24. Pourquoi ont-ils parlé en langues ?
Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut, et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue. Ils étaient tous dans l’étonnement et la surprise, et ils se disaient les uns aux autres : « Voici, ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Et comment les entendons-nous dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, le territoire de la Libye voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ? » Ils étaient tous dans l’étonnement, et, ne sachant que penser, ils se disaient les uns aux autres : « Que veut dire ceci ? » Mais d’autres se moquaient, et disaient : Ils sont pleins de vin doux.
Actes 2.1/13
Nous avons précédemment parlé de la venue du Saint-Esprit le jour de la Pentecôte, et nous avons brièvement abordé la manifestation du parler en langues. Dans ce texte, il est indéniable que ce phénomène est lié à la réception du Saint-Esprit par les premiers chrétiens.
Plus tard, nous voyons le parler en langues associé à la réception du Saint-Esprit par les disciples de Christ à Samarie (Actes 8), à Césarée (Actes 10) et à Éphèse (Actes 19).
Plus tard encore, nous verrons l’apôtre Paul rappeler à l’ordre les chrétiens de Corinthe à propos du parler en langue. Il dénonce des abus et rappelle quelques règles, mais n’en interdit pas pour autant la pratique. Il l’encourage même en ces termes :
« Je désire que vous parliez tous en langues. »
1 Corinthiens 14.5
« N’empêchez pas de parler en langues »
1 Corinthiens 14.39
« Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langues plus que vous tous. »
1 Corinthiens 14.18
Je voudrais essayer, à l’aide de la parole de Dieu, de répondre à deux questions :
- Pourquoi ont-ils parlé en langue ?
- Faut-il parler en langues pour être rempli du Saint-Esprit ?
Dans ce but, nous nous pencherons sur ces trois situations :
- Que s’est-il passé le jour de la Pentecôte ?
- Que s’est-il passé dans le livre des Actes ?
- Que s’est-il passé à Corinthe ?
Commençons donc à la Pentecôte, et même un peu avant.
Quelqu’un avait-il reçu le Saint-Esprit avant les cent vingt disciples de la chambre haute ?
– Oui, Jésus.
En effet, plusieurs textes en témoignent :
Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit, et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection. »
Luc 3.21/22
Nous pouvons lire aussi : Matthieu 3.13/17, Marc 1.9/11 et Jean 1.32/34.
Tout comme ultérieurement à la Pentecôte, cette réception du Saint-Esprit a été accompagnée de manifestations visibles et audibles : la voix de Dieu et la colombe.
Mais Jésus a-t-il parlé en langue quand il a reçu le Saint-Esprit ?
La Bible ne nous le dit pas.
Peut-être n’a-t-il pas parlé en langues à l’instant même, mais plus tard, dans l’exercice de son ministère.
La Bible ne le dit pas non plus.
Mais enfin, me direz-vous, la Bible ne dit pas non plus dans quelle boulangerie Jésus achetait ses croissants ni à quelle heure il faisait la vaisselle.
Tout à fait d’accord, mais si Jésus avait parlé en langues en recevant le Saint-Esprit, ce détail me semble suffisamment important pour qu’au moins un des quatre évangélistes l’ait signalé.
Jésus a-t-il mentionné le parler en langues dans son enseignement ?
– Oui, une seule fois en Marc 16.17/18 :
Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s’ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris.
Ce texte ne rassemble pas tous les critères d’authenticité, mais tant que l’on ne m’aura pas démontré qu’il est apocryphe, je le considère comme faisant partie des Écritures.
Remarquez que Jésus n’a pas dit : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront reçu le Saint-Esprit », mais « ceux qui auront cru ». L’idée du parler en langues comme signe initial de la réception de l’Esprit est absente du contexte.
Jésus a-t-il promis la réception du Saint-Esprit ?
– Oui, bien sûr. Il suffit de lire Jean 7.37/39
Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. » Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car l’Esprit n’était pas encore, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié.
Ou encore :
Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.
Jean 14.15/17
Maintenant je m’en vais vers celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où vas-tu ? Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur. Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille, car si je ne m’en vais pas, le consolateur ne viendra pas vers vous ; mais, si je m’en vais, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement : en ce qui concerne le péché, parce qu’ils ne croient pas en moi ; la justice, parce que je vais au Père, et que vous ne me verrez plus ; le jugement, parce que le prince de ce monde est jugé. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce que le Père a est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.
