Le Boulet

L’homme libre vit un forçat :

« Or ça !

Quel crime as-tu commis, l’ami, pour cette peine,

Pour ce boulet, pour cette chaîne ?

Pour quel meurtre sanglant, quel ignoble forfait ?

– Ma foi, je n’ai rien fait,

Car c’est de mon plein gré que je rame en galère,

Bagnard je suis, mais volontaire.

Je n’ai le noir cachot nullement mérité

Mais j’y dors en sécurité.

Ici ma chair n’est poursuivie

Par quiconque en voudrait à ma fragile vie.

Je vis, calme, à l’abri des murs de ma prison.

La liberté chérie ! Quelle sotte raison !

Quand loin du poulailler s’égare une pondeuse,

La voilà libre et bienheureuse

Quand au frais d’un bosquet la trouve par hasard

Le renard. »

 

Les peuples insensés se ferrent sans murmure

Du boulet de la dictature.

 

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