Le roi se meurt, il a peur de l’enfer,
Pâle et tremblant sur son grand lit de fer.
À son chevet les savants et les sages,
Les charlatans, les prêtres et les mages,
Les docteurs les plus valeureux.
Ils sont venus, répondant à l’appel
Du prince en pleurs, tous invoquent le Ciel :
« Oh ! Prends pitié, Seigneur, offre ton aide,
Pour ce bon roi donne-nous le remède
Pour guérir le mal douloureux. »
Dans la ferveur et la contrition
Ils recevront la révélation.
Le plus ancien se lève et prophétise :
« Veux-tu guérir ? Endosse une chemise,
La chemise d’un homme heureux. »
On détacha cinquante cavaliers
Interrogeant barons et roturiers.
Tous les sujets du pays sont en peine :
L’un sans le sou, solide comme chêne,
Tel autre riche et souffreteux.
« Si vous saviez combien j’ai de tracas !
Femme exécrable et de goût délicat,
Vraie courtisane arrogante et fière,
Capricieuse et toujours en colère,
Et pourtant j’en suis amoureux. »
« J’ai plus qu’assez de mes deux chenapans !
Toujours rebelles et désobéissants,
Ivres sans cesse et poursuivant les filles,
Couvrent de honte une honnête famille.
Si j’avais des fils vertueux ! »
Seul, égaré, chevauchant dans un bois,
Près d’un taudis passe le fils du roi.
Point de carreau pour l’unique fenêtre ;
Point de lumière au foyer ne pénètre.
C’est vraiment la maison d’un gueux !
Un baryton entonne un chant pieux :
« Je suis en paix, car mon cœur est à Dieu ;
Je suis sauvé, n’est-ce pas magnifique ? »
Tout en riant, il chante des cantiques.
« J’ai cent raisons d’être joyeux. »
« Vends ta chemise, dit le prince de sang,
Je t’en paierai mille boisseaux d’argent.
– J’ai pour dormir ma fine couverture,
Un sac de jute pour ma seule vêture. »
Point de chemise à l’homme heureux.
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