Jean 16.5/15
C’était l’occasion d’ajouter : « Quand vous parlerez de nouvelles langues, vous saurez que ce moment est arrivé. »
Mais il n’en a rien dit.
Le jour de la Pentecôte, la venue du Saint-Esprit se manifesta par trois signes distincts : le vent, le feu, et le parler en langues. Attardons-nous sur le parler en langues :
Tout d’abord, il est incontestable que nous sommes en présence de xénoglossie, et non de glossolalie.
Holà ! Quels mots compliqués !
La xénoglossie, d’après le dictionnaire Larousse est le « phénomène au cours duquel un sujet se montre capable, dans un état modifié de conscience, de parler une langue étrangère véritable qu’il ne connaît pas à l’état conscient ». Nous parlons bien de langue étrangère véritable ; mais ce qui me déplaît, dans cette définition, ce sont les mots « état modifié de conscience ». Les disciples de Jésus n’étaient pas « en transe » quand ils délivraient leur message en langue.
Toujours d’après Larousse, la glossolalie est un « phénomène extatique, constaté dans de nombreuses religions et sectes religieuses anciennes et modernes, dans lequel le sujet émet une série de sons ou de mots dont les auditeurs ne peuvent saisir le sens sans le concours d’un autre sujet possédant le don de l’interprétation. » Nous sommes ici en présence d’un langage qui n’a de signification cohérente dans aucune langue connue. Mais là aussi, une nuance s’impose : nos frères pentecôtistes ou charismatiques ne sont pas dans un état extatique lorsqu’ils prophétisent, parlent en langue, ou donnent l’interprétation. L’ayant moi-même pratiqué durant de longues années, je puis en témoigner.
La Pentecôte est un jour de fête qui réunit à Jérusalem les Juifs et prosélytes dispersés dans tout l’Empire. Il y en avait de toutes nationalités, Parthes, Mèdes, Élamites, etc. Et, bien sûr, il y avait aussi des juifs de Judée ou de Galilée, dont la langue maternelle était l’araméen.
Les Juifs de Terre-Sainte n’y comprenaient rien, parce que les disciples parlaient dans toutes les langues, sauf la leur. Pour eux, ces gens étaient complètement brindezingues.
Mais ceux qui étaient venus de loin étaient émerveillés : « Comment peuvent-ils annoncer dans notre langue les merveilles de Dieu ? »
Les merveilles de Dieu ! Ce sont donc des louanges qu’ils ont proclamées, plutôt qu’un message d’évangélisation ou d’édification. Le message d’évangélisation, Pierre le délivrera tout à l’heure, en araméen. L’apôtre Paul nous le confirme :
En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c’est en esprit qu’il dit des mystères.
1 Corinthiens 14.2
Continuons à parcourir le livre des Actes et laissons-nous enseigner par d’autres événements.
D’abord à Samarie :
Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci, arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit. Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit. Lorsque Simon vit que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, en disant : « Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que celui à qui j’imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit. »
Actes 8.14/19
Nous constatons, dans ce texte, que la réception de l’Esprit a été différée, car les destinataires étaient déjà chrétiens et avaient reçu le baptême. Nous constatons également que le parler en langues n’est pas mentionné ici, mais nous pouvons penser qu’une manifestation surnaturelle s’est produite quand Pierre et Jean ont imposé les mains à ces disciples puisque Simon, le magicien, a voulu racheter l’affaire pour son compte.
Ensuite à Césarée :
Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ? »
Actes 10.44/47
Et terminons notre périple par Éphèse :
Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les hautes provinces de l’Asie, arriva à Ephèse. Ayant rencontré quelques disciples, il leur dit : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit, quand vous avez cru ? » Ils lui répondirent : « Nous n’avons pas même entendu dire qu’il y ait un Saint-Esprit. » Il dit : « De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? » Et ils répondirent : « Du baptême de Jean. » Alors Paul dit : « Jean a baptisé du baptême de repentance, disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus. » Sur ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient. Ils étaient en tout environ douze hommes.
Actes 19.1/7
Quels mots pouvons-nous naturellement associer au mot langue ? Je ne parle pas de la langue de bœuf.
