Deuxième voyage

Un différend

Actes 15.36/41

Paul dit à Barnabas : « retournons dans les villes
Où nous avons semé le divin Évangile
Et retrouvons nos frères, fortifions leurs cœurs,
Et ravivons leur feu, ravivons leur ferveur.
– Oui, répond Barnabas, repartons pour l’Asie,
Apportons à nouveau le salut et la vie,
Préparons nos chevaux, prenons Marc avec nous.
– Ah non ! répondit Paul en un juste courroux,

Ce frère possédé de paresse accomplie
S’est détourné de nous depuis la Pamphylie,
Les pieds endoloris d’avoir marché cent pas
Dès le premier effort voit venir le trépas.
Ne nous surchargeons pas d’une telle inconstance
Car notre œuvre requiert de la persévérance. »
Et Barnabas déçu, vexé, désappointé
Avait avec son maître âprement disputé,
Nos deux amis fâchés alors se séparèrent.
Pour Marc et Barnabas la voile missionnaire
En terre chypriote les conduisit, hélas !
Repartant pour l’Asie Paul emmène Silas.

Timothée

Actes 16.1/5

Ils rencontrent à Lystre un certain Timothée,
Serviteur de Jésus, de bonne renommée.
Paul voulut l’emmener et, l’ayant circoncis,
Il en fit un disciple, en voyage il le prit.

Troas

Actes 16.6/12

Empêchés par l’Esprit de prêcher en Asie,
Ils marchèrent ensemble à travers la Mysie,
Empêchés de mener à terme leur mission
Quand un Grec, à Troas, leur vint en vision.
Notre peuple est perdu, Seigneur quelle détresse !
Gagne la Macédoine, où le salut nous presse,
Ne perds pas un instant, quitte ta couche et va.
Fort de l’appel divin, l’apôtre se leva.
Ses compagnons de marche aussitôt le suivirent
Et pour la Macédoine trouvèrent un navire.

Philippes

Actes 16.13/40

Parvenus à Philippes un matin de sabbat,
Aux faubourgs de la ville ils guidèrent leurs pas.
Espérant y trouver un lieu pour la prière,
Ils croisèrent Lydie au bord de la rivière.
Auprès de ses compagnes assises au lavoir,
Elles écoutaient Paul, avide de savoir.
La marchande de pourpre, venue de Thyatire
Entendit son appel et, sans rien contredire,
Elle accepta de Christ le plus glorieux don :
De l’âme le salut, du péché le pardon.
Frères, sœurs et cousins, oncles et père et mère,
On baptisa ce jour une famille entière.
Aux étrangers qui l’ont conduite vers la foi
Lydie offrit son pain, son couvert et son toit.
Alors qu’ils cheminaient de par les rues tranquilles,
Une fille suivait les apôtres en ville,
Sevante pythonisse criant à pleine voix :
« Ces hommes vous enseignent la divine loi. »
Écoutez, disait-on, comme elle prophétise !
Quels oracles divins ! Quelle parole exquise !
Elle criait : « Ceux-ci annoncent le salut
Et l’éternelle vie à ceux qui auront cru. »
Paul en ayant assez, lui dit : « Esprit rebelle,
J’ordonne au nom de Christ de te retirer d’elle. »
La jeune femme était libérée du démon ;
Voilà qui déplut fort aux cupides patrons
Qui perdaient en un jour les gains de leur servante.
Ayant ravi le juge de quelque paragante,
Traînèrent nos amis devant les magistrats
Disant : « Ces juifs maudits, ces brigands, ces malfrats
Annoncent des coutumes, et devant tous les hommes,
Qui ne sont pas permises aux citoyens de Rome. »
Et leur ayant donné la verge et le bâton,
On les précipita dans la sombre prison,
Les pieds et mains ferrés dans le cachot humide,
Livrés seuls, enchaînés sur la pierre putride.
« Ce sont des criminels, a-t-on dit au geôlier,
Gardez-vous bien, surtout, de les faire évader. »
Dans les obscurs celliers les plaintes retentirent,
On entendait jurer, blasphémer et maudire,
Les chaines des captifs se heurtaient à grand bruit.
Les chrétiens entonnaient au milieu de la nuit.
Divines harmonies et mélodies étranges !
Est-ce en une prison qu’on chante des louanges ?
Mais le sol tout à coup s’est mis à chanceler,
Les grilles et les murs en vinrent à trembler.
Les liens des prisonniers se rompent et se brisent,
Le gardien assoupi se réveille en surprise
Voit les portes ouvertes et les murs abattus,
Cède à son désespoir et, se trouvant perdu,
Craignant le châtiment et servant sa détresse
Dégaine son épée, sur sa gorge la presse,
Quand soudain retentit une voix de stentor :
C’est Paul qui crie : « Ami, ne te fais point de tort,
Nous sommes tous ici, chacun à notre place.
Tu vois l’œuvre divine, accepte donc sa grâce. »
Ayant pris des soldats équipés de flambeaux,
Le gardien pénétra dans l’ignoble tombeau,
Et, saisi de terreur, il tombe sur sa face :
« Hélas ! pour mon salut que faut-il que je fasse ?
− Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé,
De toute iniquité ton cœur sera lavé. »
Avait-on jamais vu, de romaine mémoire,
Geôliers et captifs manger ensemble et boire ?
Sitôt que le gardien fut évangélisé,
Ainsi que sa famille il se fit baptiser.

