Le 27 novembre 1916 disparaissait Émile Verhaeren, victime, en gare de Rouen, d’un tragique accident de chemin de fer.
Tu naquis sous le ciel flamand
Près du clocher de Saint-Amand
Du Limbourg au Hainaut, jusqu’au gris Borinage,
Ta muse t’entraînait de corons en bocages.
Dans ton cœur fredonne une lyre
Vibrant au souffle du zéphire.
Plutôt que Jupiter, Junon, Mars ou Vénus,
Tu préférais chanter les mineurs inconnus.
La poussière du charbon
Grise l’âme du violon,
Vole en pleine lumière sur la corde diaphane,
Sur le crin de l’archet tient lieu de colophane.
Ainsi, poète, chaque jour,
Couraient les chants du troubadour,
Jusques en ton palais de la Pierre-qui-Bique,
S’évade sous ta harpe une grave musique.
Oh ! malheur ! Sur un quai de gare,
Cris, bousculade et tintamarre !
Roulant sur le ballast où les roues l’ont broyé,
Ton violon s’est tu…
… sous la fonte et l’acier.
À l’ombre d’une cathédrale,
C’est la coda, rime finale.
Adieu poète, adieu chanson, œuvre éternel.
Adieu, pauvre trouvère et tendre ménestrel.
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