de ton front trouve son avantage.

KÉZIA

Depuis combien te temps ainsi m’observais-tu
Pour te moquer de moi, Judith, à mon insu ?
Tu trouves ton plaisir au trépas du prophète.
L’homme de Dieu scié, ta victoire est complète.

JUDITH

Oui, quelle jouissance ! Quel bonheur sans égal
De voir périr l’amour et triompher le mal !
Plus de saint serviteur au travers de ma route,
Il faudrait que je pleure ou m’attriste, sans doute !
Je serai bientôt reine, et, telle Jézabel,

Je ferai plier Dieu sous mon sceptre cruel.
Le sot roi de Juda me prend pour sa servante,
Il m’appelle beauté, mon amour, ma charmante
Et parce qu’il est roi prétend me dominer.
Sait-il de quel esprit mon corps est animé ?

KÉZIA

Un esprit de démon, d’Astarté.

JUDITH

                                               Pis encore
Car le feu de l’enfer me brûle, me dévore
Et ce feu, ma jolie, avant que de périr,
Ce feu qui tout détruit et qui fait tant souffrir,
Je veux en consumer dans le cœur et dans l’âme
Tous les saints du pays, sans merci, dans sa flamme.
Je veux voir en ce feu, tant mon cœur est pervers
Les membres des élus se tordre comme vers.
Du prince que tu aimes est-ce assez des brûlures,
Du prophète Ésaïe les horribles blessures ?
Quant à mon Manassé, maître stupide et vain,
J’aurai bientôt versé le poison dans son vin.
La coupe de la haine buvons jusqu’à la lie,
Mais je dois m’occuper de ton cas, ma jolie.

KÉZIA

Elle va me tuer, fuyons !

(Kézia s’enfuit, Judith la rattrape et l’immobilise.)

 

 

JUDITH

                                   Aurais-tu peur ?
Je t’imaginais plus de noblesse et de cœur.

Regarde dans les yeux la cruelle erinye.
Que j’aurai de plaisir à voir ton agonie !
Qu’il me réjouira de dépecer ton corps
Et te découper vive en attendant ta mort !
Je briserai tes os et tu seras rouée.

KÉZIA

Tu ne m’as point encore ni blessée ni tuée.

(Lutte. Kézia se débat, Judith la frappe, elle tombe.)

JUDITH

Debout, fille de rien, bouvière, vermisseau !
Debout, que de mes mains je te brise en morceaux !

(Kézia se relève, elle ramasse une pierre qu’elle lance au visage de Judith. Judith tombe.)

KÉZIA

Des deux paires de bras c’est elle la plus forte
Mais je sais mieux viser, la carogne en est morte.

(Elle va cacher le corps de Judith, puis revient sur le devant de la scène. Entre Asarhaddon, habillé en soldat assyrien. On ne le reconnaît pas à cause de son casque.)

Scène VI

KÉZIA – ASARHADDON

ASARHADDON

Est-ce ici la colline où l’on sert à Moloch
De l’huile sur le bois et du sang sur le roc,
Des dieux de Canaan l’autel abominable
Où l’on tranche le cou des enfants sur la table ?

KÉZIA

C’est ici, en effet, ce qu’on nomme un haut lieu
Où les païens encore sacrifient à leurs dieux,
Pour apaiser Moloch, l’idole vengeresse.

ASARHADDON

De ce culte infernal êtes-vous la prêtresse ?

KÉZIA

Non, je ne le suis point.

ASARHADDON

                                     Par quel hasard, alors
Vous trouvé-je en ce lieu où l’odeur de la mort
Aux plus vaillants soldats feraient perdre courage ?
Que fait cette beauté sur ce champ de carnage
Et cette jolie fleur sur ce tas de fumier ?
Car vos yeux sont mortels, je ne puis le nier.

KÉZIA

Vous êtes un flatteur. Allons, beau capitaine,
Est-ce pour mes beaux yeux que vous prenez la peine
De gravir en armure la pente de ce mont ?

ASARHADDON

Je voudrais rencontrer cet enfant du démon,
Le plus félon des rois et le plus méprisable,
Ce ventre sans entrailles, ce lapin pitoyable,
Ce cloporte rampant, exécrable animal,
Ce rat toujours vautré sous le pied de Bélial,
Traître à son Dieu, son peuple, à son père parjure,

Assassin par surcroît, foie de porc, âme impure.
Je parle évidemment du lâche Manassé
Qui brûle ses enfants. L’auriez-vous vu passer ?

KÉZIA

Parler ainsi du roi, soldat, mais quelle audace !
Craignez que de sa lance il vous fiche sur place.
Manassé n’est point homme à donner le pardon,
Par son glaive il vous peut enseigner la raison.
Oui, le roi de Juda n’est qu’un bien triste sire.

ASARHADDON

Et je suis fort heureux de vous l’entendre dire,
Car d’autres compliments il ne mérite point.

KÉZIA

Mais pour le rencontrer vous arrivez de loin
Si j’en crois votre heaume et j’en crois votre armure.

ASARHADDON

Je viens lui rappeler son inique imposture.
Voici venu pour lui le jour de la terreur
Car il a de Ninive offensé l’empereur.
Du Tigre je m’en viens lui déclarer la guerre
Et pour bien commencer, je vous tiens prisonnière.

KÉZIA

Pour vouloir me saisir, soldat, qu’êtes-vous donc ?

ASARHADDON

Votre nouveau seigneur, madame.

(Il ôte son casque.)

KÉZIA

                                                    Asarhaddon !

ASARHADDON

La face du vainqueur vous émeut, jeune fille.
Suivez-moi sans pleurer, vous serez bien gentille.

(Elle s’évanouit. Asarhaddon la prend dans ses bras et l’enlève.)

 

la suite

 

 

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