Voici donc Paul et Silas libérés ! Toutefois, Paul se plaint en haut lieu, car en tant que citoyens Romains, on n’avait pas le droit de les flageller publiquement. Effrayés, les prêteurs leur demandent de quitter rapidement la ville. Ils se retrouvent une dernière fois chez Lydie, où ils exhortent l’assemblée, puis se dirigent vers Thessalonique.

Thessalonique

Actes 17.1/9

Paul enseignait les juifs dedans Thessalonique,
À leurs objections possédait la réplique :
Il leur disait que Christ devait beaucoup souffrir,
Déchiré par le fouet, sur une croix mourir,
Mais depuis le tombeau Jésus allait renaître
Et pour sauver le monde il devait apparaître.
Quelques juifs seulement reçurent le salut
Tandis que chez les Grecs au nombre des élus
Se joignit une foule, par la grâce saisie.
Les pharisiens comblés d’ignoble jalousie,
L’âme aux sanglants desseins remplie d’inimitié,
Lâchèrent sur la place leur meute d’émeutiers,
Chez son hôte Jason l’apôtre en vain cherchèrent,
Déversèrent sur lui leur ardente colère.
« Ces hommes, disent-ils, incitent la fureur
Complotent en secret contre notre empereur,
Avec une arrogance à nulle autre égalée
Veulent proclamer roi Jésus de Galilée. »
On mit Paul et Sylvain derechef en prison
Qui pour leur liberté payèrent la rançon.

Bérée

Actes 17.10/14

Voyageant de nouveau, prêchant de ville en ville,
Trouvèrent à Bérée des hommes plus dociles,
Au temple rassemblés, ces fidèles Hébreux
Reçurent avec joie la parole de Dieu,
C’étaient des hommes vrais, c’étaient des hommes sages,
D’une oreille attentive écoutant le message,
Examinant chez eux les rouleaux inspirés
Car le divin Esprit les avait éclairés.
Soucieux de servir avec exactitude,
De la Bible avec soin entretenaient l’étude.
Les Béréens avaient trouvé la vérité
Qu’ils proclamaient, saisis de sainte autorité.
Mais des juifs animés de sentiments iniques,
Venus d’Amphipolis et de Thessalonique
Vinrent semer le trouble et la foule agiter.
Paul alors dut s’enfuir et la ville quitter.

Athènes

Actes 17.15/33

Dans l’attique cité juchée sur l’Acropole,
Notre apôtre irrité au milieu des idoles,
Face au bronze insolent n’y pouvant plus tenir
Avec les citoyens voulait s’entretenir.
Il retenait les uns sur la place publique,
Pour les libres penseurs il avait la réplique.
Disciples de Socrate, maîtres épicuriens
Qui ne s’avouaient pas philosophes de rien,
Serviteurs de Moïse et de sa loi sévère,
Étrangers craignant Dieu d’une crainte sincère,
S’interrogeaient : « Quel est donc ce vain discoureur ?
Disaient certains, veut-il nous guider en erreur ? »
Les autres écoutant annoncer l’Évangile :
« Quels sont ces dieux nouveaux qu’on prêche en notre ville,
Nous en avons ici bien assez sous les cieux ! »
Mais, pressés de savoir, ces Grecs si curieux,
Ravis de découvrir cette science en partage
Menèrent l’orateur jusqu’à l’Aréopage.
Et, debout sur la place, entouré de païens,
L’apôtre leur fit face et leur dit : « Athéniens,
Pour la religion vous montrez un grand zèle,
Car ayant parcouru votre ville si belle
J’ai trouvé un autel à un dieu inconnu.
C’est pour vous l’annoncer qu’ici je suis venu.
Ce Dieu qui construisit les cieux comme la terre
Ne saurait demeurer dans un temple de pierre,
Ne peut être servi par de mortelles mains
Car il n’a point de compte à rendre au genre humain.
Il nous accorde à tous le souffle de la vie,
Sa divine pensée n’est jamais asservie.
Ce Dieu rempli d’amour, il n’est rien d’étonnant,
A voulu que chacun le cherche en tâtonnant
C’est ainsi que l’a dit quelqu’un de vos poètes :
“Nous sommes de sa race”, ainsi, tels que vous êtes,
Vos dieux d’or et d’argent renoncez à servir
Car il presse vos cœurs vers un doux repentir.
Il a fixé le jour où selon sa justice
Il jugera le monde entier sans artifice
Par l’homme désigné, le Christ ressuscité… »
À l’ouïe de ce mot l’auditoire irrité
Ne veut plus rien entendre. Aux basses moqueries
Se mêle le sarcasme et la badinerie :
« Ton discours, mon ami, nous a remplis de foi,
Nous viendrons t’écouter, sans doute, une autre fois. »
Paul, de leur compagnie, fort déçu se retire.
Denis et Damaris néanmoins le suivirent.

