Premier voyage

Chypre

Actes 13.6/12

Ils virent à Paphos un nommé Bar-Jésus,
Conseiller du consul Sergius Paulus.
C’était un magicien, faux prophète, faux frère,
Vil flatteur de l’esprit, ignoble mercenaire,
Ennemi de la grâce et de la vérité,
Prophète du mensonge et de l’impureté,
Serviteur de Bélial, de toutes les idoles,
Ayant su que son maître écoutait la parole
Envers le saint apôtre argumentait à faux,
Contredisant sans cesse et contre ses rivaux
Opposait des raisons captieuses et vaines,
Criant et s’agitant, le cœur empli de haine.
Paul, rempli de l’Esprit lui dit : regarde-moi,
Ami de l’injustice, ennemi de la foi,
Les voies droites de Dieu tu pervertis sans cesse,
Homme de lâcheté, de ruse de paresse,
Ô vil blasphémateur et trompeur sans pareil,
Jamais plus ne verras désormais le soleil.
Élymas aussitôt fut privé de lumière
Et Paulus offrit à Dieu son âme entière.

 

 

Perge

Actes 13.13

Il était temps alors de reprendre la mer,
Il fallait conquérir l’Asie contre l’enfer.
Lorsque de Pamphylie furent gagnées les berges,
Marc, Barnabas et Paul se rendirent à Perge.
Marc, jeune et fatigué regrettait le bon port :
« Jusqu’à Chypre, très bien, la Pamphylie, d’accord
Mais je n’avais prévu cette longue escapade
En pays inconnu, chez d’étranges peuplades.
Allez où vous voudrez, les cieux m’en sont témoins,
J’ai accompli ma tâche et n’irai pas plus loin. »
Oubliant sa mission, abandonnant ses frères,
Jean-Marc et ses amis ainsi se séparèrent.

Antioche de Pisidie

Actes 13.14/51

Cette désunion les affligea, sans doute[1]
Et jusqu’en Antioche ils reprirent la route.
C’était jour de sabbat, jour de repos sacré
Et dans la synagogue, le recteur attitré
Dit : « Frères, avez-vous quelque parole sage,
Une exhortation pour le peuple, un message ? »
Paul se leva, prit place, et dit : « Hommes pieux,
Écoutez, je vous prie, la parole de Dieu,
De la part du Seigneur écoutez ce mystère :
L’Éternel, en Égypte, avait choisi nos pères,
Il vit son esclavage et par son puissant bras
Leur ouvrit la mer Rouge et les en délivra,
Les nourrit au désert pendant quarante années ;
Devant lui, des nations furent exterminées.
Il donna Canaan comme propriété
Et leur donna les juges pour seule autorité.
Quatre siècles plus tard, lassés de leur tutelle
Auprès de Samuel crièrent ces rebelles :
“Nous ne tolérons plus ta domination
Donne-nous donc un roi comme en ont les nations.”
Ainsi fut déclaré Saül, le benjamite
Premier roi potentat du peuple israélite.
Saül qui lassa Dieu par sa méchanceté,
Orgueilleux roi, pervers, fut bientôt rejeté.

 

J’ai trouvé l’homme de mon cœur,
David le parfait serviteur.
Il a marché selon mes voies,
Je l’ai choisi, je vous l’envoie.

 

De la postérité de l’enfant d’Isaïe
Nous naquit un Sauveur, Yéshoua, le Messie.
Jean l’avait annoncé alors qu’il baptisait
Dans les eaux du Jourdain, le prophète disait :

 

Je ne suis pas le nouveau roi
Mais l’oint de Dieu vient après moi.
De le servir je suis indigne,
Pas même d’ôter ses sandales
Il produira signe sur signe
Objet de gloire et de scandale,
Agneau qui ôte le péché,
Voici le Christ, notre rocher.

 

Oui, c’est à vous, fils d’Abraham, mes tendres frères,
Vous qui craignez de Dieu la très juste colère,
Qu’est donné ce message, parole de salut,
Car ceux de la Judée condamnèrent Jésus.
Ainsi sont accomplies toutes les prophéties,
Ils ont crucifié l’oint de Dieu, le Messie.
Après l’avoir tué, le mirent au tombeau
Mais il s’en échappa, plus rayonnant, plus beau.
Il est ressuscité, il marche dans les rues.
Nous en sommes témoins, oui, la mort est vaincue.
Il est ressuscité, croyez-le par la foi,
Il accomplit ainsi les Psaumes et la Loi :

 

Tu es mon fils, mon bien-aimé,
Aujourd’hui je t’ai animé.
Je ne veux pas que ta nature
S’en retourne à la pourriture. »

 

Les samedis suivants, presque toute la ville
Assemblée autour d’eux écoutait l’Évangile.
Les juifs injurieux, jaloux de leur succès,
Le cœur plein d’amertume et de zèle à l’excès
Se lièrent contre eux, éclatant de colère,
Et jurant contre Paul d’une voix de tonnerre.
« C’est à vous, peuple juif, leur dit l’apôtre enfin,
Qu’avait été donné le message divin,
Mais vous le rejetez par cet affront insigne,
De l’éternelle vie vous vous montrez indignes.
C’est donc vers les païens que je me veux tourner ;
N’est-ce pas ce que Dieu à lui-même ordonné :

 

Jusques aux confins de la terre
Porte le salut aux nations
Porte aux païens la vision
C’est toi qui seras la lumière. »

Tous les gentils d’Antioche, l’âme remplie de joie
Glorifiaient de Dieu les merveilleuses voies,
Ils levèrent vers Christ leurs cœurs purifiés
Et leur vie consacrèrent au Roi crucifié.
Au travers du pays la parole progresse,
Mais des juifs religieux la flamme vengeresse
Provoqua dans la ville une sédition
Qui chassa du pays Paul et son compagnon.
Et secouant contre eux de leurs pieds la poussière,
Sans regret de la ville indigne s’éloignèrent,
Sans un mot de dépit, sans détourner les yeux,
Laissant derrière eux des disciples joyeux.

