40. Dieu serait-il xénophobe ?

Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers d ans le pays d’Égypte.

Exode 22.21

Tu n’opprimeras point l’étranger ; vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.

Exode 23.9

J’aimerais vous parler de xénophobie et vous inviter à rechercher, à travers la Bible, l’opinion de Dieu sur la question.

La xénophobie n’est-elle pas synonyme de racisme ? Si un blanc n’aime pas les noirs, c’est un raciste, mais l’inverse est également vrai. Xénophobie vient de deux mots grecs qui signifient haine, ou peur, de l’étranger.

Je ne puis m’empêcher de penser à cette réplique ironique de Fernand Raynaud :

« Moi, je n’aime pas les étrangers, ils viennent manger le pain des Français ч. »

Et il ajoute :

« Parce que moi je suis français, et je suis fier d’être français ; mon nom, c’est Koulastacienski du côté de ma mère, et Piazzano-Vanditti du côté d’un copain à mon père ч. »

Il existe une forme primaire de xénophobie :

Ces gens-là, ils viennent manger notre pain. S’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à rentrer chez eux. Ce n’est pas nous qui les avons invités…

Cette xénophobie peut venir de préjugés d’ordre culturel. Combien j’ai entendu de sottises sur la cuisine asiatique !

Comment ? Tu vas manger au Palais du dragon ? Tu ne sais pas qu’on y sert du rat farci aux tripes de varan et à la peau de lézard ?

Eh oui ! Certains en sont encore à ce stade-là ! Ce que je reproche justement à cette cuisine, c’est de s’être un peu trop européanisée. Un restaurant qui propose des frites à la place du chop suey, ce n’est pas un restaurant asiatique, même s’il y a des poissons rouges à l’entrée.

Elle s’est aggravée par des préjugés d’ordre économique et social :

« On ne peut pas porter toute la misère du monde, on a assez de la nôtre ! Quant à ceux qui fuient la guerre, la faim, la persécution, ils n’ont qu’à se débrouiller ! »

C’est vrai. On ne peut pas porter toute la misère du monde, et d’ailleurs, comme disait Coluche :

« La misère, c’est beau, surtout quand c’est bien fait… pour eux. » Point d’ironie ч.

On ne peut pas porter toute la misère du monde, mais on peut tout de même en soulager une partie.

D’ailleurs, personne n’est xénophobe tant que l’on n’est pas concerné :

« Vous n’êtes pas xénophobe, vous, Monsieur Durand ?

– Bien sûr que non !

– Et si votre fille voulait épouser un Algérien ?

– Alors là ! Pas question ! »

Et cette chanson de Pierre Perret me revient en mémoire :

« On n’est pas raciste pour deux sous
Mais on ne veut pas de ça chez nous. »
Quatrième point d’ironie ч.

Voilà ce qu’en pensent les hommes. Intéressons-nous plutôt à la pensée de Dieu.

Cette question peut sembler saugrenue : Dieu est-il xénophobe ? Est-ce que Dieu n’aime pas les étrangers ?

Et d’abord : Dieu a-t-il une nationalité ? Est-il français, italien, belge, allemand, russe ou américain ?

Évidemment non. Mais d’aucuns diront :

« D’accord, Dieu n’est ni français, ni chinois, ni portugais. Il est juif. »

Mais ce n’est pas ce que dit la Bible. Il est toujours facile d’appuyer son raisonnement sur des textes extraits de leur contexte. Pour affirmer que Dieu n’aime pas les étrangers, nous trouvons, notamment dans le livre des Proverbes, quelques morceaux de choix :

Et pourquoi, mon fils, serais–tu épris d’une étrangère, Et embrasserais–tu le sein d’une inconnue ?

Proverbes 5.20

Comment devons-nous comprendre ce texte brut de fonderie ? Cela paraît clair.

Avec un autre texte des Proverbes, le Seigneur semble aggraver son cas :

Car les lèvres de l’étrangère distillent le miel, Et son palais est plus doux que l’huile ; Mais à la fin elle est amère comme l’absinthe, Aiguë comme un glaive à deux tranchants. Ses pieds descendent vers la mort, Ses pas atteignent le séjour des morts. Afin de ne pas considérer le chemin de la vie, Elle est errante dans ses voies, elle ne sait où elle va.