Corinthe

Actes 18.1/17

En ce temps régnait Claude, le fameux empereur
Qui de bons champignons vivait en connaisseur
On le nommait divin bien qu’il ne fut qu’un homme,
Il n’aimait pas les juifs et les chassa de Rome.
Paul de Tarse à Corinthe venait de débarquer,
Un modeste atelier fut de lui remarqué.
C’est ici qu’Aquilas et sa femme Priscile
De pavillons de toile alimentent la ville.
Il entra, de leur art parlait avec passion
Car ils avaient tous trois la même profession.
Juifs exilés, bannis par la haine impériale
Le couple avait dû fuir la noble capitale.
Il offrit à l’apôtre et l’ouvrage et le toit.
Paul à chaque sabbat communiquait sa foi.
Les enfants d’Abraham ne sont par des plus sages,
Répondent par l’injure au glorieux message.
Et Paul de la poussière sa cape secouant
Quitte leur compagnie, s’écrie : « Dès maintenant
J’irai vers les païens annoncer la Nouvelle
Et tombe votre sang sur vos têtes rebelles. »
Il parvint chez Justus, un homme craignant Dieu
Et rassembla chez lui des serviteurs pieux.
Mais le rabbin Crispus, par la divine grâce
Acceptant le pardon s’abattit sur sa face ;
Et plusieurs Corinthiens par le Sauveur brisés
Saisirent le salut et furent baptisés.
« Paul, ne te lasse pas et prêche ma parole,
Ne te tais point, mais parle à ce troupeau frivole,
Car j’ai dans cette ville un peuple fort nombreux,
Dis-leur que je les aime et ne sois point peureux.
Annonce les apôtres, annonce les prophètes,
Je te tiens à l’abri des vents et des tempêtes. »
Ainsi parla Jésus dans une vision,
L’exhortant à servir en cette nation.
Plus d’un an et demi résidant à Corinthe,
Marquant de l’Évangile une profonde empreinte,
Paul construisait l’église et la fortifiait
Car les dieux de néant toujours il défiait.
Gallion en ce temps-là gouvernait la province
Et sur ses habitants aussi régnait en prince.
Face au succès de Paul les juifs exaspérés
Crièrent contre lui et s’en sont emparé.
Au tribunal, Gaillon dit aux israélites :
« Ma foi, votre requête est par trop insolite.
Sur la loi des Hébreux me voulez arbitrer !
En raison des pouvoirs qui me sont conférés
Je ne puis rien juger que sur la loi romaine
Et de vos différends ne me mets point en peine.
Je n’ai que faire ici d’avocats, de témoins
Car toutes vos affaires ne me concernent point. »
Au pied du tribunal ces juifs pleins de colère,
Contre leur propre chef aussitôt se vengèrent,
Sosthène fut battu dans leur rébellion
Devant l’indifférence ignoble de Gallion.

 

Troisième transition

Paul et ses compagnons restèrent un certain temps à Corinthe. Puis ils s’embarquent pour Éphèse où il prêche aux juifs de la synagogue. Il décline leur invitation à demeurer dans leur ville et s’embarque pour Césarée. Après un court séjour à Jérusalem, il rentre à Antioche.

Pas pour longtemps, puisqu’il reprend bientôt la route à travers l’actuelle Turquie, jusqu’à Éphèse.

 

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