Lorsque nous pensons langues, nous pensons pays, peuples, cultures, littératures, nations.
Revenons à notre texte de Marc 16.15/17 :
Puis il leur dit : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues, etc. »
Le Seigneur introduit un concept nouveau que ses disciples mettront bien du temps à comprendre : « Allez dans le monde entier », pas seulement en Judée, « proclamer la bonne nouvelle à toute la création », pas seulement aux Juifs.
Les chrétiens de Samarie étaient convertis, nés de nouveau, ils avaient été baptisés au nom de Jésus, mais le Saint-Esprit n’était descendu sur aucun d’eux. Il fallait pour cela que des Juifs leur imposassent les mains. (Eh oui ! Je maîtrise l’imparfait du subjonctif !)
Les Samaritains étaient un peuple mi-juif mi-païen.
Lors de la déportation en Assyrie, la population d’Israël a été remplacée par un peuple du fin fond de l’empire, afin d’étouffer tout nationalisme. Les Soviétiques ont d’ailleurs fait la même chose avec les Estoniens, les Moldaves, etc. Ces populations ont vite compris qu’il valait mieux avoir le Dieu du pays de leur côté, mais ils ont continué à servir leurs vieilles idoles. C’est ce que nous lisons en 2 Rois 17.23/41.
Moitié juifs et moitié païens ! Il valait encore mieux pour eux qu’ils soient complètement païens. Les Juifs n’aimaient ni les chiens ni les païens, mais ils disaient qu’ils auraient encore mieux aimé être le chien d’un païen qu’un Samaritain !
Nous comprenons que l’introduction de cette nation exécrée des Juifs dans le corps de Christ devait être accompagnée d’un signe en faveur des nations.
À Césarée, l’Évangile est annoncé à des païens en terre juive.
Notre Seigneur a dû employer les grands moyens pour convaincre Pierre d’aller chez un Romain. Souvenons-nous de cette nappe remplie de toute une ménagerie ! (Actes 10.9/29)
À Éphèse, ville renommée pour ses pratiques occultes, Paul rencontre des juifs en terre païenne.
C’était incontestablement des Juifs, puisqu’ils étaient présents quand Jean baptisait dans le Jourdain et qu’ils ont reçu ce baptême. Mais leur expérience se limitait à la repentance.
Existe-t-il trois baptêmes, comme ce texte pourrait le faire comprendre, et comme je l’ai cru au début de ma vie chrétienne ?
Bien entendu, nous ne sommes pas ici en présence d’un cas normatif.
Ces disciples isolés n’avaient pas été instruits. Ils ne savaient pas qu’après l’abandon du péché, il y avait la vie nouvelle.
Quand Paul leur parle du Saint-Esprit, ils ouvrent de grands yeux de lémuriens. Ils ne savaient même pas qu’il y avait un Saint-Esprit ! Cela pourrait nous faire sourire.
Alors Paul reprend tout depuis le début. Cette fois, ils ont bien compris. Ils savent enfin qu’ils sont nés de nouveau. Ils sont baptisés au nom de Jésus, ils reçoivent le Saint-Esprit. Comment le savent-ils ? Parce qu’ils parlent en langues. Ils remercient Dieu dans une langue qu’ils n’ont pas apprise.
Ici encore, le parler en langues accompagne la réception du Saint-Esprit pour donner un signe particulier.
Il était primordial de convaincre l’Église naissante que le salut, et le revêtement du Saint-Esprit qui l’accompagne sont aussi accordés aux nations. Le parler en langues, comme nous l’avons vu, était le signe approprié. Nous rappelons, à la lumière de la parole de Dieu, qu’il s’agissait de langues existantes.
À de rares exceptions près, Jésus n’a pas exercé son ministère parmi les Goïm. Bien qu’il fût revêtu du Saint-Esprit, ce signe ne lui était pas nécessaire.
Au bout de quelques années, la pratique du parler en langues est toujours de mise. À Corinthe, justement, on parle beaucoup en langue, et je suppose qu’on en est fier, mais il y a aussi beaucoup de problèmes et pas beaucoup d’amour.