Proverbes 5.3/6

Non content de ne pas aimer les étrangers, il serait donc misogyne par surcroît. Alors, vous pensez bien : les femmes étrangères…

Venons-en maintenant au contexte. Qui a écrit ces versets ? – C’est Salomon.

Certains théologiens qui n’osent pas se mouiller trouveront des explications telles que : ce texte n’est pas inspiré, ou bien il existe plusieurs niveaux d’inspiration, où encore, le Saint-Esprit accorde l’inspiration aux auteurs sacrés, mais il leur laisse suffisamment de liberté pour qu’ils puissent dire des carabistouilles de temps en temps… Je crois pour ma part que toute la Bible est inspirée, inerrante, y compris les passages qui m’embarrassent ou que je ne comprends pas.

Ce qui est extraordinaire, c’est que le Saint-Esprit ait poussé Salomon à écrire le contraire de ce qu’il a vécu. Il a tout de même eu trois cents épouses et sept cents petites amies, la plupart étant égyptiennes, mésopotamiennes, hittites…

D’aucuns me diront que je suis en train d’accuser Dieu d’avoir fait écrire dans sa parole des choses qui n’auraient jamais dû y être. Qu’on se rassure : je n’ai pas l’habitude d’accuser Dieu, mais s’il est accusé, il a le droit de se défendre. Et voici son explication :

Garde-toi de faire alliance avec les habitants du pays, de peur que, se prostituant à leurs dieux et leur offrant des sacrifices, ils ne t’invitent, et que tu ne manges de leurs victimes ; de peur que tu ne prennes de leurs filles pour tes fils, et que leurs filles, se prostituant à leurs dieux, n’entraînent tes fils à se prostituer à leurs dieux.

Exode 34.15/16

Finalement, ce n’est pas aux nations que Dieu s’en prend, mais à son propre peuple, les Israélites, parce qu’il les connaît comme s’il les avait faits. Il sait très bien ce qui va se produire si son peuple se mêle, par des alliances, à des foules qui adorent les idoles. Le peuple de Dieu devrait, suivant toute logique, influencer les païens pour qu’ils se tournent vers le Créateur, mais c’est le contraire qui va se passer.

Dans nos églises locales, et je ne crois pas que la nôtre soit une exception, nous avons des enfants à l’école du dimanche, mais nous n’avons pas de jeunes. Logiquement, les enfants, en grandissant, devraient alimenter le groupe de jeunesse, mais ils ont disparu dans la nature. Nos enfants, qui ont été instruits selon les Évangiles, devraient parler de ce qu’ils ont entendu à leurs copains et leurs copines et les inviter à l’église. Malheureusement, quand les enfants de chrétiens deviennent adolescents, ce sont généralement leurs copains et copines qui les entraînent dans le monde et ils abandonnent leur foi naissante. Salomon avait été averti que ses « copines » allaient le détourner de la foi, mais cet avertissement ne l’a pas empêché de tomber dans le piège.

Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères, outre la fille de Pharaon : des Moabites, des Ammonites, des Édomites, des Sidoniennes, des Héthiennes.

Et il fit ainsi pour toutes ses femmes étrangères, qui offraient des parfums et des sacrifices à leurs dieux.

1 Rois 11.1,8

Cette interdiction nous concerne-t-elle, nous les chrétiens qui ne somme plus sous la loi, mais sous la grâce ? Au risque de surprendre, je répondrai oui. Cette règle nous interpelle, mais pas de la même manière. Il est évident qu’un chrétien peut épouser une femme de n’importe quelle ethnie, et de n’importe quelle nationalité. Le fond du problème, c’est l’alliance du sacré et du profane. Il ne nous est pas interdit d’avoir des amis inconvertis ; si c’était le cas, nous ne pourrions pas leur témoigner de notre foi, mais lorsqu’il s’agit d’alliances pérennes, la parole divine est formelle :

Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ?

2 Corinthiens 6.14/15

Quelqu’un m’a dit un jour : oui, mais tout ça, c’est du pipeau. Moi je connais un gars qui s’est marié avec une inconvertie, il l’a gagnée au Seigneur, elle s’est fait baptiser et tout marche très bien.

