Les Coloquintes
Voici de beaux melons à la chair succulente,
Et les citrouilles opulentes.
Des pastèques le sang vermeil
Guérira notre soif d’un baume sans pareil.
Les nobles pâtissons aux oblongues couronnes,
Légumes bigarrés que la terre nous donne.
Mais que sont ces beaux fruits aux vivantes couleurs ?
Quel délicat sculpteur
Quel merveilleux artiste
A formé ce joyau d’opale et d’améthyste,
Et celui-ci d’argent de jaspe et de saphir,
De rubis, de topaze, d’or du pays d’Ophir.
Déjà mon âme s’en régale.
Si donc à leur éclat leur saveur est égale
J’en remplirai tout mon manteau
Et dans la cuisine tantôt
Nous allons faire un bon potage.
Hélas, quel horrible breuvage !
Garçons au pénible destin,
C’étaient de jeunes orphelins
Sans aucune idée dans la tête.
Ils étaient tous fils des prophètes
Tués par l’impie Jézabel,
Reine infâme au regard cruel.
Si peu doués pour la cuisine
Lorsqu’ils préparaient la cantine
Ils mélangeaient dans le chaudron
Coloquintes et potirons
Tournant d’un habile fouet
Le lourd poison dans le brouet.
Mais quelle ignoble soupe avez-vous préparée !
Leur dit le prophète Élisée.
– Maître, la mort est dans le pot.
Que ferons-nous de ce fricot
Car nous redoutons la famine.
– Ajoutez-y de la farine.
Ainsi la blanche fleur des blés
Repaît ces enfants attablés.
Ce bon repas nous fait envie.
Ainsi le Christ est notre vie,
C’est l’aliment de notre esprit,
Il est ce corps qui te nourrit,
C’est le pain dont la blanche mie
Ôte du péché l’infamie.
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