L’apôtre Paul va donc intervenir dans cette église pour y remettre un peu d’ordre. Bien entendu, il ne leur dit pas qu’ils auraient moins de problèmes s’ils arrêtaient de parler en langue. Il les invite même à persévérer tout en leur rappelant certaines normes. C’est dans cet esprit qu’il intercale le fameux chapitre 13 entre le chapitre 12 et le chapitre 14.
Belle lapalissade, me direz-vous !
Au beau milieu de cet enseignement sur la pratique des dons spirituels, il introduit une notion fondamentale :
Aimez votre prochain, aimez-vous les uns les autres, c’est plus important que tous les exercices de piété.
Attardons-nous un peu sur l’une des observations de Paul :
En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c’est en esprit qu’il dit des mystères.
1 Corinthiens 14.2
Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu. Que penser alors des interprétations du type : « Mon enfant, donne-moi aujourd’hui ton cœur… » ? Pourquoi les disciples, à la Pentecôte, disaient-ils les « merveilles de Dieu » ?
Objection : les chrétiens de Corinthe avaient un parler en langues différent de celui des disciples de la chambre haute, la preuve en est qu’on ne le comprenait pas alors que le message de la Pentecôte était compris de ses destinataires.
Or, à la Pentecôte, les disciples qui parlaient arabe étaient compris des arabophones, ceux qui parlaient perse étaient compris des Perses. Mais dans les premiers temps de la chrétienté, il n’y avait pas d’églises pluriethniques, comme de nos jours. Tous les participants au culte, à Corinthe, parlaient grec, peut-être quelques-uns parlaient-ils latin. Si on leur parlait en élamite, évidemment, personne ne comprenait.
Alors pourquoi un message qui s’articule sur deux ou trois syllabes trouve-t-il une interprétation du genre :
« Écoute, mon peuple, je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… » ?
– Vous savez, c’est probablement un dialecte du fin fond du Zimbabwe, ils savent exprimer beaucoup de choses avec peu de mots (comme les Shadocks).
Autre pirouette théologique :
Ce n’est pas une langue humaine, c’est la langue des anges. Paul lui-même en parle :
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.
1 Corinthiens 13.1
Louis Segond, comme la plupart des traducteurs, emploie le conditionnel, tout comme il dit plus loin (vs 3) « quand je livrerais même mon corps pour être brûlé ». Nous pouvons en déduire que Paul n’a jamais livré son corps au bûcher (ça se saurait) et qu’il n’y a aucune certitude qu’il a parlé la langue des anges, et pourtant, il parlait en langue plus que les autres.
Nous pouvons en conclure que le parler en langue pratiqué dans l’église de Corinthe était la même manifestation que celle du jour de la Pentecôte, bien que l’homme y ait déjà ajouté son grain de sel, qu’il a été donné à l’église des premiers temps dans le contexte que nous venons d’expliquer, et qu’il n’avait plus sa raison d’être dans les générations à venir, puisqu’il n’était plus nécessaire de convaincre les chrétiens que les Juifs n’ont pas le monopole du salut.
Cette recherche nous amène maintenant à notre deuxième question :
Faut-il parler en langues pour être rempli du Saint-Esprit ?
Voici ce qu’enseigne l’apôtre Paul :
C’est pourquoi je vous déclare que nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : « Jésus est anathème ! » et que nul ne peut dire : « Jésus est le Seigneur ! » si ce n’est par le Saint-Esprit.
1 Corinthiens 12.3
Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l’esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il ne lui appartient pas.
Romains 8.9
Ces deux textes sont susceptibles de nous rassurer, au cas où nous douterions que le Saint-Esprit nous soit accordé, sans condition, dès notre conversion à Christ. À moins que nous voulions fonder une doctrine selon laquelle il est possible qu’un enfant de Dieu, né de nouveau, n’appartienne pas à Christ tant qu’il n’a pas reçu l’Esprit-Saint, mais il faut bien essorer les Écritures pour parvenir à de telles conclusions.
Nous pouvons ainsi résumer notre étude :
- Le parler en langues a été donné à l’Église primitive pour convaincre les Juifs et prosélytes que le salut est aussi accordé aux nations.
- Celui qui parlait en langues parlait dans une langue réelle.
- Il parlait à Dieu ; il n’apportait jamais un message d’évangélisation ou d’édification.
- Il n’est pas impératif de parler en langues pour être rempli du Saint-Esprit.
Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit.
1 Corinthiens 12.13
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