En aucun cas, une expérience personnelle ne peut se substituer à la parole de Dieu. Si l’affaire a bien tourné pour ce frère, tant mieux pour lui. Mais quand le Seigneur nous donne cet avertissement, il sait de quoi il parle. Combien de jeunes gens s’y sont laissé prendre ? Je me souviens d’une brave fille qui s’est mariée très jeune. Le fiancé lui disant : « Mais oui, ma chérie, tu pourras continuer à aller dans ton église, même à la mosquée, même à la synagogue si cela te fait plaisir. Je suis quelqu’un de tolérant ». Une fois le mariage prononcé, c’était une autre chanson : « À présent, c’est moi qui commande et je t’interdis de remettre les pieds dans ta secte ».

Et voilà ! Il n’y a pas qu’aux filles que cela arrive.

Pourquoi Salomon, inspiré par l’Esprit saint semble s’en prendre plus particulièrement aux femmes, comme si elles étaient plus coupables que les hommes dans ce genre de situation ?

Il faut savoir qu’en ce temps-là, les femmes israélites, à quelques exceptions près, étaient en théorie des femmes pieuses, craignant l’Éternel, et ne pouvaient influencer leur mari que dans le sens de la piété. Quand un homme avait envie de pécher auprès d’une prostituée, il allait le plus souvent vers une païenne, donc une étrangère, Édomites, Moabite, etc., qui n’avait pas la crainte de Dieu. Dans le culte de ces peuples, on adorait une certaine déesse Ashéra, ou Astarté, déesse de la fécondité. Il n’y a pas que les Pokémon qui évoluent, les dieux antiques évoluent également, et cette Astaré a donc évolué en Aphrodite pour les Grecs et Vénus pour les Romains. En adorant cette divinité, on ne se contentait pas de brûler de l’encens et de réciter des prières, on se livrait sans vergogne à toute sorte de débauches d’ordre sexuel.

Ayant répondu à cette première question, venons-en à la seconde :

Et nous, devons-nous aimer les étrangers ?

Si nous ne sommes pas encore certains d’avoir compris l’amour de Dieu, lisons ce texte :

Car l’Éternel, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, fort et terrible, qui ne fait point acception des personnes et qui ne reçoit point de présent, qui fait droit à l’orphelin et à la veuve, qui aime l’étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements.

Deutéronome 10.17/18

Avez-vous remarqué que, dans la Torah, l’étranger est souvent associé à la veuve et à l’orphelin, c’est-à-dire qu’il est considéré, dans le contexte social de cette époque, comme une personne vulnérable ? Et s’il est vulnérable, Dieu s’intéresse à lui et l’aime d’une façon particulière. Pourquoi ne devrions-nous pas aimer des gens qu’il aime de la même manière que nous ?

Vous aimerez l’étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.

Deutéronome 10.19

Vous traiterez l’étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous ; vous l’aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte. Je suis l’Éternel, votre Dieu.

Lévitique 19.34

Je rappelle au passage que le mot « indigène » n’est pas synonyme de « cannibale », il signifie : une personne qui habite le pays dont elle est originaire.

Mais si la parole de Dieu met ses enfants en garde contre les peuples idolâtres, ce n’est pas contre ces peuples qu’il s’élève, mais contre leurs pratiques, et s’il n’aimait pas les impies, il n’aurait pas donné son Fils pour eux. N’oublions pas que nous sommes, nous aussi, des étrangers qui avons adoré de faux dieux.

Le Seigneur ne nous a jamais demandé de rejeter les infidèles, il nous a interdit de nous mêler à leur infidélité. Il nous demande de les aimer sans compromission. Aimons donc les catholiques, les musulmans, les athées, les francs-maçons, tout en refusant de nous complaire en leurs doctrines et leurs pratiques.

Tu n’auras point en abomination l’Edomite, car il est ton frère ; tu n’auras point en abomination l’Égyptien, car tu as été étranger dans son pays.

Deutéronome 23.7

Apprenons à les traiter de la même façon que nous traiterions la veuve et l’orphelin : comme des personnes faibles et, bien entendu, ne les maltraitons pas.

Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.