Icone

Actes 14.1/7

Arrivés à Icone, aux Juifs ils annoncèrent
La parole de Christ de la même manière.
Juifs et Grecs convaincus, par la grâce touchés,
Reçurent le salut, renonçant au péché.
Mais d’aucuns, incrédules armés contre les frères,
Les esprits agités, forcenés, se liguèrent,
Et, malgré la menace, les deux prédicateurs
Semaient à tous les vents la grâce dans les cœurs,
Aussi les guérisons, les signes, les miracles
Confirmaient à leurs yeux les célestes oracles.
Mais des hommes jaloux la basse rébellion
Assombrissait bientôt la pure communion.
Contre tous ces fervents disciples en prière
Ils formaient un complot et rassemblaient des pierres.
Ils voulaient sous leurs coups tuer la vérité.
L’apôtre et Barnabas quittèrent la cité.

Lystre

Actes 14.8/18

À Lystre se trouvait un pauvre homme invalide,
Le pied brisé, le dos courbé, le front livide,
L’infirme, de sa vie, n’avait point su marcher,
Mais, au temple, il aimait entendre Paul prêcher.
Ayant fixé les yeux sur sa misère extrême,
Le messager de Dieu comprit à l’instant même
Que pour être guéri notre homme avait la foi,
D’une voix sûre et forte, il lui dit : « Lève-toi ! »
Et, se dressant d’un bond, le mendient confirme
Que Jésus, d’un seul mot, peut guérir un infirme.
Or, le peuple ayant vu ce don miraculeux,
Dit : « Les dieux sont venus pour sauver ce boiteux,
Oui, voici Jupiter et Mercure en personne,
Sous une forme humaine, ils accourent et nous donnent
Une part de puissance, un morceau de bonheur.
Rendons leur toute gloire et leur faisons honneur,
Apportez des taureaux, apportez des génisses,
À ces hommes divins offrez des sacrifices.
De Jupiter le prêtre apportant des bovins,
Avec des banderoles, de l’encens et du vin.
Les frères, avertis, leurs habits déchirèrent,
Au milieu de la foule ils se précipitèrent,
S’écrièrent : « Pourquoi se comporter ainsi ?
Nous ne sommes point dieux, mais des hommes aussi,
Et nous vous apportons une bonne nouvelle :
Voulez-vous recevoir une paix éternelle ?
Tournez-vous aujourd’hui vers le seul Dieu vivant,
Laissez les vanités, choisissez maintenant.
Celui qui a construit le ciel comme la terre
Et qui des océans a fixé les frontières
A laissé les nations suivre leur volonté,
Libres de s’égarer dans leur impiété.
Ce Dieu qui vous connait sur vos obscures voies
Qui vous nourrit le corps, remplit vos cœurs de joie
De son immense amour témoigne à chaque instant,
Il vous donne la pluie et le blé en tout temps. »
Le peuple ayant reçu ces divines paroles,
Cessa d’offrir des viandes aux pieds de leurs idoles.

Derbe

Actes 14.19/20

Mais les juifs d’Antioche et d’ailleurs, survenant,
Tinrent près de la foule des discours surprenants,
Pour les persuader que Paul leur voulait nuire.
Sur la place publique il se laissa conduire,
Criant avec fureur, ces païens dépravés
Ayant armé leur main d’un anguleux pavé,
Par la haine aveuglés, ces gens le lapidèrent.
Le croyant mort, hors de la ville ils le traînèrent.
L’apôtre aurait péri dans le sang et l’oubli,
Mais dès le jour suivant il était rétabli.
Assisté des disciples, il entra dans la ville,
Ne pouvant prolonger ce séjour inutile,
Poursuivant son chemin de maison en maison,
Entra bientôt à Derbe avec son compagnon.

 

Deuxième transition

Paul et Barnabas rentrent chez eux. Ils s’arrêtent dans les villes qu’ils ont évangélisées pour y encourager les églises et y nommer des anciens : Lystre, Icone, Antioche de Pisidie et Perge. Ils embarquent à Attalie pour Séleucie et arrivent à Antioche de Syrie.

Ils racontent à l’église les merveilleuses expériences qu’ils ont vécues. Mais il y a toujours des religieux grincheux qui trouvent à redire :

« Vous n’avez pas le droit de baptiser des païens comme ça. Il faut d’abord qu’ils soient circoncis, ensuite, il faut les contraindre d’obéir à la loi de Moïse ».

Comme ils ne parvenaient pas à se mettre d’accord, ils organisèrent une convention : la fameuse « conférence de Jérusalem ».

Après de longues discussions, Pierre prit la parole, rappela comment l’Évangile avait été reçu chez le centurion Cornelius, comment le Saint-Esprit avait été donné à ce Romain avec un signe particulier, et comment il avait été baptisé.

Paul et Barnabas défendirent à leur tour leur position. Enfin, Jacques conclut qu’on ne devait pas créer de difficultés aux païens qui deviennent chrétiens, mais leur demander seulement de se détourner des idoles et de la débauche, ainsi que de pratiques alimentaires qui pourraient inutilement scandaliser les juifs.

Paul et Barnabas rentrent à Antioche. Silas, qui les avait accompagnés, décide de rester avec eux.



 

[1] J’aurais dû commencer par une rime masculine. Tant pis ! on laisse comme ça.

 

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