Exode 22.21

Si les Hébreux ont été étrangers en Égypte, ils n’y ont pas été bien traités. Ils y ont subi l’esclavage, les privations et les coups de fouet. Les Hébreux, maintenant qu’ils sont chez eux, devraient-ils, à leur tour traiter les étrangers comme des esclaves – à plus forte raison s’il y a des Égyptiens parmi eux – ?

Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l’opprimerez point.

Lévitique 19.33

Nous reconnaissons bien le langage et les exhortations de Jésus :

Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même ?

Matthieu 5.43/47

Les Égyptiens verront la différence !

Au temps où la Russie s’appelait l’URSS, les gardiens de prison pouvaient observer le comportement des chrétiens en captivité. Ceux-ci répondaient à la brutalité par l’amour et beaucoup de ces fonctionnaires se tournaient vers Jésus-Christ.

Tu ne porteras point atteinte au droit de l’étranger et de l’orphelin, et tu ne prendras point en gage le vêtement de la veuve.

Deutéronome 24.17

J’ai connu des milieux chrétiens où l’on se vantait d’être très spirituels, alors, on ne s’intéressait qu’à la spiritualité, on priait avec les mains en l’air, on avait les pieds qui ne touchaient pas le sol, et surtout, on se désintéressait des choses matérielles. On avait même tendance à dénigrer des mouvements chrétiens qui, comme l’Armée de Salut, distribuaient la soupe aux nécessiteux.

« Ce n’est pas spirituel, disait-on. C’est le travail du Secours Catholique ou des Restaurants du Cœur. Nous, ce n’est pas la soupe que nous distribuons, c’est la Parole de Dieu. »

Il y avait bien quelques églises qui faisaient un peu de social, mais ils n’osaient pas trop le montrer.

Il me semble que, fort heureusement, les mentalités ont évolué. Je me souviens du témoignage d’un vieux missionnaire qui avait près de quatre-vingt-dix ans quand mon épouse et moi l’avons rencontré, et qui était toujours en service, alors que nous étions jeunes mariés. Un jour, quand il était encore jeune, il participait à une mission d’évangélisation et il a donné un traité à un quidam, lui prêchant, par la même occasion, un beau petit sermon sur le salut, mais celui-ci lui a répondu, montrant son ventre : « Oui, mais là-dedans, c’est creux ».

Ce frère s’en est trouvé interpellé, il a fondé, au sein de son mouvement évangélique une association qu’il a appelée Action sociale en Mission. Les autres pasteurs se sont moqués de lui. L’avenir a pourtant prouvé que c’est lui qui avait raison. Il distribuait le pain du corps avec le Pain de Vie.

Si ton frère devient pauvre, et que sa main fléchisse près de toi, tu le soutiendras ; tu feras de même pour celui qui est étranger et qui demeure dans le pays, afin qu’il vive avec toi.

Lévitique 25.35

Qui a dit que les églises ne devaient pas faire de social ? N’est-il pas triste de penser que certaines églises dépensent de milliers, que dis-je ? parfois des centaines de milliers d’euros pour avoir des salles de culte qui ressemblent à des plateaux de télévision, mais qui crachent une cacahuète ou deux quand il s’agit de soutenir les missions.

Lorsque nous étions dans une petite église d’Eure-et-Loir, nous avions accueilli un frère qui venait du Nigéria, fuyant la persécution. C’était un sans-papiers. Nous étions sous la présidence de Sarkozy, qui promettait à chacun une France propre et caucasienne. Il n’était donc pas facile, pour un Africain, d’acquérir le droit de vivre dans notre pays. Il l’a acquis, finalement, au prix de beaucoup de peines. Il lui a fallu l’aide de notre église, qui comptait à peine une vingtaine de membres et dont les offrandes n’étaient pas faramineuses, mais chacun avait à cœur de le soutenir, et nous l’avons secouru selon nos moyens. Il devait, notamment, passer une visite médicale pour prouver qu’il avait subi des maltraitances corporelles. Cinq cents euros pour montrer ses cicatrices à un médecin ! Fort heureusement, le Seigneur nous a aidés à rassembler la somme en question.

Lisons encore :

Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus vers moi. Les justes lui répondront : Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ; ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Quand t’avons-nous vu étranger, et t’avons-nous recueilli ; ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Quand t’avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi ? Et le roi leur répondra : Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites.

Matthieu 25.31/40

Il est vrai que, dans son contexte immédiat, cette parole de Jésus concerne l’attitude des nations vis-à-vis d’Israël : le bien que l’on a fait à Son peuple, c’est à Jésus qu’on l’a fait, et le mal qu’on a fait à Son peuple, c’est à Jésus qu’on l’a fait. Mais je ne crois pas trahir la pensée divine en la transposant dans le cadre de notre relation personnelle avec Jésus : Jésus était étranger, et les justes l’ont recueilli. Jésus était étranger, et les injustes ne l’ont pas recueilli.

Enfin, n’oublions pas que nous sommes nous-mêmes des étrangers. Relisons Exode 23.9 :

Tu n’opprimeras point l’étranger ; vous savez ce qu’éprouve l’étranger, car vous avez été étrangers dans le pays d’Égypte.

Et nous qui sommes des enfants de Dieu, ne sommes-nous pas les mieux placés pour savoir ce que c’est qu’être étranger, puisque nous-mêmes, nous sommes étrangers au pays de Babylone ? Babylone a été détruite, me direz-vous, Saddam Hussein a bien tenté de la reconstruire, mais il n’a pas eu le temps d’achever. Mais lorsque nous parlons de Babylone, nous ne devons pas seulement penser à cette grande ville bâtie sur l’Euphrate ; Babylone, c’est avant tout un symbole du monde, avec ses idoles, avec ses mœurs dévoyées, avec son rejet de l’autorité divine. Nous sommes des étrangers :

Je suis un étranger sur la terre : Ne me cache pas tes commandements !

Psaume119.19

Je ne suis pas étranger seulement quand je vais en Belgique, beaucoup, dans notre église, sont d’origine italienne, mais ils ne sont pas étrangers en France ; nous sommes tous étrangers sur la terre. Est-ce grave ? On ne peut même pas nous dire : « Retourne dans ton pays ! » Nous n’avons même pas de pays, où plus exactement, nous en avons un, mais nous ne pouvons pas y aller.

J’aime mon pays, la France, je trouve que notre planète n’est pas si moche que cela. C’est tout de même dommage que les hommes soient en train de la saccager. Je trouve que dans nos villes, il y a de belles choses à voir, des châteaux, des musées, des églises, des jardins, de belles avenues ; notre planète est belle. Il y a des montagnes, des forêts, des lacs et des mers. Oui, elle est belle, notre planète, mais nous n’y sommes pas chez nous.

Si nous nous sentons à l’aise dans le monde, c’est que nous avons un problème dans notre relation avec Christ. Oui, Paris, les Champs-Elysées, c’est beau. Mais le Saint-Esprit nous dit : c’est peut-être beau, mais tu n’es pas chez toi. Tu n’es qu’un étranger.

Nous nous sentons mal à l’aise dans cette société du plaisir. Tout le monde a le droit de se divertir, mais une société qui, comme la nôtre, fait du divertissement sa priorité, est une société moribonde. Dans cette société-là, nous nous sentons mal à l’aise parce que nous ne sommes pas à notre place.

Bien que nous soyons des étrangers sur cette terre, nous n’y sommes pas des sans-papiers. Nous avons le droit d’y habiter et d’y travailler. On nous y tolère plus ou moins, mais pas dans tous les pays. En France, nous sommes acceptés tant que nous n’offensons pas les pontifes de la déesse Laïcité – car la laïcité est une religion –. La laïcité est d’ailleurs une grande idée, mais comme toutes les grandes idées, y compris le christianisme, elle a été corrompue par la bêtise des politiciens. Sur cette terre, nous avons donc une carte de séjour, mais nous n’avons pas de carte d’identité. Une carte d’identité ferait de nous des citoyens à part entière du royaume de Babylone. Nous sommes des résidents tolérés, mais pas forcément bienvenus. Cependant, nous avons une carte d’identité, non pour le royaume de Babylone, mais pour le royaume céleste. Dans ce royaume-là, nous ne serons plus des étrangers, mais des citoyens à part entière.

Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit.

Éphésiens 2.19/22

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